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Interview du juriste Fabio Konder Comparato
Brésil : « Entre les banquiers et le peuple, le gouvernement Lula a choisi les banquiers »
par Nilton Viana
25 janvier 2004

COMMENTAIRES PRELIMINAIRES PAR CAU, A l’ENCONTRE :

L’entretien avec le juriste Fabio Konder Comparato que nous publions a été recueilli par Nilton Viana, de la rédaction « Brasil de Fato », le journal soutenu par le Mouvement des sans-terre (MST). Fabio Konder Comparato est professeur ordinaire à la Faculté de droit de l’Université de Sao Paulo (Département de philosophie et théorie générale sur le droit) et chargé de cours à l’Institut des études avancées (IEAUSP). De plus, il est membre de l’Institut brésilien de droit commercial comparé. On retrouve dans cet entretien d’un intellectuel militant et d’un universitaire des critiques qui entrent en syntonie avec celles émises par les quatre parlementaires de la gauche radicale exclus du Parti des travailleurs (PT), entre autres Luciana Genro, députée fédérale de Rio Grande do Sul, membre du Mouvement de la gauche socialiste, et Heloisa Helena, sénatrice de l’Etat d’Alagoas, membre du courant Démocratie socialiste, qui dispose aussi d’un ministre, celui de la réforme agraire, Miguel Rossetto.
En février 2003, la publication de la grande banque américaine Lehman Brothers - Lehman Brothers Eurasia Group Stability Index - insistait sur les alliances du gouvernement Lula avec le grand Capital et les principaux partis bourgeois. Puis, écrivait : « L’opposition à Lula vient de l’intérieur de son Parti, son propre Parti est divisé... plus important, ce n’est pas une rébellion de députés insignifiants ; Il y a plusieurs leaders du PT qui se trouvant dans le bloc dissident. Les plus visibles sont la sénatrice Héloïsa Helena (PT-Alagoas), la députée Luciana Genro (la fille du Ministre des Affaires sociaux-économiques)... Lula et José Dirceu, son principal opérateur politique, désirent faire rentrer sous terre cette rébellion avant qu’elle ne grossisse de façon embarrassante ». Et cela c’était presque un an. Les banquiers américains étaient plus politiques et plus réalistes que beaucoup d’observateurs de gauche, y compris de gauche radicale.

Dans les prises de position de Fabio Konder Comparato, on retrouve des accents propres au discours de la théologie de la libération, ce qui souligne encore plus la gravité des jugements et donc l’urgence d’une alternative programmatique, politique et organisationnelle à l’actuel PT de gouvernement. Dans la situation politique présente Fabio Konder Comparato, devant la difficulté d’une alternative politico-organisationnelle, semble choisir la voie du « mouvement social », dans le sens d’une opposition entre mouvement social et partis politiques, alors que, les mouvements sociaux, les coordinations de mouvements sociaux, les syndicats ou une organisation comme le MST (Mouvement des Sans-Terres), devraient entrer dans une relation dialectique avec les forces politiques de changements, plus ou moins radicales, pour autant que ces dernières respectent l’autonomie des mouvements sociaux, mais s’efforcent aussi d’y présenter leurs points de vue, leurs propositions, leurs analyses, ce qui ne peut qu’enrichir le débat démocratique. En outre, les questions sociales, économiques, démocratiques, particulièrement dans cette phase de « recolonisation » impérialiste du continent ainsi que de gestion du Brésil par un gouvernement bourgeois de coalition entre le PT et le grand capital, prennent un tour très rapidement politique. Un débat qui marquera le futur immédiat de la gauche brésilienne.

Quelle analyse faites-vous de la première année de gouvernement Lula ?

Fabio Konder Comparato : La situation est préoccupante. Pendant longtemps le Produit intérieur brut (PIB) a augmenté sans qu’il y ait une amélioration dans la distribution de la richesse. L’année passée, le gouvernement Lula est arrivé au pouvoir avec l’appui d’un espoir populaire énorme et nourri d’une chaleur humaine extraordinaire. Petit à petit, ce gouvernement est en train de détruire notre espoir, ce qui est très grave car gouverner ne signifie pas seulement exercer le pouvoir. Gouverner signifie également le fait d’enraciner ses actions dans la conscience et l’espoir du peuple.

