I ) Rapport narratif
II) Bilan synthétique
1.Contexte du séminaire
2.Bilan logistique du séminaire
3.Bilan politique du séminaire
Après Bruxelles en septembre 2006 et São Paulo en janvier 2010, Dakar a abrité le 3e séminaire des mouvements sociaux du 5 au 7 novembre 2010. Une centaine de délégué(e)s représentant une cinquantaine d’organisations venant du monde entier ont pris part à ce séminaire. A noter : la présence de Samir Amin de l’Egypte, de PK Murthy de l’Inde, de Gus Massiah de France et bien d’autres militants de l’Europe, des Etats Unis, de l’Amérique du Sud, de l’Asie et de l’Afrique, avec une forte participation des mouvements sociaux sénégalais (syndicats, banlieues, femmes, agriculteurs, migration, …).
Après un mot de bienvenue du directeur de l’EBAD où la rencontre a eu lieu, et le rappel par Mamadou Diop Castro (CADTM Sénégal) des enjeux et objectifs du séminaire, le séminaire a débuté par un rappel historique de la dynamique du Forum social mondial (FSM). Josie Riffaud de la confédération paysanne (Via Campesina), est revenue sur les événements qui ont précédé le FSM dès le début des années 1990. Elle a soulevé au passage les problèmes qui ont marqué les FSM, en particulier celui de Nairobi en 2007 en termes de marchandisation et de militarisation qui ont été tant critiqué par les mouvements sociaux.
Olivier Bonfond du CADTM est, quant à lui, revenu sur l’historique et les perspectives du processus de l’Assemblée des mouvements sociaux (AMS). Il rappelle que l’AMS, telle que définit par le premier séminaire des mouvements sociaux, est « une coalition de différents mouvements ayant des objectifs régionaux et nationaux spécifiques mais qui, ensemble, veulent lutter à l’échelle mondiale contre le capitalisme dans sa phase néolibérale, impérialiste et militaire, contre le racisme et contre le patriarcat. Il se veut un espace ouvert à tous ceux et toutes celles qui luttent, dans leur diversité. » L’AMS est de ce point de vue un processus et non un événement, elle a pour objectif de renforcer la lutte contre la globalisation capitaliste. [http://www.cadtm.org/Historique-et-perspectives-du]
Ces deux premières présentations on été suivi d’un débat qui a posé, entre autres questionnements, la nécessité de définir ce qu’est un mouvement social et ce que sont les luttes sociales. Ce questionnement est revenu à plus d’une fois et a été l’objet de débats au sein des groupes de travail. Une réflexion là-dessus sous forme d’analyse écrite s’avère importante et utile. Un point de départ pourrait être de définir ce qu’un mouvement social n’est pas.
Dans un deuxième temps, le séminaire s’est concentré sur l’analyse de la conjoncture internationale en tentant de répondre à deux questions :
1 : comment évolue la crise globale et l’offensive capitaliste ?
2 : comment évolue la réponse des mouvements sociaux face à cette offensive ?
L’analyse de la conjoncture internationale a mis en évidence que la reprise de la croissance à l’échelle internationale suite à la crise mondiale reste fragile et est accompagnée d’une précarisation sociale qui risque de replonger le monde dans une nouvelle crise à court terme. Face à cette offensive capitaliste des résistances existent mais celles-ci ne sont pas à la hauteur des attaques. Malgré certains discours, l’Afrique est durement touchée. L’impérialisme et la domination sous ses multiples formes persistent
Mimoun Rahmani d’ATTAC/CADTM Maroc complète par les spécificités de l’Afrique du Nord où, du point de vue politique, les régimes en place sont autoritaires avec des présidents à vie et des constitutions taillées sur mesure, ainsi que des élections le plus souvent truquées et falsifiées. A noter également l’existence de pratique d’esclavagisme en Mauritanie.
Coté économique, les gouvernements appliquent à la lettre les recommandations des IFIs (dégradation des services publics, poursuite du processus de privatisation, cherté de la vie, endettement…). La Banque mondiale est derrière chaque politique.
