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Climat : les Etats-Unis rejettent l’initiative de la Banque mondiale
par Anne-Sophie Simpere
1er mars 2009

Paris, le 26 février 2009 – La Banque mondiale a essuyé hier un camouflet très symbolique qui décrédibilise fortement son action contre les changements climatiques. Le Congrès américain a en effet refusé la participation des Etats-Unis au nouveau Fonds pour les technologies propres créé par la Banque, lui reprochant d’avoir inclus les centrales à charbon dans la liste de ses technologies « propres ». Les Amis de la Terre se félicitent de cette décision et demandent à la France de suivre cet exemple en se retirant du Fonds pour rediriger ses financements vers les mécanismes des Nations unies.

Depuis un an, la Banque mondiale poursuit une campagne de communication très active pour se placer en acteur incontournable du financement de la lutte contre les changements climatiques Elle a créé notamment de nouveaux « Fonds d’investissement pour le climat », dont un Fonds pour les technologies propres censé soutenir un développement sobre en carbone dans les pays en développement. Ces mécanismes sont vivement critiqués car ils concurrencent les processus multilatéraux des Nations unies au profit d’une institution moins démocratique, et sans aucune légitimité en matière climatique. En effet, à côté de ses déclarations d’intention, la Banque mondiale finance toujours massivement des oléoducs, gazoducs, ou méga centrales à charbon parmi les plus polluants au monde.

« Signe de son addiction au carbone et de son incompétence complète sur le sujet, la Banque n’a pu s’empêcher de classer certaines centrales à charbon parmi les projets éligibles aux financements de son Fonds pour les technologies propres. » explique Anne-Sophie Simpere, chargée de campagne Responsabilité des acteurs financiers pour les Amis de la Terre France.

Pour Karen Orenstein, des Amis de la Terre Etats-Unis, « les membres du Congrès soucieux du changement climatique, en particulier dans les pays en développement, n’allaient pas donner un chèque en blanc à la Banque mondiale. Des ressources publiques limitées ne doivent pas alimenter un Fonds pour lequel il est acceptable de financer du charbon « un peu moins sale » au nom de la lutte contre les changements climatiques. »

S’ils ont rejeté l’initiative de la Banque mondiale, les députés américains ont décidé de verser dix millions de dollars à un fonds climat des Nations unies. Ce montant est encore faible, mais le geste est crucial, car il s’agit de la première contribution des Etats-Unis à un mécanisme des Nations unies pour le climat.

Anne-Sophie Simpere conclut : « La France, qui affiche d’ambitieux objectifs en matière de lutte contre le changement climatique, est en train de se montrer plus archaïque que les Etats-Unis, en continuant à soutenir une initiative de la Banque mondiale qui n’est ni légitime, ni crédible. Nous demandons que les 500 millions d’euros que la France souhaite investir dans les Fonds climat de la Banque mondiale soient redirigés vers des mécanismes supervisés par la Convention cadre des Nations unies pour les changements climatiques, où chaque pays à une voix. C’est aujourd’hui le cadre le plus démocratique en matière de financement de la lutte contre les changements climatiques et de l’adaptation. »

Article original paru sur le site des Amis de la Terre


Anne-Sophie Simpere

Les Amis de la terre