Au contraire, ce gouvernement a adopté la politique économique de la pensée unique et a suivi et renforcé les orientations fondamentales du gouvernement précédent. La preuve en est la croissance négative enregistrée en 2003, l’appauvrissement de la majorité des salarié(e)s et l’augmentation de la misère.

En même temps, on assiste à une véritable explosion des gains des institutions financières. Le pays est ainsi en train de s’embarquer corps et âme dans le capitalisme financier, un système économique qui ne produit rien et qui vit aux dépens des marges prises par les intermédiaires et par les spéculateurs.

Du point de vue de la gauche brésilienne, à quoi attribuez-vous ce comportement que l’on peut qualifier de très frustrant ?

Je ne crois pas que l’option prise par le gouvernement de Lula soit fondée uniquement sur des critères économiques. Elle a une origine politique. En effet, la direction du Parti des travailleurs (PT) a décidé, en juin 2002, que le candidat Lula ne pourrait perdre l’élection présidentielle une quatrième fois de suite. Si cela devait arriver, le PT devrait subir une transformation de fond en comble, et remplacer toute son équipe dirigeante. Par conséquent, les dirigeants du PT ont joué à quitte ou double, pariant dans la possibilité, quasi désespérée, d’arriver au pouvoir.

Sous cet angle, le pouvoir signifiait pour cette équipe l’acceptation du jeu du pouvoir tel qu’il est, à savoir complètement séparé de la vie réelle du pays. En général, l’histoire du pouvoir tourne en rond. Il s’agit d’une tendance permanente : tout pouvoir tend à sa concentration et se concentre sur lui-même, c’est une espèce de maladie psychologique. Les hommes et les femmes au pouvoir ont toujours la tentation de tenir compte uniquement d’eux-mêmes. Ils ne comprennent jamais la réalité en dehors du cercle fermé du pouvoir. Ils deviennent aveugles et sourds mais, évidemment, ils ne deviennent pas muets.

Au contraire, ils parlent énormément pour donner l’impression qu’ils maintiennent un contact avec la réalité sociale. Cela ne signifie pas que les hommes et les femmes du gouvernement Lula, à commencer par Lula lui-même, soient mauvais, manifestent une faiblesse de caractère. Au contraire. Ils n’étaient seulement pas préparés à affronter ce jeu du pouvoir, et pensaient qu’ils pourraient dominer l’establishment bourgeois en place.

La justification donnée par le gouvernement se centre sur le fait que la première année, 2003, serait consacrée à une préparation pour une croissance et pour des changements futurs.

Parfois, je me demande si ces gens au perchoir, qui sont intelligents et connaissent les données statistiques, croient vraiment ce qu’ils racontent.

En 2003, le total des investissements a été de 10% inférieur à celui de 2002. Et cette tendance ne changera pas en 2004, car ce qui asphyxie véritablement l’économie brésilienne est le degré d’endettement de l’Etat. Cela ne sert à rien d’invoquer l’héritage du gouvernement précédent. En effet, Lula non seulement n’a pas réduit la crise, mais il l’a renforcée. Même des contraintes financières, que le FMI (Fonds monétaire international) n’avait pas exigées, ont été augmentées par le gouvernement.

Et en plus, le ministre de l’Economie, Antonio Palocci ‚ auquel le président de la République adresse tous les jours des éloges, vient d’affirmer que l’augmentation de l’excédent budgétaire primaire [soit le solde positif, avant le paiement des intérêts de la dette interne et externe, donc du versement de rentes aux détenteurs capitalistes d’obligations], fixé pour 2003, sera maintenue pendant au moins dix ans [ce qui explique la réception plus que positive par lesdits marchés financiers du nouvel emprunt obligataire sur 30 ans effectué par le gouvernement brésilien].

Dans ce contexte de contrainte financière, il devient impossible de réunir des capitaux publics pour l’investissement. Je ne crois pas que les fonctionnaires de la Banque centrale [à la tête de laquelle se trouve l’ancien PDG international de la banque américaine Bank of Boston] et du Ministère de l’économie ne sachent pas faire des comptes. Au contraire, je pense qu’ils ont une vue parfaite de ce qui se passe.