Sur le plan social, face à un mouvement syndical affaibli et divisé, se développent de nouvelles actions collectives, le plus souvent spontanées, des populations et, parfois, conduites et/ou encadrées par les mouvements sociaux. Ces mêmes mouvements sont systématiquement réprimés et criminalisés. Face à ces attaques, le renforcement de la solidarité internationale s’avère plus que jamais important et nécessaire.
Ana Maria Prestes (OCLAE Brésil) relate la situation en Amérique du Sud et met l’accent sur les tentatives de déstabilisation politique, avec le coup d’état au Honduras ou la tentative du coup d’état en Equateur. Elle met également en évidence le processus de militarisation de toute la région avec en particulier une intensification des bases militaires américaines (exemple de la Colombie). Elle pense tout de même que le Brésil peut jouer un rôle important pour mesurer la température politique dans toute la région (en faisant allusion aux dernières élections ayant conduit Dilma Roussef à la présidence), et qu’une intégration Sud Sud s’impose.
Pk Murthy (Forum Mondial des Alternatives - Inde) traite de la situation en Asie et s’attarde à son tour sur les effets de la domination impérialiste à tous les niveaux, en particulier sur le plan social marqué par plus de pauvreté et de précarisation ainsi que des catastrophes naturelles qui n’en finissent pas à cause justement du modèle capitaliste productiviste.
Confirmations de Michael Guerrero (Grassroot Global Justice – USA) qui précise qu’avec l’élection de Barak Obama, considérée comme une victoire du peuple, le projet impérialiste se poursuit et de nouvelles bases militaires sont implantées partout dans le monde.
Quant à la situation dans le vieux continent, souligne Claude Quemar du CADTM France, elle est marquée sur le plan économique par une augmentation de plus en plus importante de l’endettement, essentiellement causé par le sauvetage des banques et les cadeaux faits aux riches ces deux dernières décennies. L’UE invite les Etats à prioriser le sauvetage des banques et à renforcer les politiques d’austérité.
En somme, les analyses des différents intervenants sur la conjoncture mondiale montrent que les populations vivent, bien qu’à des rythmes et intensités différents les mêmes problèmes et la même domination du capital. Les résistances aux politiques antisociales existent mais ces résistances ne sont pas à la hauteur et il va falloir s’organiser mieux. Comme disait Claude Quemar il y a des contradictions internes de classes que ce soit au Nord ou au Sud. D’où l’importance du FSM à Dakar et d’où la nécessité de la coordination et l’articulation des mouvements sociaux. Point qui a été justement abordé dans le cadre des groupes de travail.
Il ressort de ces premiers débats en ateliers que les mouvements sociaux restent divisés et donc faibles, et qu’il va falloir unifier les luttes avec une perspective révolutionnaire sur des bases anticapitalistes. D’où, comme première étape, la nécessité de partager les expériences, de visibiliser les mouvements, d’articuler et d’ordonner les luttes locales et de les renforcer à travers des coordinations nationales, continentales et enfin mondiales.
Le problème d’identité a été soulevé et il s’avère utile d’avoir une charte (plate forme) des mouvements sociaux au niveau mondial ou africain. S’impose également l’idée d’un slogan unifiant toutes les luttes « contre la mondialisation capitaliste ». Pour cela le FSM doit être un catalyseur de luttes, un espace de construction d’un mouvement social fort et unifié. Il est aussi impératif de consolider la solidarité internationale pour protéger les militants qui luttent.
Un débat a eu lieu par la suite en plénière sur les avancées de la préparation du FSM de Dakar, et les participants n’ont pas caché leurs inquiétudes en particulier par rapport à la logistique et aux frais d’inscription :
Les problèmes des visas et des tracasseries douanières pour le passage des caravanes transitant les différentes frontières entre pays africains ;
Les frais très chers des visas dans des pays en Afrique (71 Euros au Burkina Fasso) et les prix élevés des billets d’avions.
Les membres du comité d’organisation sénégalais présents ont tout de même rassuré les participants en précisant qu’il y aura des facilités au niveau du Sénégal, et les frais d’inscription seront très abordables (entre 200 (0,25€) et 350 francs CFA pour les sénégalais et 3500 (5€) pour les africains) voire même gratuits pour les étudiants et les paysans ; voir le détail des frais d’inscription ici : http://fsm2011.org/fr/frais-de-participation-0. Pour l’hébergement, la priorité est donnée aux centres d’accueil avec possibilité de négocier des réductions au niveau des hôtels.
