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Annulation immédiate de la dette du Mozambique et de l’Afrique australe !
par CADTM
7 février 2022

Le CADTM est solidaire des victimes de la dévastation causée par la tempête tropicale Ana. En effet, les dégâts occasionnés par les vents violents et les pluies intenses ont affecté plusieurs centaines de milliers de personnes dans certaines parties de Madagascar, du Mozambique, du Malawi et du Zimbabwe. Des pluies intenses en Afrique australe ont également affecté quelques centaines de milliers de personnes. On estime que des centaines de personnes ont été tuées par la tempête et ses conséquences.

Actuellement, la population touchée éprouve des difficultés à se procurer de quoi survivre : nourriture, logement, médicaments, produits d’hygiène, etc. La catastrophe a mis en péril des vies, des moyens de subsistance et des cultures vitales, au point d’exclure la moindre chance de normalisation. En outre, la région est confrontée à la menace imminente du cyclone Batsirai.

Selon les Nations unies, les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les cyclones sont devenus plus fréquents et plus intenses en Afrique australe. Ils alimentent la faim et sapent le développement. Le changement climatique a aggravé le risque de phénomènes météorologiques extrêmes dans la région, obligeant des millions de personnes à mener une existence indigne d’êtres humains. La région est déjà en proie à une profonde pauvreté, au chômage, à un accès difficile voire inexistant à des services de base, etc. Selon l’indice de développement humain (IDH) 2019, l’Afrique australe est la région la plus « inégalitaire » du continent en termes de revenus.

Le CADTM a la ferme conviction que la population a besoin de justice : des pays comme le Mozambique, le Zimbabwe et le Malawi, déjà embourbés dans le piège de la dette, ont un urgent besoin d’un juste traitement de leurs dettes.

Le CADTM exige :

  • La suspension immédiate du paiement de la dette par le Mozambique, le Zimbabwe, le Malawi et tous les autres pays affectés de la région.
  • Un audit citoyen de la dette pour déterminer la part de la dette illégitime et odieuse. Lancement d’un vaste programme d’audit avec la participation des citoyens pour mettre en évidence toutes les formes de spoliation et d’exploitation des populations.
  • Pas de nouveaux prêts par les Institutions Financières Internationales ou autres prêteurs sous prétexte de reconstruction ou de relance de l’économie. Seuls des dons sous contrôle citoyen peuvent être acceptées.
  • Le rapatriement des biens mal acquis et dissimulés à l’étranger par les classes dirigeantes.
  • Une aide inconditionnelle et une assistance humanitaire pour la population qui souffre.
  • Une volonté forte d’inverser le changement climatique.

Au-delà de ces demandes immédiates, nous souhaitons attirer l’attention des mouvements et organisations d’Afrique australe et d’ailleurs sur une série de revendications qui peuvent mieux armer nos luttes.

  • Strictement respecter la primauté des droits humains sur tout autre droit.
  • S’opposer à la promotion systématique du secteur privé pour financer le développement des pays du Sud, et notamment s’opposer à la promotion des Partenariats Public/Privé (PPP).
  • Mettre fin aux politiques néo-libérales et de privatisation des services publics.
  • Abroger une série de traités internationaux, multilatéraux et/ou bilatéraux (économiques, commerciaux, politiques, militaires, etc.) contraires à l’exercice de la pleine souveraineté des États du Sud et aux intérêts des peuples du Sud et plus largement à l’intérêt général de l’humanité.
  • Soumettre à de lourdes amendes les entreprises qui ont spolié sous différentes formes les peuples du Sud afin de contribuer financièrement à un fonds spécial d’aide et de compensation.
  • Financer les pays du Sud, hors aide publique au développement, par des prêts à taux zéro, remboursables en tout ou partie dans la devise souhaitée par le débiteur.
  • Exproprier les « biens mal acquis » par les gouvernants et les classes dominantes du Sud et les rétrocéder aux populations concernées et sous leur contrôle.
  • Mettre fin à l’aide publique au développement dans sa forme actuelle car elle est essentiellement un instrument de domination au bénéfice quasi exclusif des pays du Nord et la remplacer par une « Contribution de réparation et de solidarité » inconditionnelle et sous forme de dons, en excluant dans le calcul de celle-ci les annulations de dette et les montants ne servant pas les intérêts des populations du Sud. Cette contribution doit correspondre au moins à 1 % du revenu national brut des pays les plus industrialisés.
  • Adresser des excuses officielles publiques pour l’ensemble des méfaits accomplis par les pays du Nord à l’égard des populations du Sud, ouvrant le droit à des réparations.
  • Affirmer le droit à des réparations et/ou compensations aux peuples victimes du pillage colonial et de la spoliation par le mécanisme de la dette.
  • Reconnaître la dette écologique des pays du Nord à l’égard des pays du Sud et procéder à des réparations et/ou compensations en récupérant le coût de ces dépenses par un impôt ou des amendes prélevées sur les grandes entreprises responsables de la pollution.
  • Interdire toute spéculation sur les ressources et les productions des pays du Sud.
  • Sanctionner lourdement les entreprises coupables de toute forme de corruption de fonctionnaires publics des pays du Sud.
  • Sanctionner les hauts fonctionnaires et le personnel politique qui dans les pays européens ont favorisé ou favorisent la spoliation sous différentes formes des peuples du Sud.
  • Sanctionner lourdement les banques (y compris en allant jusqu’au retrait de la licence bancaire) qui se prêtent à du blanchiment d’argent sale, à l’évasion fiscale, à la fuite des capitaux, à la spoliation des populations du Sud.
  • Sortir de l’OMC et appeler à une campagne internationale contre cette institution ainsi que ses deux comparses, la BM et le FMI, pour les remplacer par des institution démocratiques de solidarité.
  • Mettre fin aux mécanismes de règlement des différends qui permettent aux grandes entreprises de réclamer des sommes colossales aux États si ceux-ci prennent des mesures d’intérêt général qui diminuent les bénéfices d’intérêts capitalistes privés. Le gouvernement instituera alors une procédure pour quitter le CIRDI (= organe de la Banque mondiale) et l’Organe de règlement des différends de l’OMC en sortant d’ailleurs de celle-ci.
  • Instituer une procédure d’arbitrage acceptée et légitime qui consiste à poursuivre les entreprises transnationales dans sa juridiction nationale et à augmenter leur pénalisation financière en fonction de la gravité de leur violation de la souveraineté des peuples, des normes sociales et environnementales.
  • Soutenir l’initiative en faveur d’un traité juridiquement contraignant obligeant les entreprises transnationales à respecter les droits humains dans tous leurs aspects : civils, politiques, économiques, sociaux et culturels.

Plus de détails sur les revendications ci-dessus peuvent être obtenus ici :
ReCommonsEurope
Charte politique du réseau CADTM International


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