Au CADTM, on sait trop bien ce que c’est d’être flippéE, voire découragéE, par toutes ces questions sur lesquelles on sèche. Du coup, inspiréEs par nos meilleurEs piqueurs et piqueuses (notre famille, nos potes, le pizzaiolo d’en face, les gens que l’on rencontre en animation), le CADTM Liège a organisé plusieurs sessions d’élaborations collectives d’éléments de réponse à ces piques (qu’elles soient d’ordre technique ou plus « politique »).
Ce travail a engendré une brochure que vous pouvez retrouver en entier ici.
La dette est la première dépense de l’État (20 % du budget annuel). Il s’agit aujourd’hui de plus ou moins 13 milliards € d’intérêts et de 32 de capital.
Les dépenses publiques sont restées stables depuis plus de 30 ans (+- 45 % du PIB). D’où vient alors cette dette ?
Sauvetages bancaires
Depuis 2008, la collectivité a injecté plus de 33 milliards € dans Fortis, Dexia, KBC et Ethias. Seule la moitié a été récupérée (et c’est sans compter les intérêts payés par l’État belge sur cet emprunt forcé). Ce coût était, d’après les dires de la Commission européenne elle-même, trop élevé par rapport aux valeurs du marché.
L’État n’a pas utilisé ces sauvetages pour changer les règles de fonctionnement de ces banques. Une nouvelle crise est donc à prévoir.
Depuis la crise provoquée par les banques, la dette publique belge est passée de 84 % du PIB (soit 285 milliards €) en 2007 à 107 % en 2015 (soit 417 milliards €).
Injustice fiscale
Une autre grande cause de l’endettement en Belgique est la diminution des impôts sur les plus grosses entreprises et les ménages les plus riches. Les premiers sont passés de 48 % dans les années 1980 à 33,99 % aujourd’hui (il s’agit du taux officiel, le taux réel est de 12,5 % - et de 7,9 % pour les 1.000 plus grosses entreprises [1]). Les seconds sont passés de plus de 70 % à 50 % aujourd’hui.
Le SPF-Finances estime que, en 2011, l’État a perdu pour 61 milliards € en exonérations et autres réductions fiscales.
C’est bien sûr sans prendre en compte l’évasion fiscale illégale (évaluée entre 20 et 45 milliards par an).
Taux d’intérêts
La Belgique ne peut pas se financer auprès de sa banque centrale (BNB) ou de la BCE. Cette dernière prête aux banques privées à du 0,05 % qui prêtent à leur tour aux États à du 2..5..7 % et plus.
Dans les années 1980, la Belgique a payé des taux usuriers allant jusqu’à 14 %. Depuis 20 ans elle a dépensé plus de 250 milliards € en seuls intérêts.
Remarques
Les dépenses en chômage représentent 3 % du budget annuel (soit 7 milliards €). La réforme chômage du gouvernement Di Rupo est censée rapporter 20 millions € (soit mille fois moins que les impôts non-payés légalement par les entreprises chaque année).
Les 400 millions € libérés par le gouvernement Michel pour (soi-disant) lutter contre le terrorisme aurait pu être utilisés pour augmenter de 50 % les revenus des personnes dépendantes du CPAS.
Le quintile le plus riche de la population concentre plus de 60 % du patrimoine national, alors que le quintile le plus pauvre s’en partage 0,20 %.
90 % de la dette belge est détenue par des institutions financières (et non par des petits particuliers comme le prétendent certains).
L’État est actionnaire à 100 % de Belfius mais n’en fait rien.
La dette des pays du Sud envers la Belgique ne représente que 0,5 % de son PIB annuel (soit 2 milliards €). Le Sénat avait appelé la Belgique à en annuler la part odieuse mais celle-ci n’a toujours rien fait.
Pour aller plus loin :
Lire la série d’articles « La dette illégitime en Belgique » : http://cadtm.org/Serie-Dettes-illegitimes-en,11094
[1] Les 50 sociétés ayant bénéficié des plus grosses déductions fiscales en 2009 ont diminué leurs emplois de 2.504 équivalents temps plein.