Répondre aux « Questions qui piquent sur la dette et l’austérité »
Question 10
10 juin 2016 par CADTM Belgique , Mahité Orban
Au CADTM, on sait trop bien ce que c’est d’être flippéE, voire découragéE, par toutes ces questions sur lesquelles on sèche. Du coup, inspiréEs par nos meilleurEs piqueurs et piqueuses (notre famille, nos potes, le pizzaiolo d’en face, les gens que l’on rencontre en animation), le CADTM Liège a organisé plusieurs sessions d’élaborations collectives d’éléments de réponse à ces piques (qu’elles soient d’ordre technique ou plus « politique »).
Ce travail a engendré une brochure que vous pouvez retrouver en entier ici.
Tout d’abord, rappelons que – comme l’a montré la Commission d’audit de la dette publique en Grèce – au moins 90 % de l’argent des prétendus plans de « sauvetage » européens ne sont même pas passés par la Grèce et ont directement atterri sur les comptes des banques allemandes, françaises, etc. L’argent des citoyenNEs européenNEs n’a pas été utilisé pour sauver la Grèce, mais une quinzaine de grandes banques privées qui avaient spéculé sur la dette grecque.
La Belgique est en effet engagée à hauteur de +- 10 milliards € dans ces plans de « sauvetage » que la Grèce rembourse. Il s’agit d’un prêt bilatéral de 1,9 milliards € (pour lequel elle touche des intérêts chaque année), de garanties
Garanties
Acte procurant à un créancier une sûreté en complément de l’engagement du débiteur. On distingue les garanties réelles (droit de rétention, nantissement, gage, hypothèque, privilège) et les garanties personnelles (cautionnement, aval, lettre d’intention, garantie autonome).
de 5 milliards € offertes au Fond européen de stabilité financière (FESF [1]) et de 2,2 milliards € de titres grecs détenus par la BCE
BCE
Banque centrale européenne
La Banque centrale européenne est une institution européenne basée à Francfort, créée en 1998. Les pays de la zone euro lui ont transféré leurs compétences en matières monétaires et son rôle officiel est d’assurer la stabilité des prix (lutter contre l’inflation) dans la dite zone.
Ses trois organes de décision (le conseil des gouverneurs, le directoire et le conseil général) sont tous composés de gouverneurs de banques centrales des pays membres et/ou de spécialistes « reconnus ». Ses statuts la veulent « indépendante » politiquement mais elle est directement influencée par le monde financier.
(qui les a rachetés à bas prix sur les marchés financiers
Marchés financiers
Marché financier
Marché des capitaux à long terme. Il comprend un marché primaire, celui des émissions et un marché secondaire, celui de la revente. À côté des marchés réglementés, on trouve les marchés de gré à gré qui ne sont pas tenus de satisfaire à des conditions minimales.
).
Certes, un calcul rapide et sans aucune nuance amène les médias à nous conter que nous perdrions touTEs 1.000 € si la Grèce faisait défaut sur sa dette publique. C’est oublier un peu facilement que :
La Belgique a profité de ces « prêts » (qui sont illégaux et illégitimes) puisqu’elle a touché des intérêts dessus. Or, les intérêts, n’est-ce pas soi-disant le prix du risque ?
Il faudrait que la Grèce fasse défaut à 100 % sur sa dette publique, et ne rembourse rien à la Belgique, au FESF et à la BCE. Ce qui ne risque pas d’arriver.
Ces prêts et garanties sont déjà intégrés dans notre dette publique comme le veulent les critères d’Eurostat. Une telle annulation n’augmenterait donc pas notre dette.
Le remboursement du capital n’étant prévu qu’à partir de 2028, et les États se finançant par « roulement » de leur dette (ils empruntent pour rembourser le capital arrivé à échéance), le budget belge ne sentirait une différence (en cas d’annulation totale de la dette grecque) que sur les intérêts perçus chaque année. Soit quelques 20 millions d’euros, c’est-à-dire 2€ par Belge…
La BCE pourrait tout à fait effacer la dette grecque techniquement et économiquement, c’est politiquement que cela lui pose problème.
TouTEs les contribuables ne se valent pas. En Belgique, il y a des millionnaires et des milliardaires, et puis il y a le reste, les 90 %. Une perte éventuelle pourrait tout à fait être assumée par les 10 % les plus riches, responsables de la crise actuelle.
Une taxe exceptionnelle (a minima) sur les banques qui ont spéculé sur la dette grecque pourrait également compenser cette « perte ».
- Développement plus complet : Non, les Belges ne perdront pas 1000€ si la Grèce annule sa dette
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[1] Société anonyme ne répondant pas au droit européen basée au Luxembourg qui émet de la dette sur les marchés pour « prêter » aux pays en difficulté (ou plutôt à leur secteur bancaire).
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