Le séminaire attaque par la suite la préparation de l’AMS du FSM de Dakar dans le cadre des groupes de travail en 3 ateliers. Les conclusions de ces travaux peuvent être résumées ainsi :
L’AMS est définit comme étant un espace de luttes et de constructions d’actions en commun. Elle a pour objectifs de faire converger les luttes et de les rendre plus visibles, et de définir un agenda commun de mobilisations et d’actions ;
Partant des expériences précédentes, en particulier celles de Nairobi et de Belém, l’AMS de Dakar devra être une assemblée populaire et massive ;
Pour cela il faudra identifier les luttes locales, nationales et régionales pour les visibiliser, et les mouvements sociaux devront s’approprier le processus du FSM ;
Définir les thématiques clés et réaliser un travail avant le FSM pour bien préparer l’AMS
Travailler dans le sens de l’articulation entre le FSM et l’AMS qui n’est pas encore tout à fait clair ;
Renforcer les dynamiques des quartiers et des banlieues ;
Vulgariser l’AMS pour la distinguer du FSM.
Penser à un slogan unificateur ;
Encourager l’utilisation des langues locales ;
Mettre en place un groupe de facilitation dont le rôle consiste à préparer activement l’AMS de Dakar ;
Rédiger une charte (ou plate forme) des mouvements sociaux africains ; qui retrace les orientations sur ce que font les mouvements sociaux et ce qu’ils veulent ;
Rester vigilant par rapport à l’Assemblée des Assemblées : ne pas casser la dynamique de l’AMS. L’AMS est prioritaire et devrait être la dernière activité du FSM.
Enfin des décisions importantes ont été prises, en particulier la mise en place d’un groupe de facilitation des mouvements sociaux, de donner une place adéquate à l’AMS au FSM, et programmer l’AMS à la fin des activités du FSM de Dakar après les assemblées thématiques.
Une déclaration finale a été également adoptée [http://www.cadtm.org/Rapport-du-Seminaire-des].
Un agenda d’actions a été discuté pour 2011 mais celui-ci devra être complété en février à Dakar lors de l’AMS que tout le monde s’est accordé à dire qu’elle devra être populaire et massive.
1.Contexte du séminaire
La réalisation de ce séminaire est la concrétisation de plusieurs décisions :
Janvier 2010 - São Paulo : deuxième séminaire mondial des mouvements sociaux
Mai 2010 – Dakar : Réunion de préparation du séminaire
Rajoutons également que ce séminaire s’est inscrit dans une série de rencontres visant la préparation du FSM Dakar 2011 :
Du 5 au 7 novembre : séminaire des mouvements sociaux
Le 8 novembre : Conseil Africain
Le 9 novembre : séminaire international sur les enjeux du Forum Social Mondial 2011
Le 10 et 11 novembre : Conseil International du FSM
2.Bilan logistique du séminaire
Un interprétariat militant bénévole et d’une qualité irréprochable : la présence militante et bénévole d’une équipe de 7 membres du réseau Babels a permis de traduire l’entièreté des interventions en trois langues (anglais, français, espagnol).
Un lieu gratuit mais pas idéal : Le séminaire s’est déroulé dans les locaux de l’EBAD (Ecole des bibliothécaires, archivistes et documentaliste) au sein de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Un amphithéâtre a été mis gratuitement à disposition par l’Université. Cependant, le fait que le séminaire se soit tenu dans un amphithéâtre n’a pas facilité l’horizontalité et le dynamisme des échanges.
Une restauration de qualité et à proximité : les déjeuners des trois jours de séminaire ont été assurés par le service de restauration de l’UCAD, ce qui nous a permis de rester dans l’enceinte de l’Université lors de la pause déjeuner et ainsi de renforcer les échanges entre les participants.
