par
Collectif féministe
5 mars 2018
“Nous, femmes journalistes de dizaines d’agences de presse et de communications, bureaux de presse et travailleuses, en général, des médias et d’entreprises de presse, nous soutenons la grève générale féministe prévue le 8 mars. Nous exhortons aussi á tous nos collègues femmes à se joindre à la mobilisation dans la mesure de leurs possibilités et circonstances.
Nous subissons le même machisme que les femmes dans le reste des secteurs – la précarité, l’insécurité de l’emploi, l’écart salarial, le plafond invisible, le harcèlement sexuel ou le mépris- mais avec les particularités de notre profession. Nous sommes conscientes de la pertinence sociale de notre travail et, par conséquent, nous exprimons aussi notre vive inquiétude pour la vision partielle de la réalité que les media montrent très souvent, dans laquelle la présence et les contributions des femmes font défaut. Le féminisme est également nécessaire pour améliorer le journalisme.
En conséquence, ce 8 mars, nous exigeons que les médias et les entreprises journalistiques prennent en compte nos demandes :
- L’écart salarial est une réalité dans notre secteur. Nous demandons aux entreprises une transparence salariale et une révision des catégories, des compléments et des critères professionnels qui permettent de mettre fin a cet écart.
- Plafond invisible. Les postes de direction des médias et des entreprises journalistiques sont occupés la majorité par des hommes. Nous revendiquons notre droit d’occuper des postes de pouvoir et de responsabilité et d’être prise en compte dans les promotions professionnelles pour des postes intermédiaires.
- Précarité de l’emploi. Nous avons des niveaux de temporalité plus élevés que nos collègues hommes. De la même manière, nous dénonçons l’instabilité du travail des freelance et des “fausses autonomes”, une situation précaire devenue courante ces dernières années.
- Intendance et soins. Nous dénonçons le fait que la dynamique du travail donne la priorité au présentéisme et à la libre disposition et qu’ elle ne facilite pas les soins qu’ on besoin toutes les personnes. Nous pensons que la coresponsabilité et la flexibilité ne doivent pas être une question de bonne volonté, mais une priorité que les entreprises doivent assumer pour que ces tâches soient partagées équitablement entre les hommes et les femmes. Comme dans d’autres secteurs, l’absence de véritable conciliation nuit aux femmes, qui finissent par modifier ou réduire leur emploi du temps pour pouvoir prendre soin de leur famille, voire abandonner leur emploie ou changer de profession.
- Harcèlement sexuel au travail. Il y a beaucoup de journalistes qui ont souffert des situations de harcèlement sexuel de la part de collègues et de supérieurs, et aussi des sources. D’autre part, le mépris, la condescendance ou le paternalisme sont monnaie courante dans les salles de rédaction et en dehors d’elles, dans notre activité quotidienne. En tant que professionnels de la communication, nous subissons du harcèlement online, ainsi que des commentaires violents et machistes à notre travail.
- Les espaces d’opinions, les talk-shows, sont masculinisés. Il y a suffisamment des femmes journalistes, des femmes expertes, qui peuvent équilibrer ces espaces.
- Regard partiel et préoccupations pour les approches. Toutes ces lacunes subies par les journalistes ont des conséquences, aussi dans le contenu et les approches des médias. La vision de la réalité qu’ils transmettent est souvent partielle et biaisée car elle ne prend pas en compte dans la même mesure les expériences, les histoires et les expériences des femmes qui sont souvent traitées comme des personnages secondaires ou stéréotypés. Un exemple est le traitement de la violence sexiste, qui dans de nombreux cas continue à blâmer la victime. Les premières pages, les médias et les nouvelles sont décidés par les hommes.
Nous appelons au public et aux lecteurs à être complices de nos demandes. Nous, femmes journalistes, signons ce manifeste a titre individuel. Nous ne voulons pas qu’ aucun parti politique, syndicat ou média ne s’appropie nos revendications.”
