Il est de notoriété publique que le Niger a faim. Plusieurs millions de personnes sont menacés par une famine pour laquelle les conditions climatiques ou les invasions de criquets sont loin d’être les seules causes.
A en croire les institutions financières internationales, le Niger est un
élève modèle et docile. Il a atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE (Pays pauvres très endettés) en avril 2004, lui donnant droit
théoriquement à une réduction de dette. Pour cela, le Niger a dû passer toutes les étapes habituelles imposées par le FMI et la Banque mondiale : réduction drastique des budgets sociaux et des subventions aux produits de base ; augmentation de la TVA ; privatisations ; libéralisation commerciale et mise en concurrence déloyale des producteurs locaux avec des sociétés transnationales... Le discours officiel était rassurant : les sommes libérées allaient servir au développement humain.
Les luttes sociales de mars 2005 ont prouvé le contraire. Les conditions de vie des populations continuent de se détériorer. Leur mobilisation a permis de faire reculer le gouvernement dans certains de ses funestes projets : la TVA à 19 % n’a pas été appliquée sur le lait et la farine, l’eau et l’électricité ne sont plus concernées que pour les tranches de consommation les plus fortes.
La logique de l’ajustement structurel, imposée via le mécanisme de la dette, continue de toucher le Niger de plein fouet. Les annonces tonitruantes sur l’allègement de la dette, comme celles de juin 2005 par les dirigeants des pays du G8, n’y changent rien car elles ne touchent pas aux fondements même du modèle économique.
Aujourd’hui, le Niger souffre plus que jamais de la faim et de la dette. A cause de la dette, la plupart des décisions économiques concernant le Niger ne sont plus prises à Niamey et servent les intérêts des grandes puissances du Nord et des potentats locaux. Le rôle de l’Etat a été réduit à la
portion congrue avec la complicité du gouvernement nigérien. L’Etat n’est pas en mesure de garantir le respect des droits humains fondamentaux.
Dans ces conditions, le CADTM exige l’annulation totale et inconditionnelle de la dette extérieure publique du Niger et l’abandon des politiques néolibérales imposées par les créanciers. Les sommes libérées par une telle annulation doivent servir à la réalisation de politiques sociales et
agricoles décidées et contrôlées par les Nigériens au travers de leurs organisations citoyennes. Il faut rappeler fermement que les droits humains fondamentaux sont supérieurs aux droits des créanciers.