88 pages - 9 €
Éditions Al Dante : www.al-dante.org
Imprimerie : Clip / Marseille, Europe.
Dépôt légal : 4e trimestre 2013
Issn : 1626-1798 / Isbn : 978-2-84761-782-5
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Recension parue dans le Monde diplomatique de janvier 2014
Au gré des scandales politico-économiques qui ponctuent l’actualité internationale, les noms de personnalités importantes sortent régulièrement dans la presse. De ces protagonistes on ne retient souvent que quelques éléments épars.
Jacques de Groote, dont il est question dans ce livre, est un exemple intéressant. Ex-directeur exécutif du FMI et de la Banque mondiale représentant la Belgique pendant une vingtaine d’années, il est accusé par la justice suisse de « blanchiment d’argent aggravé », « escroquerie » et « faux dans les titres ». L’impact médiatique a été très important en 2013, en Europe et au-delà.
Ce qui intéresse tout particulièrement Éric Toussaint dans ce récit, c’est qu’à travers le parcours de cet ancien haut responsable se dessine un morceau d’histoire de deux grandes institutions financières internationales – le FMI et la Banque mondiale – qu’il critique radicalement depuis de nombreuses années.
Les grands médias font la part belle à ces deux institutions. Impossible de les critiquer, de remettre en cause leur action, encore moins leur existence. Tout se passe comme si elles faisaient partie d’une autre dimension, où leurs échecs répétés et les graves dégâts qu’elles provoquent ne peuvent leur être imputés. Elles jouissent d’une légitimité intrinsèque et sans limite. Jamais leurs dirigeants ne sont poursuivis en justice car ils bénéficient d’une immunité pour les faits commis dans l’exercice de leurs fonctions.
Depuis leur création en 1944, la Banque mondiale et le FMI n’ont fait l’objet d’aucun procès malgré des violations répétées des droits humains.
La raison est simple : ces deux institutions sont au service des gouvernements des pays dominants et des grandes sociétés privées multinationales. Leur boussole oscille entre les intérêts privés (qu’ils soient politiques, économiques ou financiers) et ceux des grandes puissances.
Ce livre passionnant, qui se lit comme un roman historique, met en lumière ces différents éléments à travers la vie de Jacques de Groote. L’auteur ne pratique ni l’insinuation ni la diffamation envers Jacques de Groote. Il s’en tient aux faits, basant son travail d’investigation sur des sources citées de manière précise.
Nous suivons notre personnage principal au Congo Kinshasa auprès du dictateur Mobutu , qui restera célèbre pour sa féroce dictature et pour la fortune personnelle qu’il a amassée sur le dos du peuple congolais.
Nous partons ensuite au Rwanda où notre personnage principal rend des services à son ami Van den Branden, baron et patron d’une grande société minière. Là, d’une pierre trois coups, de Groote va agir en fonction des intérêts des institutions qu’il représente, le FMI et la Banque mondiale, de ceux de son ami et du régime du général Juvénal Habyarimana.
L’épopée se poursuit en République tchèque où éclate « l’affaire » de la privatisation frauduleuse de MUS (Mostecká Uhelná Spolecnost), une des principales mines de charbon. La Belgique fait également partie du décor, puisque se dessinent les intérêts géostratégiques du royaume, la généralisation de la politique néolibérale à partir des années 1980, les groupes de pression, les alliances et amitiés politiques.
Le théâtre des opérations est mondial : procès aux États-Unis, en Suisse, pipe-line en Inde, success story de la Banque mondiale et du FMI au Mexique, connexions avec des grandes banques privées internationales... À plusieurs reprises, des conflits d’intérêts sont avérés.
La toile de fond de la narration reste les institutions financières internationales qui sont responsables de violations répétées des droits humains. Lever le voile sur leurs agissements est primordial. Il va de soi qu’elles doivent rendre des comptes, tout comme les personnes qui les dirigent et les représentent. Il est essentiel de démonter le puissant mécanisme de domination que ces institutions imposent aux peuples de la planète depuis bientôt 70 ans. Le CADTM s’attelle à ce travail de critique radicale depuis plus de 20 ans et toutes ses publications regorgent d’analyses approfondies permettant de comprendre la logique mortifère des choix qui sont faits au niveau mondial.
La chute n’est pas écrite mais ce récit jette une pierre dans le jardin néolibéral et fournit de précieux éléments à toutes celles et tous ceux qui souhaitent comprendre et combattre ce système injuste.
Il est temps de vous laisser découvrir cet ouvrage très documenté qui doit provoquer en chacun de nous un besoin de révolte salutaire et renforcer la conviction qu’il faut agir.
Article paru dans Le Temps (Genève), par Valère Gognat : Un livre à propos d’un homme présenté comme « exemplaire » Un ouvrage publié par l’éditeur Al Dante, le Procès d’un homme exemplaire*, dresse le portrait de Jacques de Groote, l’un des six accusés du procès MUS. Ancien administrateur du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, ce Belge occupe une place un peu particulière dans le dossier. En effet, au contraire des autres accusés menacés de prison ferme, le Ministère public de la Confédération n’a requis contre Jacques de Groote qu’une peine pécuniaire (200 000 francs) et un emprisonnement avec sursis. Le titre de ce livre résolument à charge est-il ironique ? « Non, il faut plutôt y lire que Jacques de Groote est un exemple. Il symbolise les aspects profondément néfastes des politiques appliquées par la Banque mondiale, le FMI et l’élite qui gouverne le monde à la recherche du profit privé maximum », explique Eric Toussaint, auteur de l’ouvrage d’une petite centaine de pages. Au travers du procès MUS, mais également des activités de Jacques de Groote au Rwanda ou au Congo dans les années 1970, le président de l’antenne belge du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde a voulu documenter « un morceau d’histoire » des deux institutions internationales. Par l’intermédiaire de Jacques de Groote, ces dernières se seraient notamment « rendues complices des exactions contre les droits humains, économiques, sociaux et culturels que le régime Mobutu a commises ». Le principal intéressé, injoignable mercredi, n’a pas été invité à donner son avis durant la rédaction de l’ouvrage. * « Procès d’un homme exemplaire », Eric Toussaint, Al Dante, Marseille, 2013, 88 pages. |
Docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, porte-parole du CADTM international et membre du Conseil scientifique d’ATTAC France.
Il est l’auteur des livres, Banque mondiale - Une histoire critique, Syllepse, 2022, Capitulation entre adultes : Grèce 2015, une alternative était possible, Syllepse, 2020, Le Système Dette. Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation, Les liens qui libèrent, 2017 ; Bancocratie, ADEN, Bruxelles, 2014 ; Procès d’un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet des livres AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège.
Il a coordonné les travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015 par la présidente du Parlement grec. Cette commission a fonctionné sous les auspices du parlement entre avril et octobre 2015.