213 pays et territoires frappés par la pandémie de Coronavirus, 4,5 millions de personnes touchées, 300 000 personnes décédées [1]. La crise sanitaire est mondiale. Le système financier capitaliste est au bord de l’implosion depuis plusieurs années déjà. Sans mesures fortes, les conséquences économiques et sociales n’en seront que plus désastreuses pour les pays du Sud Global représentant 84 % de la population mondiale.
En lecture audio | Crise sanitaire et économique : Suspendre, annuler et répudier la dette des pays du Sud Global
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En l’espace d’une décennie, la dette extérieure publique des pays du Sud Global (également appelés « pays en développement ») a plus que doublé. Dans le même temps, le service de la dette, c’est-à-dire les ressources consacrées par les gouvernements à son remboursement, a suivi la même tendance. Hier déjà, et aujourd’hui plus encore, les populations ont besoin quantitativement et qualitativement de services de santé. La réalité est autre. Une majorité de pays de ces régions sont contraints d’allouer davantage de leurs ressources financières au remboursement de la dette qu’en dépenses de santé.
Cette situation désastreuse trouve son essence dans le système capitaliste. Système destructeur et prédateur qui, depuis six siècles, se réinvente pour maintenir et alimenter les asymétries mondiales, entre pays, entre régions, entre classes sociales
Cette situation désastreuse trouve son essence dans le système capitaliste. Système destructeur et prédateur qui, depuis six siècles, se réinvente pour maintenir et alimenter les asymétries mondiales, entre pays, entre régions, entre classes sociales. Système permettant que 8 personnes (des hommes) détiennent autant de richesses que 50 % de la population mondiale. Système protégeant des classes dirigeantes entières corrompues et agissant contre l’intérêt général. Système permettant consciemment de financer des régimes autoritaires pour défendre ou accroître les intérêts géopolitiques des créanciers. Système enfermant les pays du Sud Global dans le piège de la dette. Système permettant qu’une poignée de dirigeants de pays ou d’institutions considérés comme les plus puissants imposent à tou-te-s les politiques économiques et sociales à mener au sein de groupes informels et/ou non démocratiques (G7/8, G20, Club de Paris, Banque mondiale, FMI, Institute of International Finance, OMC, etc.).
Ce système est à bout de souffle. Le réchauffement climatique s’emballe. La pauvreté ne faiblit pas. Les inégalités augmentent. L’effondrement du prix des matières premières et les indécents taux d’intérêts imposés aux pays du Sud sont le résultat des spéculations sans fin des grands argentiers de ce monde. Les timides progrès réalisés, la faiblesse, voire l’absence, de protection sociale et la fuite massive des capitaux résultent de l’application continue de quarante ans de politiques d’ajustement structurel exigées par les institutions financières internationales (IFI).
Pour faire face à la crise, il est urgent d’agir. Les fautes passées ne doivent pas être reproduites. À l’image de l’échec cuisant de l’initiative PPTE lancée en 1996 – trop tardive, trop limitée, sans reconnaissance de la responsabilité des créanciers et bourrée de conditionnalités – il n’y a rien à attendre des dites mesures d’allègement de la dette annoncées ces dernières semaines par les IFI.
Des alternatives existent. Les États ont absolument la possibilité de prendre des mesures unilatérales afin de libérer des ressources financières susceptibles de protéger leur population et d’assurer la satisfaction des droits humains fondamentaux. Le droit international peut être invoqué pour au moins trois arguments : l’état de nécessité, le changement fondamental de circonstances et la force majeure. Par ailleurs, les États sont également en droit de répudier leurs dettes après examen et reconnaissances de celles-ci comme illégitimes et/ou odieuses.
C’est pourquoi, face à l’état d’urgence sanitaire et la crise du système capitaliste, il est nécessaire que :
au Nord et au Sud, les populations :
Les États du Sud Global :
Les Institutions financières internationales, créanciers privés et États du Nord :
[1] D’après les données de Worldometers. Consultées le 14 mai 2020. Disponible à : https://www.worldometers.info/coronavirus/
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