A l’occasion de ses vingt ans, le 27 novembre 2010, le CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du Tiers monde) a rendu hommage à Denise Comanne qui nous a quittés le 28 mai 2010. Avec son compagnon, Eric Toussaint, elle avait fondé le CADTM, à la suite des manifestations de Paris, contre le G7, autour du mot d’ordre « Dette, apartheid, colonies, ça suffat comme ci ! ». Ils avaient joué un rôle déterminant dans le lancement et l’élargissement de la campagne internationale pour l’abolition de la dette et pour toutes les mobilisations qui ont suivi contre la dette, les programmes d’ajustement structurel, le FMI, la Banque Mondiale et l’OMC.
Le réseau du CADTM s’est construit avec des membres très actifs dans quatre continents, l’Europe, l’Afrique, l’Amérique Latine et l’Asie. Ce réseau a soutenu et accompagné le réseau des Attac dès que celui-ci est apparu. Il a aussi participé activement au processus des forums sociaux mondiaux, à son Conseil international et à ses différentes déclinaisons, notamment à l’Assemblée des mouvements sociaux. Le CADTM a développé une expertise citoyenne particulièrement approfondie sur la dette, produisant des connaissances et les mettant au service des mouvements sociaux, définissant de nouvelles approches avec l’audit public de la dette qui a joué un rôle dans l’évolution des positions de plusieurs gouvernements en Amérique Latine. Aujourd’hui encore, le CADTM s’est investi sur la dette publique en Europe et son rôle dans la crise globale. Il retrouve ainsi l’action que Denise et Eric avaient menée en 1984 dans les mobilisations syndicales contre l’explosion prémonitoire de la dette publique de la ville de Liège.
Denise était une grande dame, disponible et souriante, à l’écoute de chacun et de tous. Elle tirait sa sérénité et sa confiance de l’engagement et de la lutte. Elle a apporté au CADTM les trois qualités qui caractérisent ce réseau : son internationalisme, sa ténacité dans la construction d’une présence mondiale, sa capacité de transmission à de nouvelles générations.
Denise a joué dans cette saga un premier rôle. Militante politique, ancienne déléguée syndicale, engagée dans les luttes de la solidarité internationale, dans les mouvements sociaux et le mouvement altermondialiste. Elle était toujours là, disponible, prête à s’enflammer, écorchée, prête à bondir contre l’injustice, toutes les injustices. Elle avait beau ne pas chercher à se mettre en avant, il était difficile de ne pas la voir, présente et active dans toutes les luttes sociales, féministes, écologiques, démocratiques. Internationaliste toute d’une pièce, elle savait que la décolonisation, encore inachevée, est une étape pour la libération de tous les peuples y compris les peuples du Nord qui doivent encore surmonter leur statut de colonisateur. Féministe engagée dans les luttes locales, nationales et internationales, elle était une militante active de la Marche mondiale des femmes. Elle définissait sa lutte sur trois fronts : contre le capitalisme, le racisme et le patriarcat. Elle était sensible à la prise en compte de l’oppression patriarcale au sein d’une organisation, y compris de la sienne, considérant qu’elle devait être le point de départ d’une conscience féministe Quelques jours avant sa mort, elle avait été à l’initiative, à partir de la dette grecque, d’un appel : Femmes d’Europe, levez-vous, soulevez vous !
est une des personnalités centrales du mouvement altermondialiste. Ingénieur et économiste, né en 1938 au Caire, a présidé le CRID (Centre de recherche et d’information pour le développement), galaxie d’associations d’aide au développement et de soutien aux luttes des pays du Sud, et a été vice-président d’Attac-France de 2003 à 2006.