Un budget limité ayant valeur d’exemple : L’organisation de ce séminaire a été un défi à plusieurs niveaux, dont au niveau financier. Vu les ressources limitées du processus AMS, la proposition faite par le comité facilitateur a été que chaque organisation/mouvement/réseau participant finance ses billets d’avion. Afin de financer les frais de logement, d’alimentation, d’interprétariat, de secrétariat, mais aussi la présence d’organisations qui n’ont pas suffisamment de ressources pour s’autofinancer mais dont leur participation au processus est importante, un fond de solidarité a été mis en place. Le montant total des différentes contributions des organisations s’est élevé à environ 7000 euros (dont 5000 euros du CADTM Belgique). Il faut souligner ici que l’énorme effort réalisé par le comité facilitateur pour comprimer au maximum les coûts, notamment via un engagement militant important à tous les niveaux. Ce sont par exemple des jeunes universitaires qui ont pris en charge les pauses café. Au final, malgré des ressources très limitées, le séminaire n’a connu qu’un léger déficit. Ce budget a réellement valeur d’exemple. Il prouve qu’il est possible d’organiser avec succès et très peu de moyen, un séminaire de qualité qui rassemble une centaine de personnes pendant 3 jours.
3.Bilan politique du séminaire
Pour rappel, ce séminaire s’était fixé les objectifs suivants :
1.Avancer sur une analyse et des alternatives communes
2.Avancer sur un agenda de mobilisation pour 2010 et 2011
3.Préparer le FSM DAKAR
4.Préparer l’AMS du FSM Dakar
5.Renforcer la coordination africaine des mouvements sociaux
6.Préparer le Conseil International du FSM
Globalement, on peut dire que les débats ont été positifs et constructifs et que ce séminaire a atteint la plupart de ses objectifs.
Il faut cependant remarque que plusieurs facteurs ont rendu plus difficile la réalisation de l’ensemble des objectifs fixés initialement, pour mettre une place plus importante aux échanges et à la définition du processus FSM et AMS :
Certains mouvements sociaux connaissaient assez peu les tenants et aboutissants du processus FSM et AMS.
Il y a un « roulement » assez important pendant les trois jours. Il a donc fallu reprendre à plusieurs reprises des éléments qui avaient déjà fait l’objet d’exposés et débats.
Plusieurs mouvements sociaux sénégalais semblaient se rencontrer pour la première fois. Ces deux éléments nous ont obligés à adapter quelque peu le programme.
En ce qui concerne la participation et la représentativité
115 délégués provenant de 21 pays et représentant un peu moins d’une centaine de mouvements sociaux ont pris part au séminaire. Le problème de représentativité de certaines régions du monde s’est fait ressentir pour les régions Asie, Océanie, Europe de l’Est et Moyen-Orient.
Au niveau sénégalais, une quarantaine de mouvements sociaux étaient représentés, avec les principaux syndicats sénégalais et de nombreuses d’organisation « de base » (banlieues, femmes, agriculteurs, migration, …)
En ce qui concerne la réalisation de l’objectif 1 : Avancer sur une analyse et des alternatives communes
Suite aux différentes introductions sur le contexte international et les spécificités continentales (Afrique, Maghreb, Amérique latine, Asie, Europe, USA), les débats ont mis en évidence plusieurs points importants :
la reprise de la croissance à l’échelle internationale reste fragile et s’accompagne d’une précarisation sociale qui risque de replonger le monde dans une nouvelle crise à court terme.
Contrairement à certains discours, l’Afrique est durement touchée et l’impérialisme et la domination sous ses multiples formes persistent.
Face à cette offensive capitaliste, des résistances existent mais celles-ci ne sont pas à la hauteur des attaques.
pour plus d’infos, lire le rapport narratif ci-dessus
A noter également un impact médiatique important avec une forte présence de journalistes et de médias sénégalais. Plusieurs interventions TV, radios, ainsi que des articles sur les enjeux du séminaire repris dans la presse écrite et la presse en ligne.
En ce qui concerne la réalisation de l’objectif 2 : Avancer sur un agenda de mobilisation pour 2010 et 2011
Un agenda des mobilisations pour 2010/2011 a été discuté mais il devra être complété dans les semaines et mois à venir. Il a également été souligné qu’il ne faut pas confondre agenda d’évènements et agenda de luttes. Cependant, plusieurs moments importants où il s’agira de coordonner nos forces ont déjà été mis en avant. Il s’agit notamment de :
Du 25 Novembre au 9 Décembre 2010 : COP 16 Cancun
Février 2011 : FSM Dakar
50e anniversaire de la mort de Patrice Lumumba
55e anniversaire de la conférence de Bandoeng
25e anniversaire Thomas Sankara
COP 17 : South Africa / Durban
L’idée est d’arriver à Dakar avec un calendrier de mobilisations le plus complet possible. Pour cela, le groupe de facilitation de l’AMS Dakar va contacter les différents mouvements sociaux pour leur demander leurs agendas et leurs priorités en termes de lutte et de mobilisations. Ensuite, il centralisera le tout dans un agenda commun.
