Entraide et Fraternité a réalisé le 6 juin dernier un entretien filmé de Camille Chalmers, d’Haïti, découpée en 7 parties.
Camille Chalmers est économiste, professeur d’université et directeur de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA) en Haïti. Pour rappel, la PAPDA est partenaire d’EF, ainsi que membre du réseau international CADTM.
L’idée de faire cette interview est venue suite à la publication par le New York Times d’une enquête composée d’une série de longs articles sur les racines historiques de la dette haïtienne, nommée « La rançon de l’indépendance ». Cette enquête a eu un réel retentissement international mais a eu un assez faible écho en Belgique.
https://www.nytimes.com/interactive/2022/05/20/world/americas/enslaved-haiti-debt-timeline.html
https://www.nytimes.com/2022/05/22/insider/investigating-haitis-double-debt.html
Camille revient sur cette dette odieuse, la mobilisation du peuple haïtien et fait le lien avec la situation présente dans le pays.
Entretien réalisé le 6 juin 2022 avec Camille Chalmers, économiste, professeur d’université et directeur de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA) en Haïti. En introduction, Renaud Vivien d’Entraide et Fraternité revient sur l’origine de la rançon de l’indépendance d’Haïti imposée par la France, son ancienne puissance coloniale, en 1825. https://www.youtube.com/watch?v=hBvix5D-3lc
Camille Chalmers présente les différentes caractéristiques de la révolution haïtienne et explique en quoi, celles-ci représentaient un danger pour les puissances coloniales. La révolution constituant un acte précurseur d’émancipation, il fallait l’asphyxier de peur qu’elle ne se propage. Autant d’arguments développés dans l’enquête du New York Times qui pourraient bousculer le discours dominant sur ce pays.
Après en avoir fait l’éloge, Camille Chalmers émet plusieurs réserves à l’encontre de l’enquête du New York Times. La première étant qu’elle ne fait pas ou trop peu mention des travaux des chercheurs haïtiens. La deuxième est que ces travaux ne montrent pas la dette comme étant l’un des mécanismes d’un système beaucoup plus complexe de domination. Enfin, Camille Chalmers déplore le silence total sur les processus de résistance du peuple haïtien face à la dette.https://www.youtube.com/watch?v=BbJEU6VnbhU
Camille Chalmers revient sur les réactions des secteurs conservateurs en Haïti à l’enquête du New York Times. Il passe en revue les différentes initiatives prise ces dernières années par les mouvements sociaux et la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA) sur la question des réparations. Notamment l’introduction du choléra et autres crimes commis par les Nations Unies lors de l’occupation militaire d’Haïti de 2004 à 2016. Enfin, il souligne l’absence totale de réaction du gouvernement sur un sujet pourtant majeur et explique en quoi cela n’est pas étonnant de la part d’un pouvoir dont l’exercice est dépourvu de toute légalité et légitimité.
La demande de réparation formulée par Aristide a profondément dérangé la France et, d’après Camille Chalmers, a motivé son éviction du pouvoir. Il fallait étouffer cette revendication à tout prix, alors que se célébrait les 200 ans de la proclamation de la République haïtienne. L’histoire de cette rançon de l’indépendance n’est d’ailleurs pas enseignée en France et très peu racontée dans les manuels scolaires en Haïti.
Camille Chalmers détaille les formes concrètes que pourraient prendre la réparation en s’attardant sur le reboisement. Haïti a subi un pillage à grande échelles de ses bois précieux afin de générer des devises sur le marché international pour payer la dette. Il cite aussi l’alphabétisation et la constitution de systèmes public de santé et d’éducation, aujourd’hui largement privatisés.
L’enquête du New York Times s’arrête en 1957. Comment la dette haïtienne a-t-elle évolué depuis ? Quels sont les créanciers ? Et quel rôle ont-ils joué après le terrible séisme de 2010 ? Camille Chalmers nous raconte les grandes de lignes de cette histoire agrémentée d’anecdotes aussi incroyables les unes que les autres.
Économiste, professeur, représentant de la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA), membre du réseau CADTM-AYNA y CADTM Internacional.
membre du CADTM Belgique, juriste en droit international. Il est membre de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015. Il est également chargé de plaidoyer à Entraide et Fraternité.
est membre du CADTM, Comité pour l’abolition des dettes illégitimes et de la PACD, la Plateforme d’audit citoyen de la dette en Espagne. Il est l’auteur avec Fátima Martín du livre Construcción europea al servicio de los mercados financieros, (Icaria editorial, 2016) et est également coauteur de l’ouvrage La Dette ou la Vie, (Aden-CADTM, 2011), livre collectif coordonné par Damien Millet et Eric Toussaint qui a reçu le Prix du livre politique à Liège en 2011.