La bataille larvée, à coup de millions de dollars, que se livre le Congo-Brazzaville et les Fonds vautour sur le ring de la finance internationale et sur le dos des Congolais continue de produire son lot de surprises. Aux uppercuts des uns, succèdent les crochets des autres sans envoyer pour autant l’adversaire définitivement au tapis. Les Fonds vautour ont la dent dure. Ils ne lâchent leur proie qu’après leur avoir fait les poches.
Pour lutter contre l’acharnement des Fonds vautours sur leur pays, les Congolais de la « Nouvelle Espérance » ont trouvé la parade : mimer leurs prédateurs. Ainsi se sont créés des Fonds vautour d’origine congolaise dont le but est de poursuivre le Congo pour récupérer des dettes que pourtant, eux-mêmes, ont contractées au nom du Congo.
Il fallait le faire. Ils ont simplement cloné leur adversaire. De vrais « chiens » (dirait Jean-Paul Sartre). S’il existe une force du mal au-delà de Lucifer les agents de la Nouvelle Espérance, doivent être ses adeptes.
Le loup dans la bergerie
L’avènement des Fonds vautour au Congo-Brazzaville est le résultat de la gestion catastrophique des finances publiques. La dette est un rite économique incontournable. Mal maîtrisée, elle peut attirer les convoitises des prédateurs. Qui paie ses dettes s’enrichit. Le Congo-Brazzaville dispose pourtant des marges budgétaires substantielles capables d’assurer le service de la dette ainsi que le financement des projets de développement sur fonds propres.
Malheureusement, comme pour faire la part belle aux fonds vautour derrière lesquels se cachent les agents de La « Nouvelle Espérance », le Congo-Brazzaville a eu systématiquement recours au crédit pour financer ses infrastructures. A défaut de respecter les règles de l’orthodoxie financière, s’ouvre une brèche dans laquelle s’engouffrent les fonds vautours.
Les fonds vautour ou vulture funds sont des fonds de couverture qui rachètent à vil prix des obligations (des créances) de pays pauvres, souvent accablés de dettes, pour ensuite entamer une procédure judiciaire à l’usure et les obliger à payer la valeur nominale (le montant initial de la créance) de ces obligations au moment de leur émission, majorée des intérêts moratoires. Ils s’intéressent à tous les types de pays, y compris les pays pauvres très endettés (PPTE).
Il a été confirmé qu’un fonds vautour établi dans les îles Caïman a fait saisir à deux reprises en Belgique des fonds de l’État belge destinés au Congo-Brazzaville. Il s’agit plus concrètement de l’entreprise Kensington International. Celle-ci a racheté la dette du Congo-Brazzaville, auprès des bailleurs des Fonds privés qui avaient du mal à se faire rembourser, pour 1,8 million de dollars. Cette entreprise, dont le siège est établi dans les îles Caïman, réclamait 120 millions de dollars au Congo-Brazzaville. Pour se faire payer, Kensington International fait saisir dans le monde entier des fonds destinés au Congo-Brazzaville.
Une première saisie, pour un montant de 10.300.000 euros, concerne un prêt d’État à État qui fait partie d’un crédit mixte destiné au financement de la construction d’une centrale thermique à Brazzaville. Les agents de « La Nouvelle Espérance », pétris de mauvaise foi, ont vite trouvé les responsables de la pénurie d’électricité au Congo-Brazzaville : les méchants fonds vautour. Plus de 5 millions ont dû être déposés par le département des Finances à la Caisse de dépôts et consignations à la suite d’un jugement du Tribunal de Première Instance de Bruxelles du 31 mai 2007, tandis qu’un subside de 587 585 euros, dévolu à la direction générale de la Télévision nationale congolaise, avait déjà fait l’objet d’une saisie le 30 décembre 2004.
Les fourberies de Mvouba
Face à ce phénomène, Isidore Mvouba trouva une bien étrange échappatoire. Son gouvernement (dit-il avec le simplisme qu’on lui connaît), se trouvait « obligé de cacher certains de ses comptes afin que ses revenus pétroliers ne tombent et ne soient pas saisis par des fonds vautours ». Mvouba, cynique précisa : « Face a ces gens sans foi, nous sommes obligés de protéger l’argent du Congo-Brazzaville » avait bonnement dit le Premier ministre congolais qui réagissait ainsi pour la première fois en 2005 à la condamnation du Congo par la justice britannique dans l’affaire Kensington International-Eliot Partners. Répondant au Tribunal de Londres, Isidore Mvouba avait déclaré : « nous avons été obligés de protéger l’argent du peuple congolais afin qu’il ne tombe pas sous les fourches caudines ou dans les gosiers de ces prédateurs » (23 Janvier 2006, Pana Presse).
Au sommet de l’Etat, une mafia
Au terme d’une longue tractation, le Congo-Brazzaville a soldé le 4 Mars 2008 son contentieux avec le Fonds de Jay Newman, Kensington International, après moult rebondissements. A quel prix ? L’opacité qui entoure cet accord en dit long sur les relations incestueuses entretenues par les fonds vautours et les agents de La Nouvelle Espérance. Les fonds vautour profitent en effet de l’oxygène financier partiellement retrouvé par les Etats pauvres pour le forcer à rembourser de vieilles créances rachetées sur le marché secondaire avec décote, souvent à des Banques empressées de les vendre. Aussi est-il indispensable, selon Arnaud Zacharie du Centre National de Coopération au Développement(CNCD), de conscientiser également les débiteurs. « On a atteint la caricature des caricatures au Congo-Brazzaville, quand on s’est rendu compte que des personnes issues du gouvernement avaient créé un fonds vautour pour racheter des créances, attaquer l’Etat congolais et faire une plus-value ! » (La Libre Belgique, 06 Mars 2008).
Sassou, Mvouba et les agents de « La Nouvelle Espérance » rapatrieront-ils les millions de dollars du Congo-Brazzaville planqués à l’étranger ? Le sort réservé aux indemnités des travailleurs de la Comilog n’inspire pas confiance. Le gangstérisme économique et financier qui caractérise les agents de « La Nouvelle Espérance », qui ont laissé filer les déficits et développer une véritable mafia de la dette, ne protège pas le Congo-Brazzaville contre les assauts à répétition des fonds vautours et leurs clones. Leurs opérations juteuses se sont multipliées avec les allégements de dettes des pays les plus pauvres opérés dans la foulée de la campagne du Jubilé 2000. Le Club de Paris, le Club de Londres et la Chine ont annulé et réduit une partie de la dette du Congo-Brazzaville après un lobbying acharné auprès des argentiers-bailleurs. Est-ce un hasard ? C’était du pain béni ! Décidément, au Congo-Brazzaville, quelque chose ne va pas.
Source : Kimpwanza