Nous sommes très heureuses de vous informer que du 18 au 21 décembre 2012, le CADD (Cercle d’autopromotion pour le développement durable) Bénin, membre du CADTM Afrique, organise une formation de renforcement des capacités des femmes du réseau sur la question de la dette et de l’audit. Cet événement fait partie intégrante des activités 2012 du CADTM Afrique.
Ce Séminaire de formation poursuit trois finalités principales :
Outiller les femmes du CADTM Afrique sur les mécanismes de la dette et les processus d’audit ;
Leur fournir les connaissances pédagogiques et analytiques nécessaires afin qu’elles puissent se muer en formatrices sur les questions de la dette dans leur pays respectif et constituer une force de proposition et d’action importante au sein du CADTM Afrique ;
Favoriser leurs aptitudes à produire des analyses sur la dette, ses impacts sur les femmes ainsi que sur les alternatives féminines/istes à la dette.
Le CADTM Afrique sera très bien représenté durant cette activité puisqu’y participent pas moins de 11 associations membres du réseau.
Durant ces 4 journées de formation ( voir programme ci-dessous et en pièce jointe), les participantes s’approprieront quelques-uns des outils pédagogiques du CADTM (désormais accessibles sur le site : http://cadtm.org/Outils-pedagogique ) qui permettent d’acquérir une connaissance théorique et analytique sur la dette, l’audit et les alternatives à construire, se formeront sur les impacts de cette dette sur les femmes au Sud et au Nord, questionneront les modalités de mobilisations, d’action et d’alternatives féminines/iste face à cette dette, acquerront des techniques d’animations et enfin travailleront à renforcer la Coordination des luttes féministes du CADTM et sa participation au FSA/FSM ainsi qu’à l’Assemblée mondiale du réseau au Maroc.
Voici un aperçu des activités prévues. Nous pensons bien que ce temps de rencontre et de travail collectif ouvrira la voie à des projets, perspectives et propositions originales à venir.
Séminaire à Cotonou : une 1re journée enthousiasmante !
Voici quelques nouvelles du Séminaire de formation des femmes du réseau CADTM Afrique sur la dette et l’audit qui se tient actuellement à Cotonou. Le CADTM Afrique est bien représenté : pas moins de 11 associations du réseau participent. La formation, qui aujourd’hui rassemble plus de 30 femmes, a débuté par une présentation du réseau international du CADTM, de ses objectifs et stratégies. Les liens entre la dette et les luttes des femmes ainsi que la volonté du réseau de renforcer autant ses analyses que ses pratiques féministes ont également été exposés en mettant l’accent sur la nécessité pour les femmes du réseau de prendre toute la place qui leur revient dans la lutte contre la dette.
In fine, furent partagées les finalités principales de ces 4 journées de formation à savoir : Outiller les femmes du CADTM Afrique sur les mécanismes de la dette et les processus d’audit ; leur fournir les connaissances pédagogiques et analytiques nécessaires afin qu’elles puissent se muer en formatrices sur les questions de la dette dans leur pays respectif ; constituer une force de proposition et d’action importante au sein du CADTM Afrique et enfin favoriser leurs aptitudes à produire des analyses sur la dette, ses impacts sur les femmes ainsi que sur les alternatives féminines à la dette.
L’esprit de cette formation est bien de faire en sorte que le CADTM Afrique et international, en comptant désormais parmi ses membres des femmes s’étant appropriées ses thématiques prioritaires de travail, soit un CADTM renforcé et nettement plus représentatif des populations pour lesquelles il se bat.
La présentation du CADD par Emilie Atchaka fut clôturée en chansons reprises à l’unisson et martelées avec rythme : « Annulez, annulez, la dette, elle tue, elle pille elle assassine », « So, so, so , solidarité avec les femmes du monde entier », « Ensemble, tout est possible » !
La pratique du Sudestan (outil pédagogique) démontra combien les participantes étaient déjà bien sensibilisées et informées quant au « système dette » et ses conséquences pour la population et la justice sociale. La présentation de la « Ligne du temps » par Emilie Paumard permit d’expliciter plus largement les mécanismes et l’historique de l’endettement du Sud. Là aussi, la réactivité des femmes, leurs connaissances et motivation permit de faire de cette session un moment des plus interactif et intéressant.
