Du 11 au 12 novembre, s’est déroulé le premier Sommet mondial des banques publiques de développement (BPD), rassemblant 450 BPD de pays ou régions du Nord et du Sud, dont l’Agence française de développement (AFD).
Convoquer un tel sommet dans un contexte de crise multidimensionnelle aggravée par la covid-19 semblait louable. Si le Sommet s’est conclu par un engagement solennel des 450 BPD « à soutenir la transformation de l’économie et des sociétés mondiales vers un développement durable et résilient », le bilan de ce grand raout est sans surprise et désespérant. Pouvait-il en être autrement ? Derrière les objectifs affichés, aucune remise en question du système économique actuel ni de ses principaux acteurs alors même qu’ils sont au cœur du problème. Rien sur l’annulation des dettes.
Les BPD ont beau être des banques « publiques », l’essentiel de leur financement est assuré par leurs emprunts sur les marchés financiers et la rentablité de leurs prêts. Le développement auquel elles œuvrent c’est d’abord le leur et celui des multinationales et certainement pas celui des pays dits « en développement ». L’exemple de la France est éloquent. Pour l’AFD, le « développement » rime avec prêts, partenariats publics-privés (PPP), conversions de dette en investissement (C2D) et aide liée via sa filiale privée de financement des projets, Proparco, elle-même financée par des acteurs financiers (BNP, Crédit Agricole, Société générale, Natixis) et entreprises privés (Engie, Bouygues, Bolloré) connus dans le secteur pour leurs investissements dans les énergies fossiles, leurs filiales dans les paradis fiscaux, leur lobbying permanent en faveur des marchés, le mépris des droits humains fondamentaux et la marchandisation du vivant.
La notion de développement qu’elles continuent de porter est celle qui s’est imposée depuis le discours de Truman de 1949, qui ne l’entrevoit que sous l’angle économique et la mise en œuvre de politiques néocoloniales. En confiant la réalisation des ODD à ces acteurs recourant de façon systématique aux financements privés, l’ONU se prive de toute capacité à agir sur la cause principale de la pauvreté, des inégalités, du réchauffement climatique et tant d’autres maux qui minent nos sociétés et notre planète : le système capitaliste.
Parmi les principaux partenaires de ce Sommet : la Fondation Bill & Melinda Gates promouvant l’agriculture industrielle ou la Fondation Ford qui promeut un microcrédit qui n’est rien d’autre qu’une arme de paupérisation massive. Parmi les institutions à la table des discussions, des membres de l’IIF, association de 500 acteurs de la finance, se comportant vis à vis des dettes souveraines des pays du Sud tels des fonds vautours, ou d’autres comme la Banque mondiale, tous deux refusant de concéder la moindre annulation de la dette en réponse à la crise de la covid pour les pays du Sud malgré les nombreux appels de centaines d’organisations de la société civile à travers le monde.
Alors que ce premier Sommet des BPD s’est tenu dans le cadre du déjà décrié « Forum de Paris sur la paix », il est choquant qu’il n’ait pas été question des droits humains. Il est pourtant plus que temps d’affirmer la supériorité des droits humains sur la finance et le commerce, comme le suggère le Conseil des droits de l’homme des Nations unies.
Pour le Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM), le développement rime avec réparations pour les méfaits passés et présents accomplis par les puissances impérialistes, annulation des dettes illégitimes, autodétermination des peuples, rupture avec un système qui encourage la logique d’accumulation capitaliste au détriment des droits humains et de l’écologie, socialisation du secteur financier et des services publics.
C’est pourquoi le CADTM France appelle :
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Paris, le 13 novembre 2020