En ce qui concerne les objectifs 3 et 4 : préparation du FSM de Dakar et de l’AMS de Dakar
Ce séminaire a été un moment important pour la préparation concrète de la mobilisation pour le prochain FSM qui se tiendra à Dakar du 6 au 11 février 2011. Malgré les nombreux efforts fournis par les différentes commissions pour préparer le FSM, il apparaît qu’il reste un travail important à faire en terme de mobilisation des populations et des organisations locales. Pour que le FSM (et donc aussi l’AMS de Dakar) soit réellement populaire, utile aux sénégalais, et avec une incidence sur les luttes locales et régionales, les mouvements sociaux de base doivent nécessairement s’approprier le processus FSM et AMS. L’AMS compte jouer un rôle actif dans ce cadre, notamment en organisant plusieurs réunions larges entre les mouvements sociaux sénégalais mais aussi en organisant des activités d’appropriation dans les banlieues et les quartiers populaires. A noter également que ce travail devrait également se réaliser à travers l’organisation d’activités culturelle, en étroite collaboration avec le mouvement hip hop sénégalais (réalisation d’un CD AMS, organisation de concerts avec interventions politiques,…)
Pour garantir la réalisation d’une bonne AMS, il est nécessaire de la préparer avant le FSM et pendant le FSM (ex : se réunir les soirs pendant FSM). Afin de concrétiser cela, un groupe de facilitation a été créé. Il aura pour rôle principal de faciliter la préparation de l’AMS de Dakar 2011.
Il est également important de prendre en considération les forces et les faiblesses des assemblées des éditions précédentes :
FSM Nairobi : mauvais Forum mais très bonne AMS.
FSM Belém : Bon Forum mais AMS en demi teinte malgré une bonne déclaration politique et un agenda commun mondial basé sur 4 grandes dates de luttes
En ce qui concerne l’objectif 5 : Renforcer la coordination africaine des mouvements sociaux en la liant avec la dynamique mondiale de l’AMS
Comme cela a été rappelé tout au long du séminaire, l’AMS n’est pas un évènement mais bien un processus. Dans ce sens, si réussir une bonne assemblée est fondamental, il faudra également veiller à ce que, au sortir du FSM, le processus de coordination des mouvements sociaux africains et mondiaux se structure et se renforce dans le temps.
Dans le cadre de la décentralisation du processus AMS (décision prise lors du séminaire de São Paulo en janvier 2010), La création d’une coordination africaine des mouvements sociaux est nécessaire. Le groupe de facilitation pour l’assemblée 2011 devrait constituer la base de cette coordination. Il faut également réfléchir à comment intégrer un ou plusieurs mouvements sociaux africains dans le groupe de facilitation mondiale de l’AMS.
La nécessité de communiquer mieux et davantage afin de partager et diffuser sur le processus AMS. L’un des défis majeur que nous devons relever est l’implication des mouvements sociaux de tous les pays du monde pour le processus dans le long terme. Pour cela, il est nécessaire d’avancer vers le développement de la liste mondiale de diffusion (« social-movements »). Des initiatives seront prises dans ce sens dans les semaines qui viennent.
L’AMS doit prendre à cœur de donner du sens à la lutte commune. Il est primordial que ceux qui souffrent soient suffisamment représentés et entendus dans le processus AMS.
L’importance de l’implication de la jeunesse dans le processus. Les mouvements sociaux ont vu l’émergence d’une jeunesse politisée, dynamique et volontaire dans le militantisme, notamment à travers les questions climatiques. Cette jeunesse militante existe mais n’est pas assez présente et impliquée dans le processus AMS.