Demain, nous nous concentrerons sur les impacts spécifiques de la dette sur les femmes du Sud et du Nord, leurs mobilisations et luttes ainsi que les alternatives qu’elles mettent partout en œuvre. Nous clôturons par un atelier sur les techniques d’animation afin que les femmes du réseau aient plus de facilités à prendre la parole en public, à faire passer leurs points de vue, à représenter leurs associations, à se sentir plus à même pour donner des formations.
Donc un lancement de ce Séminaire assez enthousiasmant et qui, nous l’espérons, nous fera tou-te-s progresser dans la sensibilisation et la lutte contre la dette illégitime et pour l’audit.
Emilie Paumard, Emilie Atchaka et Christine Vanden Daelen
Parcourant des milliers de kilomètres, bravant les difficultés liées aux transports et laissant derrière elles obligations et responsabilités, des femmes de pas moins de 11 pays africains répondirent unanimement « présentes ! » au rendez-vous que leur avait fixé le CADTM Afrique à Cotonou en cette fin d’année 2012. Convergeant d’Afrique du Nord (Tunisie), du Centre (RDC, République démocratique du Congo) et de l’Ouest (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal, Togo), pas moins de quarante militantes d’âges, de cultures, de tempéraments et d’expériences aussi divers que variés participèrent activement au Séminaire de formation des femmes du réseau sur la dette et l’audit impulsé par le CADTM Afrique et accueilli par le CADD (Cercle d’Autopromotion pour le Développement Durable) Bénin. Du 18 au 21 décembre, les participantes mirent toutes leurs énergies au service de la réussite des objectifs de cette formation [1]. En quatre journées, elles évoluèrent d’un processus d’apprentissage vers l’élaboration collective d’actions et de stratégies à opposer au « système dette ». Quelles furent les étapes, les cheminements, qui permirent aux militantes africaines de s’approprier les thématiques prioritaires de travail qui sous-tendent les luttes du CADTM pour ensuite se muer en force de proposition authentique ? Ébauche d’explications…
Dès l’ouverture de la formation par l’animation d’un « Sudestan » (outil pédagogique [2]), le ‘profil’ des participantes se dévoila distinctement : il s’agissait de femmes qui n’ignoraient en rien les effets de la dette sur les populations notamment en termes de déni de toute justice sociale. De fait, comment auraient-t-elles pu ignorer le saccage socio-économique de la dette alors que chaque jour, comme l’affirma l’une des participantes, « elles paient de leur sang et de leurs souffrances les conditionnalités mortifères des PAS » !? Dès le début du jeu de rôle, ces militantes élaborèrent diverses stratégies excluant toute intervention du FMI au bénéfice d’accords renforçant la solidarité entre les divers continents. La présentation de la « Ligne du temps de la dette » par Emilie Paumard permit d’expliciter plus largement les mécanismes et l’historique de l’endettement du Sud. Là aussi, la réactivité des femmes, leurs connaissances et motivation firent de cette session un moment des plus interactif et intéressant.
La seconde journée fut consacrée à l’analyse des impacts spécifiques de la dette sur les femmes. Deux exposés, l’un portant sur les PAS et leurs conséquences pour les femmes au Bénin et en Afrique, l’autre sondant l’austérité au Nord et le crash social qu’il représente pour les femmes européennes firent ressortir les similitudes des déstructurations multiples qui affectent les femmes du Sud comme du Nord. De fait, au-delà de toute polarisation du monde entre un centre développé et une périphérie à la dérive, il fut aisément constaté que partout ce sont bien les femmes qui paient le plus lourd tribu des politiques imposées au nom de la dette, du Sud au Nord, ce sont elles qui sont les plus durement frappées. Les privatisations, libéralisations, restrictions budgétaires au menu des PAS et de l’austérité généralisée sabrent universellement leurs acquis sociaux, accentuent leur pauvreté, durcissent et aggravent les inégalités entre les sexes et accroissent les violences à leur égard. Suite à ce constat, le verdict des militantes fut sans appel : « Où que l’on habite sur cette planète, la dette sanctionne et empêche toute émancipation des femmes ». Dès lors, « puisque cette dette ne nous fait pas de cadeau, ensemble, femmes du Sud et du Nord, tuons la afin qu’elle cesse de nous tuer ». Une telle volonté de se mobiliser contre la dette permet d’être optimiste quant au développement au sein du CADTM d’énergies féminines déterminées, enthousiastes et combatives.
