Affronter la question des banques et de la finance peut paraître ardu, voire repoussant tant le sujet semble complexe et déconnecté des réalités dont nous faisons l’expérience chaque jour. Pourtant, comme nous le verrons tout au long de ce dossier, s’emparer de la question des banques, dont les agissements ont un impact croissant sur nos existences, s’avère primordial pour un mouvement social soucieux de prendre le mal à la racine.
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Une remarque préalable : dans ce numéro, nous ne parlerons pas des banques centrales ou des banques de développement, de la création monétaire et des institutions financières internationales. Nous n’élaborerons pas non plus de liste des méfaits des banques [1]. L’idée initiale de ce dossier est plutôt de poursuivre l’élaboration d’alternatives radicales en partant du postulat que les banques, telles qu’elles sont aujourd’hui, font peser une charge très lourde sur les États et sur les populations : coût des crises et de l’austérité choisie pour les payer, coût des activités dévastatrices des banques, coût des choix qui nous sont imposés par les financements qu’elles privilégient. Nous nous situons à l’opposé du discours dominant, qui laisse à penser que la fragilité actuelle des banques provient du poids des dettes publiques et qui nous répète à l’envi que les banques privées internationales sont le meilleur modèle que l’on ait inventé.
Les banques, telles qu’elles sont aujourd’hui, font peser une charge très lourde sur les États et les populations
Il faut donc rappeler le degré de responsabilité des banques privées dans le déclenchement de crises financières. Ensuite, l’enjeu est de montrer comment il est possible de lever le voile et d’avoir une prise sur ce monde qui entretient opacité et complexité. Attendre une nouvelle crise pour développer une ébauche des alternatives radicales, vers un monde détaché de l’emprise bancaire et financière, s’avère dangereux et inefficace. C’est dès maintenant qu’il faut la construire, pour donner corps à d’autres voies et motiver l’action.
Quel rôle jouent les banques privées dans l’architecture internationale ? Cette question clé est posée dès le début de ce dossier. En effet, la dérégulation du système bancaire concédée par les États du Nord depuis les années 1970 a donné un pouvoir sans limite aux banques privées.
Ce long processus de déréglementation et de financiarisation de l’économie a directement conduit à la grave crise internationale de 2007-2008. Qu’en est-il depuis 10 ans ? Les très nombreuses dérives ont-elles été sanctionnées ? Les promesses de régulation des banques ont-elles été tenues ?
Si les méfaits des banques nous semblent évidents après coup, rares sont les personnes qui avaient vu venir la crise il y a dix ans. Le rapport d’activité 2007 de Caceis, un des leaders mondiaux dans la gestion d’actifs, dévoile de quelle manière les banquiers baignaient dans un sentiment de toute puissance, de narcissisme et de déni de réalité.
Après avoir exposé dans la première partie les dysfonctionnements des banques et leur logique de court terme poussée jusqu’à l’aveuglement, le deuxième chapitre est consacré aux réflexions pour une transformation radicale des banques et évoquent les premières mobilisations qui posent les jalons d’une pensée et d’une action vers la socialisation du secteur bancaire. Pleinement intégré dans les mouvements sociaux, le CADTM participe activement dans les campagnes contre les privatisations de banques comme « Belfius est à nous » en Belgique et contribue au débat autour des alternatives au système bancaire actuel et du contrôle citoyen sur les banques.
La réponse logique au bilan de la crise est la socialisation du secteur des banques et des assurances
Ces activités ne se limitent pas à revendiquer le maintien des banques dans un système public. Elles peuvent être l’occasion de susciter des discussions qui tendent vers une démarche plus radicale. Dans l’article Que faire des banques ?, les mesures immédiates proposées garantiraient que des crises bancaires systémiques ne se reproduisent plus pour le pays qui appliquerait ces mesures.
En vue d’aller plus loin que les mesures immédiates proposées dans une perspective anticapitaliste et d’émancipation des peuples, nous sommes convaincu-e-s que la réponse logique au bilan de la crise est la socialisation du secteur des banques et des assurances. Le texte de Patrick Saurin, par l’étude vivante de l’histoire bancaire française, fournit une analyse de la nature des débats qui ont eu cours depuis près d’un siècle et dont nous héritons pour en arriver aux réflexions d’aujourd’hui. Il développe pourquoi la socialisation est nécessaire et souhaitable, un projet vital, politique, au-delà d’une visée strictement économique et pour une réelle pratique démocratique.
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[1] Un ouvrage très complet qui traitera de ces questions en plus de nombreuses autres sur les dettes au Sud et les dettes au Nord dans tous leurs travers, paraîtra fin de l’année 2018, une suite du livre 65 questions, 65 réponses sur dette, le FMI et la Banque mondiale