Comme alternative, le gouvernement aurait au moins pu se poser la question : qu’est-ce qui se passerait si on ne remboursait pas la dette contractée par l’Etat ? Cette dette comprend une dette contractée à l’étranger et une dette interne. Cette dernière est, en grande partie, manipulée par les banques qui possédant, sans doute, dans leurs portefeuilles la moitié des titres publics [obligations] émis par le gouvernement brésilien [c’est-à-dire en grande partie par le gouvernement du néolibéral Fernando Henrique Cardoso qui a régné durant huit ans sur le Brésil, de 1995 à fin 2002]. L’autre moitié a été distribuée à des fonds privés d’investissements.

Face à cette situation, l’attitude du gouvernement envers les banques aurait dû être dictée les intérêts de l’Etat. Toutefois, en réalité, le gouvernement Lula s’est placé dans une position subordonnée, celle de quelqu’un qui est obligé de se soumettre au pouvoir des banques. Cela n’a pas de sens.

En ce qui concerne la dette extérieure, il aurait été possible de négocier si le gouvernement avait un plan cohérent pour combattre l’absence de ressources publiques. Ce qui se passe, c’est que, une année après son arrivée au pouvoir, le gouvernement s’est révélé incapable de présenter un projet pour le pays dans son ensemble. Actuellement, nous ne savons toujours pas o˜ ils nous mènent. Nous devons simplement croire aux informations répétées selon lesquelles la prospérité se trouve juste derrière le coin de la rue et qu’il faut simplement attendre un peu, avoir un peu de patience...

Il est clair que pendant quelques mois nous avons fait confiance. Mais, maintenant, nous voulons des faits, et les faits malheureusement sont devant nous : toujours moins d’investissements, toujours moins d’emplois, dénationalisation de l’économie brésilienne et une impossibilité manifeste de rassembler des ressources, même modestes dans un premier temps, pour faire face au programme de politiques sociales présentées par le gouvernement. Il n’y a pas de ressources, ni pour l’éducation, ni pour la santé, ni pour la réforme agraire.
Et, comme nous pouvons constater, entre une réduction nette des taux d’intérêt et la réduction de budgets de la sécurité sociale, le gouvernement a clairement choisi la deuxième option. Cela signifie que, dans l’affrontement entre les intérêts des banquiers et ceux de grande masse de la population pauvre du Brésil, le gouvernement a choisi de maintenir de bonnes relations avec les banquiers. Tout cela est désastreux. Mais cette situation ne peut pas durer longtemps. En effet, il faut une base économique au maintien de ce système.

Que faut-il penser des politiques sociales lancées jusqu’à maintenant, comme le programme « Faim zéro » et celui « bon scolaire » ?

Je pense que ce sont des miettes. Il y a un principe fondamental qui le gouvernement n’a pas encore compris : le développement économique doit être basé sur une politique économique correcte.

Les inégalités sociales ne sont pas provoquées par l’absence de politiques sociales, mais par la perversité de la politique économique qui, intrinsèquement, les accroît en concentrant toujours plus la richesse. On ne peut pas lutter contre la misère simplement par le biais de politiques sociales. Il faut corriger cette fabrique de misère que représente le système capitaliste. Et pour affronter ce système, il est nécessaire de s’y préparer de manière solide, surtout au niveau éthique, au niveau du camp social choisi.

Prendre le parti de maintenir le système en place signifie prendre le parti de ceux qui écrasent le peuple. On ne peut pas opposer la plus petite justification, la plus légère des explications, au fait de mettre à la porte un million de travailleuses et travailleurs [allusion aux pertes d’emplois en 2003] et ruiner des milliers de petites et moyennes entreprises afin de résoudre les problèmes financiers du gouvernement. Cela est possible uniquement lorsque l’on a accepté la pensée unique : c’est comme si l’économie était considérée comme une science naturelle et n’avait rien à voir avec la vie humaine. Nous pouvons commettre des erreurs dans la dimension technique de l’économie, mais nous ne pouvons pas accepter éthiquement que l’économie continue de perpétuer la misère.

Quel est votre opinion sur les sanctions décidées contre les députés du PT qui se sont révoltés contre les orientations actuelles du gouvernement ?

C’est un acte lamentable. Par le passé, le PT avait déjà expulsé des membres. Mais le PT d’aujourd’hui n’est plus celui du passé qui avait l’autorité morale pour procéder à des expulsions. Actuellement, le PT fait des alliances avec le PTB (Parti travailliste brésilien - parti issu du courant nationaliste développementaliste), conclut des accords avec José Sarney (ancien président de la République) et avec Antonio Carlos Magalhes (sénateur de l’Etat de Bahia, Nord-Est, du Parti du front libéral - PFL), il négocie avec les agro-industriels du sud sur le soja transgénique, etc. Quelle est l’autorité morale actuelle du PT qui lui permette d’expulser ces militants ?

