Communiqué de presse de la campagne contre la dette « Qui doit à qui ? » (Quien debe a Quien ?) basée dans l’état espagnol.
La campagne « Qui doit à qui ? » veut exprimer son plus profond refus
face au nouveau plan du gouvernement central qui prétend destiner 100
millions d’euros, à travers le Fonds d’Aide au Développement (FAD, Fondo de Ayuda al Desarrollo), pour le financement de projets favorisant
l’exportation d’infrastructures en Afrique.
Ce plan visant à stimuler l’internationalisation des entreprises
espagnoles va accroître la dette des pays récepteurs. En effet, les
crédits FAD constituent l’un des instruments les plus générateurs de
dette extérieur des PED envers l’État Espagnol. Ces crédits sont des
crédits concessionnels, c’est-à-dire bénéficiant de conditions
meilleures que celles du marché. Néanmoins, l’Etat récepteur se voit
contraint d’acheter les produits ou services à des entreprises
espagnoles. L’État s’endette donc mais sans pouvoir disposer de la
liberté de passer de contrats plus favorables notamment avec des
entreprises de son propre pays pour la réalisation des projets.
Avec ce type de prêts non seulement le pays s’endette, détournant ainsi
une grande partie du budget du gouvernement pour le remboursement de la dette (jusqu’à 30% dans certains pays), et ce au détriment de la
satisfaction des besoins essentiels de la population, mais en plus les
capacités locales pour développer un tissu industriel nationale sont
détruites. Il est évident que si ce sont des entreprises espagnoles qui
réalisent les travaux financés par ces crédits, la plus grande partie de
bénéfices retombent sur l’économie espagnole et non sur celle des pays
appauvris. Si la finalité de cette « aide » est le développement des
populations appauvries, les prêts bilatéraux liés ne constituent pas une
solution adéquate.
Le gouvernement justifie cette mesure par le besoin de diversifier et
accroître la croissance de l’activité exportatrice espagnole,
d’améliorer l’image et la position du pays sur les marchés
internationaux et faire du secteur "un avant-garde dans la lutte contre
la crise", ce qui nous semble totalement injustifié s’agissant d’un
mécanisme comptabilisé comme Aide Publique au Développement. Par
ailleurs, nous ne pensons pas que l’endettement des pays africains soit
une solution pour nous sortir d’une crise dans laquelle l’Afrique est
elle-même immergée.
En outre, la campagne « Qui doit à qui ? » veut dénoncer la volonté du
gouvernement espagnol de rendre plus flexibles les assurances pour le
compte de l’État gérées par la Compagnie d’Assurance du Crédit à
l’Export (CESCE en espagnol), alors qu’elles constituent le second
mécanisme de génération de dette dans les pays appauvris.
La campagne considère qu’au lieu de continuer à promouvoir ces
instruments générateurs de dette, le gouvernement central devrait
s’attacher à réaliser de façon immédiate (ayant à ce jour plus d’un an
de retard) la réforme légale des FAD et CESCE, comme le prévoit la Loi
38/2006 du 7 de décembre, régulatrice de la Gestion de la Dette
Extérieur dans ses dispositions transitoires, la première et la
troisième, respectivement.
Nous exigeons d’une part, que dans ces réformes légales, les droits
humains, économiques, sociaux, culturels et écologiques des populations
réceptrices de ces fonds soient considérés prioritaires face aux
intérêts commerciaux espagnols. D’autre part, que les instruments de
crédits, tels que les crédits FAD, ne soient plus utilisés comme Aide
Publique au Développement. De plus, nous demandons que ces Lois
impliquent que le niveau légal de responsabilité des entreprises
réceptrices des crédits soit équivalent à celui en vigueur actuellement
au sein de l’État espagnol.
Par conséquent, nous exigeons au gouvernement la présentation immédiate d’un projet de réforme de l’ensemble FAD-CESCE avant de mettre en œuvre les plans prévus. Ce projet doit être discuté en profondeur par l’ensemble de la société civile concernée par la justice sociale et le développement intégral et humain des populations des pays appauvris du Sud, qui pendant 30 ans ont subi les conséquences d’instruments si nocifs et inefficaces pour leur développement.