Nous publions une version écrite du rapport sur la situation internationale présenté lors de réunion du Secrétariat international partagé CADTM international qui s’est tenue le mardi 1er juin 2021.
Au cours des derniers mois, on assiste à un rebond de l’économie mondiale après la récession économique mais cela ne veut pas dire que la hausse de production va rattraper partout la chute du PIB qui a eu lieu entre mars 2020 et mars 2021. La Chine a rebondi beaucoup plus vite et plus tôt que toutes les autres économies notamment parce que l’impact de la pandémie qui a commencé dans ce pays a été jusqu’ici limité. En Chine : les exportations et les investissements internes ont augmenté depuis avril 2020 (le recul ayant eu lieu entre décembre 2019 et mars 2020).
Il y a une injection massive de liquidités et de création monétaire par les banques centrales qui a permis aux bourses de voir leur capitalisation augmenter de manière tout à fait disproportionnée et spéculative. En effets les cours des actions en bourse ont largement dépassé le niveau record de janvier 2020 après avoir connu une chute variant entre 25 % et 45 % selon les cas, en particulier entre la mi-février et la mi-mars 2020 (voir Éric Toussaint « Pour affronter la crise capitaliste multidimensionnelle, il faut exproprier les banquiers et socialiser les banques », https://www.cadtm.org/Pour-affronter-la-crise-capitaliste-multidimensionnelle-il-faut-exproprier-les et https://www.cadtm.org/Covid-19-Les-prochaines-deflagrations-financieres-probables ). Cette augmentation est spéculative, artificielle et dangereuse. Elle augmente la richesse du grand capital et contribue à l’augmentation spectaculaire des inégalités dans le patrimoine et les revenus. Dernièrement, la spéculation qui continue à se porter sur les bourses (donc sur la valeur des actions) s’est étendue aux matières premières.
La hausse des prix des matières premières est certes causée par le redémarrage de la production au niveau mondial mais elle est aussi dopée artificiellement par les énormes liquidités qui sont aux mains des grands groupes financiers et des grandes entreprises capitalistes qui spéculent à la hausse sur les matières premières. Dans le domaine des matières premières, les prix des aliments augmentent également ce qui pourrait créer de nouveaux problèmes graves sous forme d’une nouvelle crise alimentaire pour les secteurs les plus pauvres des populations du Sud.
A noter que la hausse des prix des matières premières et notamment des hydrocarbures améliorent la situation financière des pays exportateurs et réduit leurs difficultés de remboursement de leurs dettes extérieures. En effet leurs revenus en devises (principalement le dollar US) augmentent à nouveau ce qui leur permet de payer leurs dettes vu qu’ils donnent à tort la priorité au remboursement de la dette plutôt qu’à répondre à la crise sanitaire, à la crise écologique et à la crise économique.
La récente augmentation du prix des matières premières modifie en partie ce que Milan Rivié et Éric Toussaint ont décrit dans leur série sur l’évolution de la dette (Version 2.0 de Un nouveau piège de l’endettement du Sud au Nord ) en particulier dans l’article « Les pays en développement pris dans l’étau de la dette » https://www.cadtm.org/Les-pays-en-developpement-pris-dans-l-etau-de-la-dette-19453 qui soulignait la chute des prix des matières premières qui est intervenue à partir de février 2020. Depuis la parution de cet article, cette chute a été interrompue par la reprise économique et par la spéculation et il s’agit donc d’actualiser l’analyse.
Au niveau des USA, il y a un léger tournant keynésien dans la politique de Biden, mais c’est à vérifier dans les mois à venir car son plan n’est pas encore adopté par le congrès concernant la taxation des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft,...) et l’augmentation des impôts sur les grandes entreprises. Ce qui est sûr c’est que le salaire minimum légal reste bloqué à 7,25 dollars de l’heure alors que Biden avait promis de le faire passer à 15 dollars comme le demandait Bernie Sanders, Alexandria Ocasio Cortez, d’autres parlementaires et ainsi que les organisations syndicales. Ce que l’Administration Biden a réalisé concrètement jusqu’ici c’est le versement en liquide d’importantes sommes d’argent pour les familles des classes populaires mais on ne sait pas ce que cela va donner dans la durée car il ne s’agit pas d’une amélioration des droits sociaux. Il s’agit de paiement de chèques pour la durée de la pandémie et de la crise. L’autre aspect du programme de Biden pour répondre à la crise ce sont d’assez importantes dépenses publiques dans l’amélioration des infrastructures, ce qui booste les entreprises de travaux publics qui augmentent leur carnet de commandes, augmentent leur chiffre d’affaires, augmentent leurs profits et engagent du personnel.
Du côté de l’Europe le type de mesures prises par Biden n’est en général pas d’application.
Du côté du Mexique, du Brésil, et d’autres grandes économies du Sud il y a une augmentation des aides financières aux familles des classes populaires mais pas d’augmentation des droits sociaux, c’est donc un peu comparable à la politique menée aux États-Unis.
Ce qui est tout à fait clair au niveau mondial du point de vue des dettes : il y a une augmentation énorme des dettes publiques, des dettes des familles des classes populaires) et des dettes des entreprises. Il y a une distinction à faire à propos du coût ces dettes : actuellement les dettes publiques et les dettes des grandes entreprises sont contractées à des taux très bas, dans certains cas à taux zéro, voire même négatifs (c’est le cas de la dette publique allemande par exemple). Par contre les dettes contractées par les classes populaires, en particulier les secteurs les plus pauvres sont très onéreuses car les taux d’intérêt réels sont élevés voire carrément usuraires comme dans la plupart des cas du microcrédit.
Prenons maintenant l’évolution politique dans certains pays
Amérique Latine :
La région MENA (compléments apportés par Omar Aziki) :
Afrique (complément apporté par Broulaye)
Docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, porte-parole du CADTM international et membre du Conseil scientifique d’ATTAC France.
Il est l’auteur des livres, Banque mondiale - Une histoire critique, Syllepse, 2022, Capitulation entre adultes : Grèce 2015, une alternative était possible, Syllepse, 2020, Le Système Dette. Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation, Les liens qui libèrent, 2017 ; Bancocratie, ADEN, Bruxelles, 2014 ; Procès d’un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet des livres AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège.
Il a coordonné les travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015 par la présidente du Parlement grec. Cette commission a fonctionné sous les auspices du parlement entre avril et octobre 2015.
CADTM Inde
ATTAC/CADTM Argentina
est membre du secrétariat national d’ATTAC CADTM Maroc et du secrétariat international partagé du CADTM.
membre de la Coalition des Alternatives Africaines Dette et Développement (CAD-Mali) et Secrétaire Permanent du CADTM Afrique (Comité pour l’Abolition des Dettes Illégitimes) Tél : 65 88 11 53/74 90 73 95 e-mail : secretariatcadtmafrique chez gmail.com
Attac/CADTM Maroc