Quelle est votre analyse de la politique extérieure du gouvernement ?

Jusqu’à présent, la politique extérieure est pratiquement la seule chose dans ce gouvernement que l’on peut sauver. En dehors du Ministère de l’économie, les autres dicastères accomplissent leur tâche de manière satisfaisante, mais ils sont complètement asphyxiés par la politique économique.
En qui ce qui concerne la politique extérieure, traditionnellement, elle ne souffre pas de cette asphyxie. Malgré les coupes opérées par le Secrétariat aux finances au sein du Ministère des affaires étrangères ‚ qui provoquent parfois des contraintes désagréables pour les diplomates brésiliens ‚ la politique extérieure peut se développer de manière plus libre, étant donné qu’il ne s’agit pas d’une politique d’investissement économique.
Selon moi, aucune « politique économique progressiste » ne peut tenir longtemps en place, si elle est menée par un gouvernement, en réalité, conservateur et rétrograde comme le gouvernement brésilien.

En effet, il existe une contradiction évidente dans ce gouvernement. En même temps, notre gouvernement est le leader de mouvements de libération venant de la périphérie du monde capitaliste, en vue de contrer les injonctions venues du centre du système, et il s’adapte de manière appliquée à toutes les obligations imposées au Brésil par le FMI.

Un pays avec une croissance significative de son économie et capable de réduire la pauvreté dispose de l’autorité nécessaire pour parler de la question de la pauvreté. Mais, un gouvernement qui est en train de couler, dans la stagnation économique, et qui favorise l’avancée des inégalités sociales n’est pas un bon exemple pour les autres pays pauvres dans le monde. Il est nécessaire de comprendre cela.

Pendant la dictature militaire, par exemple, il apparaît clair que la politique militaire du pays ne pouvait pas être favorable à la défense des droits humains. Cela aurait signifié une contradiction manifeste avec ce qui se passait réellement au Brésil. La même contradiction commence aujourd’hui à émerger dans la sphère de la politique économique. L’Argentine, par exemple, a suspendu [partiellement, elle fait face aux services de la dette à hauteur de 75% de sa valeur nominale] le paiement de sa dette publique et a ainsi bénéficié d’un coup d’air frais extraordinaire (durant la courte période de moratoire) ‚ le pays est retourné dans la croissance et le chômage a diminué. Par cet acte, l’Argentine a montré que le pays pouvait à nouveau respirer à l’extérieur de la chambre hermétique dans laquelle il avait été enfermé par les gouvernements précédents, de concert avec les organismes financiers internationaux. Pour cette raison, l’Argentine connaît une situation meilleure que celle du Brésil pour pouvoir défendre une politique extérieure indépendante.
Cette question doit être posée avec une certaine perspective : jusqu’à présent, grâce à l’administration excellente du Ministère des affaires étrangères, le Brésil a pu mener une politique indépendante face aux sommations venant des Etats-Unis et portant sur constitution de la Zone de libre échange des Amériques (ALCA-ZLEA).

Mais il faut considérer ces développements avec beaucoup de précautions. En effet, je pose la question : pourquoi les Etats-Unis ont-ils fini par accepter la position brésilienne au sein de l’ALCA ? Avant de répondre, il ne faut pas oublier qu’à la fin de cette année auront lieu les élections présidentielles au Etats-Unis. Et un échec dans un dossier aussi important pour la puissance américaine pourrait avoir des répercussions négatives pour le président américain actuel. Mais, dans le futur, si nous devenons plus dépendants du FMI, dans quelle mesure les Etats-Unis ne profiteront-ils pas de la situation pour faire pression sur le FMI, en exigeant que le Brésil assouplisse sa position par rapport à la constitution de l’ALCA ?

Ce sont ces doutes qui pèsent sur nous tous, sur le peuple brésilien dans son ensemble. Et je le répète encore une fois : cette évolution n’a pas son origine dans la méchanceté des êtres humains en soi. Les personnes au gouvernement ont fait un choix faux et sont entrées la tête baissée dans un système de pouvoir qui permet difficilement une sortie.

