Le G20 de Londres a décidé, le 2 avril 2009, de tripler les moyens du FMI pour lui permettre de répondre à la crise. Il a également décidé de démocratiser l’institution (qui fonctionne selon la règle censitaire d’un dollar, une voix), de vendre une partie de son stock d’or (dont une part est destinée au financement des pays les plus pauvres) et d’émettre des droits de tirages spéciaux (la « monnaie » du FMI).
Ces décisions s’expliquent par le fait que, alors que la crise mondiale nécessite de nouvelles liquidités, les moyens financiers du FMI se sont réduits comme peau de chagrin ces dernières années. Pourquoi ? Parce que le FMI se finance essentiellement par les rendements de ses prêts. Or, l’impopularité grandissante des conditions liées à ces prêts dans les pays en développement a incité ces derniers à rembourser de manière anticipée ce qu’ils devaient au FMI, en vue de s’affranchir de ses potions macroéconomiques. Du coup, l’encours des crédits du FMI s’est effondré de 103 à 16 milliards de dollars entre mars 2003 et mars 2008. Au printemps 2008, le FMI était contraint de se séparer de 380 de ses 2.634 employés et prenait la décision, confirmée à Londres, de vendre une partie de son stock d’or.
Quant à la démocratisation du FMI, elle devient nécessaire du fait que les pays émergents, qui possèdent d’importantes réserves de devises, revendiquent une place digne de leur statut actuel dans une institution dont les droits de vote reflètent les rapports de force qui existaient au moment de sa création en 1944.
Ce week-end s’est tenue l’assemblée de printemps du FMI, où devaient être confirmées les décisions du G20. Mais d’importants freins ont été constatés dans le chef de plusieurs Etats membres, à commencer par la Belgique. En effet, cette dernière s’est prononcée en faveur d’un statu quo, par la voix de son Ministre des Finances Didier Reynders, estimant auprès de l’agence Reuters que « la représentation actuelle est attractive ». De fait, la Belgique possède actuellement autant de poids que la Chine au sein du FMI. Pourtant, une réforme profonde des quotes-parts du FMI n’est pas seulement une nécessité démocratique, c’est également une condition de l’efficacité du FMI en matière de supervision. Comme le suggère notamment Hector Torres, administrateur suppléant de l’Argentine au FMI, si l’appréciation par le Fonds des risques accumulés aux Etats-Unis a été si « lamentable », c’est parce que la « distribution des pouvoirs » en son sein peut le pousser à « se cacher les yeux face aux vulnérabilités économiques de ses membres les plus influents − précisément ceux dont les politiques nationales ont les plus fortes implications systémiques ». Or, le FMI est chargé par le G20 de collaborer avec le Forum de stabilité financière pour « signaler les risques macroéconomiques et financiers et indiquer les actions pouvant les contrer ».
Par ailleurs, la Belgique s’est révélée le principal Etat membre en défaveur de la décision du G20 de Londres d’allouer 6 milliards de dollars issus de la vente d’or du FMI aux pays les plus pauvres touchés par la crise. Le Directeur exécutif belge, Willy Kiekens, s’est en effet inquiété de la « protection du capital de base du FMI ». Alors que cette décision du G20 était une des rares censée bénéficier aux pays les plus pauvres, on peut s’inquiéter de l’impact d’une telle position dans ces pays frappés de « chocs externes ».
Le CNCD-11.11.11 s’inquiète de ces positions défendues par la Belgique contre l’intérêt des pays les plus pauvres et la démocratisation du FMI. Le CNCD-11.11.11 rappelle ses exigences au gouvernement belge en matière de réforme des institutions financières internationales et de soutien aux pays pauvres frappés de plein fouet par une crise dont ils ne sont pas responsables.
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