Durant la seconde partie de cette journée, deux groupes de travail furent constitués afin que chaque participante puisse au mieux expliciter les conséquences observées et ressenties des PAS sur les conditions de vie des femmes de leur pays. Tout comme en matinée, au-delà de quelques particularités, ce fut bien également la similitude des régressions, calvaires et adversités que connaissent les femmes africaines qui prévaut. Dans tous les domaines, qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation, de l’autonomie financière, de l’accès au pouvoir politique, etc., la dette agit comme une lame de fond qui n’a de cesse que d’accentuer la précarité sanitaire, psychologique et économique des femmes tout comme leur exploitation structurelle et systémique.
Deux ateliers, l’un animé par Ariace Cadja Dodo (animatrice à Radio ADO FM de Cotonou), l’autre par Zeinabou Djibo (militante du RNDD Niger) donnèrent aux participantes quelques outils et pistes sur la prise de parole en public afin qu’elles aient plus de facilités pour faire passer leurs points de vue, représenter leurs associations et donner des formations.
Après tout ce travail visant une appropriation des logiques du « système dette » ainsi que l’acquisition par les participantes d’une grille de lecture genrée de ses mécanismes et impacts, les deux dernières journées du Séminaire furent orientées vers l’action et la construction communes de stratégies pour briser le cercle vicieux de l’endettement. L’animation du « Jeu des alternatives », outil pédagogique sur les diverses mesures qui peuvent être prises face à la dette, ouvrit le bal. Très impliquées, les participantes se livrèrent corps et âmes dans le choix des alternatives et délivrèrent, lors de la restitution, des argumentaires fort bien construits. Chacune des alternatives fut ensuite collectivement analysée et le groupe a su verbaliser le piège que représente certaines politiques proposées telles que les allègements de dette. Les discussions, groupes de travail, synthèses des propositions d’actions et de stratégies futures des femmes contre la dette qui rythmèrent la fin des travaux de ce Séminaire contiennent des perspectives intéressantes. En voici quelques-unes : en plus des actions déjà menées par les femmes du CADTM Afrique au sein de leurs structures respectives, il fut proposé de continuer à investir au maximum les médias (télévisions et radios) ; d’encourager les femmes du réseau CADTM Afrique à poursuivre les sit-in qu’elles organisent déjà dans leurs pays devant les sièges de la Banque mondiale, de l’Union européenne et du Ministère des Finances ; de mobiliser et d’impliquer autant les acteurs/rices de la société civile que les élu-e-s locaux, les chefs coutumiers et religieux, les étudiant-e-s et universitaires dans la lutte pour l’audit et l’annulation de la dette ; d’organiser une Marche silencieuse des femmes devant la Banque mondiale le même jour à la même heure dans tous les pays membres du CADTM Afrique ; d’organiser des journées ‘portes-ouvertes’ du CADTM afin de faire connaître ses militant-e-s, ses documents, ses luttes… Pour clôturer tout en beauté et efficacité cette formation, les participantes élaborèrent une série de résolutions destinées à renforcer la Coordination internationale des luttes féministes du CADTM. Nous vous proposons de les découvrir et d’en prendre bonne note…
Repartant avec des supports pédagogiques du CADTM, une confiance en leurs capacités accrue ainsi qu’une volonté renforcée de prendre toute la place qui leur revient dans la lutte contre la dette au sein du CADTM Afrique, les participantes se quittèrent non sans se promettre de garder contact et de donner vie aux projets élaborés durant cette formation. Sans doute, le Forum social mondial de Tunis (du 26 au 30 mars) et/ou l’Assemblée mondiale du CADTM international (fin mai au Maroc) offriront l’occasion à certaines d’entre elles de pouvoir à nouveau travailler, rêver et lutter ensemble.
Fatou Lo (APROFES, Sénégal) et Christine Vanden Daelen (CADTM Belgique)
[1] Outiller les femmes du CADTM Afrique sur les mécanismes de la dette et les processus d’audit ;
Leur fournir les connaissances pédagogiques et analytiques nécessaires afin qu’elles puissent se muer en formatrices sur les questions de la dette dans leur pays respectif et constituer une force de proposition et d’action importante au sein du CADTM Afrique ; Favoriser leurs aptitudes à produire des analyses sur la dette, ses impacts sur les femmes ainsi que sur les alternatives féminines/istes à la dette.
[2] Vous pouvez consulter sur le site du CADTM les guides d’animation des outils et supports pédagogiques mentionnés dans cet article à l’adresse http://cadtm.org/Outils-pedagogiques