Notons également qu’il a été souligné à plusieurs reprises que l’action des mouvements sociaux est éminemment politique. Il ya donc une nécessité d’approfondir le débat sur la relation qu’il faut construire entre les mouvements sociaux et les partis politiques qui sont porteurs d’alternatives radicales allant dans le sens de l’AMS, à savoir des alternatives féministes, anticapitalistes, antiracistes, socialistes, internationalistes.
Autre remarque importante : Il est fondamental de mieux préciser la nature et les objectifs de l’AMS. Mis à part les différentes déclarations des AMS précédentes, il n’existe pas vraiment de texte de référence commun qui pourrait permettre aux mouvements sociaux de se considérer comme « membre » du processus AMS.
Il n’existe pas non plus de site internet. La création d’un site ne semble pas être possible à court terme, même si celui-ci pourrait être un outil utile pour échanger et socialiser les expériences, et construire de façon collective les luttes à venir. Afin de pallier à cette lacune, une demande sera faite au CADTM pour qu’il crée sur son site un focus permanent « AMS » où on pourra trouver tous les documents de l’AMS (déclarations / rapports / …)
Il a été proposé à plusieurs reprises par les mouvements sociaux sénégalais l’importance de consolider la structure de l’AMS (groupe de facilitation continentale et groupe de facilitation mondiale) mais aussi d’avoir une plateforme ou un texte de référence mondial qui définit l’AMS et précise la notion de mouvement social. Bien que cette dernière notion soit difficile à définir, il semble intéressant de commencer par préciser une série de caractéristiques fondamentales des mouvements sociaux et dans le même temps, définir ce que les mouvements sociaux ne sont pas. Il est apparu clairement qu’avoir des valeurs et des points de convergence est important pour se sentir concerner et s’impliquer réellement dans un processus global de luttes.
Dans un premier temps et dans le cadre de la préparation de l’assemblée de Dakar, il serait intéressant que les mouvements sociaux sénégalais réfléchissent à l’élaboration d’une plate-forme sénégalaise et/ou africaine des mouvements sociaux.
En ce qui concerne l’objectif 6 : Préparer le Conseil International du FSM
Les mouvements sociaux présents ont mis en évidence deux points importants :
1 : la nécessité d’aborder régulièrement le processus AMS lors des Conseils internationaux du FSM, en particulier pour rappeler que L’AMS ne veut pas de place privilégiée par rapport à qui que ce soit, mais, en tant que processus transversal, il est nécessaire que l’on reconnaisse qu’elle est différente des assemblées thématiques ou encore de l’assemblée des assemblées. Rappelons-le, l’AMS veut construire un agenda commun de luttes et se positionner politiquement en donnant du contenu au slogan « un autre monde est possible », ce que le FSM ne peut pas faire en lien avec sa charte des principes.
2 : Afin de pouvoir se concentrer sur le travail politique et non logistique, et de réussir une assemblée dynamique, massive et populaire, l’espace qui sera dédié à l’AMS pour le FSM 2011 est un élément très important. Il a été décidé d’intervenir lors du CI pour rappeler et reconfirmer le consensus adopté lors du séminaire de juillet 2010, afin que l’AMS se tienne le 10 février après les assemblées thématiques. Ce point a été confirmé en CI mais il est nécessaire de rester vigilant quant aux décisions finales qui seront prises par le comité de pilotage. Notons également que plusieurs mouvements sociaux restent convaincus qu’il serait bien plus positif de supprimer l’assemblée des assemblées et de terminer le FSM avec l’assemblée des mouvements sociaux.
est économiste et conseiller au CEPAG (Centre d’Éducation populaire André Genot). Militant altermondialiste, membre du CADTM, de la plateforme d’audit citoyen de la dette en Belgique (ACiDe) et de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015.
Il est l’auteur du livre Et si on arrêtait de payer ? 10 questions / réponses sur la dette publique belge et les alternatives à l’austérité (Aden, 2012) et Il faut tuer TINA. 200 propositions pour rompre avec le fatalisme et changer le monde (Le Cerisier, fev 2017).
Il est également coordinateur du site Bonnes nouvelles
Secrétaire général adjoint d’ATTAC Maroc, est membre d’ATTAC/CADTM Maroc et représentant du Réseau CADTM international au CI du FSM.