Le PT représente la plus grande accumulation de forces que la gauche brésilienne ait conquis ces dernières années. Croyez-vous que l’échec d’un gouvernement du PT puisse avoir de sérieuses conséquences pour la gauche brésilienne ?

Je ne suis pas aussi pessimiste. Je crois que la gauche va connaître une espèce d’épuration. Elle devra nécessairement abandonner la croyance, selon laquelle, une fois au pouvoir, elle pourra dominer les forces qui, traditionnellement, organisent le pays ou mieux le désorganisent. La gauche comprendra que nous avons besoin d’un autre type de chemin pour le pays, et surtout d’un autre type de préparation pour l’exercice du pouvoir.

Quelle est, selon vous, le rôle des mouvements sociaux dans cette conjoncture ?

Selon moi, ils ont un rôle fondamental à jouer. En ce sens, je profite de l’occasion pour affirmer avec toute ma conviction la justesse de la ligne du MST (Mouvement des travailleurs ruraux sans terre). En général, dans toute relation de pouvoir, il existe une espèce de dialectique entre le pouvoir qui commande et celui qui empêche.

Jusqu’à présent, la gauche a eu pour seule préoccupation celle de commander, mais elle n’a pas compris que la tendance naturelle du pouvoir qui commande est celle d’un enfermement concentré sur lui-même et de l’élimination de ses rivaux ainsi que des obstacles à la concrétisation de son action.

Au contraire, le pouvoir qui appartient au peuple doit être un pouvoir qui empêche, qui fixe les limites à ceux qui commandent. C’est exactement ce que fait le MST, avec beaucoup d’assurance. Ce mouvement cherche à empêcher que le pouvoir devienne fou. à tout moment, le MST lance des alarmes parce que le pouvoir se laisse gagner par une certaine négligence, par une certaine paresse, par un certain conformisme bureaucratique. Lorsque le MST a décidé de ne pas devenir un parti politique, ce mouvement a fait preuve d’une vision de la réalité très sage. Ainsi, il peut défendre beaucoup mieux le peuple et ses droits fondamentaux plongé dans la société civile, agissant comme le ferment dans la p’te, plutôt que s’il voulait être catapulté vers le centre du pouvoir et commander.

Ce que nous devons faire avec le gouvernement du PT c’est nous renforcer en tant que mouvements sociaux afin de montrer au gouvernement, à tout moment, la réalité qu’il ne veut pas voir. Et nous devons, sans cesse, mettre le doigt sur les erreurs commises. Nous devons agir ainsi de manière assourdissante, sans leur concéder une seule minute de repos ; car, en vérité, ils sont les serviteurs du peuple. Leur condition est ‚ et devrait être, celle de simples ministres. Ministre est une parole qui vient du latin ministre, soit serviteur. On pourrait aussi la relier au terme minus dans le sens de ayant moins. Par conséquent, les ministres devraient toujours être plus petits (moins important) par rapport au peuple. Le peuple est souverain.

Quelles mesures concrètes pourraient changer les destinées du pays ?

D’une part, un moratoire de la dette externe et, d’autre part, un changement substantiel concernant le paiement de la dette interne. Il faudrait mettre le reste du monde devant le fait accompli et, à partir de là, nous pourrions négocier.

Ce qu’il y a de terrible dans le renouvellement de l’accord avec le FMI n’est pas l’augmentation de la dette, à proprement parler. Le pire c’est que si, par hasard, le gouvernement voulait opérer un changement ayant des conséquences négatives sur cet accord, il sera obligé de rembourser immédiatement toute la dette.

Il est vraiment lamentable que le gouvernement soit incapable de profiter de l’occasion, créée par le gouvernement précédent (de Fernando Henrique Cardoso - FHC), de mettre un terme à cet accord avec le FMI [accord qui à été signé conjointement FHC et par Lula en octobre 2002, avant les élections, et qui vient d’être renouvelé dans les mêmes termes].

L’équipe économique en place [particulièrement le ministre de l’économie Palocci] a considéré que ce nouvel accord représentait une espèce de ceinture de sécurité qui empêcherait que les pressions populaires en faveur d’un changement de la politique économique ne se fassent trop forte, ce qui empêcherait toute possibilité de retour en arrière pour gouvernement Lula.


Source : Brasil de Fato.

Traduction : A l’Encontre.

Nilton Viana