L’Angola, pays mystérieux par excellence. Peu sont ceux qui à l’école ont entendu parler de ce pays d’Afrique australe, terre trop souvent oubliée, voire méprisée, dans l’apprentissage de l’histoire du monde -comme la plupart des pays africains d’ailleurs. L’Angola est un pays immense, quadriforme, bloc géométrique découpé arbitrairement dans le continent par ses anciens colons portugais. S’en détache la province de Cabinda, enclavée dans la République Démocratique du Congo (qui fait frontière au Nord), fruit d’un accord entre colonisateurs belges et portugais [1] aux termes duquel les deux métropoles s’échangeaient deux petites parties de territoire selon les intérêts de chacun. L’Angola est entouré au Nord par la République Démocratique du Congo, à l’Est par la Zambie, au sud par la Namibie, et à l’ouest par l’Océan Atlantique, qui borde le pays sur 1600 kms. Quelque 35 langues y sont parlées, correspondant à un nombre plus ou moins identique de groupes ethniques différents.
Le SIDA fait des ravages en Angola, tout comme dans l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, bien que par rapport aux pays voisins (fortement touchés par la pandémie) le pourcentage de personnes infectées se maintienne à un niveau relativement bas (5,5% en 2001), ce qui est en partie une conséquence des difficultés de communication entre les villes et villages durant la guerre civile qui a ravagé le pays pendant près de trente ans.
Cette guerre a causé la mort de près d’un million de personnes -sur une population totale d’environ 12 millions d’habitants -, et a provoqué la fuite de près de 5,5 millions de réfugiés, dont 500 000 dans les pays voisins et un million d’émigrés dans d’autres continents. Le défi de cette époque nouvelle est la reconstruction du pays, qui implique la réintégration de tous ces réfugiés, ainsi que celle des quelque 400 000 anciens combattants de guerre. Les réseaux de communication terrestre sont à reconstruire, ainsi que toute l’infrastructure sociale. De plus, il faut débarrasser le pays de quelque 13 millions de mines anti-personnelles disséminées sur tout le territoire.
Aujourd’hui, 70 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, et cela malgré que l’Angola est l’un des pays les plus riches d’Afrique en ressources naturelles.
Reconstruire l’Angola est un défi qui demande d’énormes efforts, de la part tant du gouvernement que de la communauté internationale. Obliger le pays à perdre plus encore que ce qu’il a déjà perdu et à souffrir plus encore que ce qu’il a déjà souffert en lui imposant le fardeau du remboursement de sa dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
est une façon de maintenir la po[pulation angolaise toute entière dans l’absence d’espoir de voir un jour sa situation s’améliorer.
[2] (2003)
Superficie : | 1 246 700 kms² |
Population : | 13 184 000 hab. |
Densité de population : | 10,6 hab/km2 |
Climat : | tropical au nord, subtropical au sud |
Capitale : | Luanda |
Forme d’Etat : | République |
Indépendance : | le 11 novembre 1975 |
Chef d’Etat : | José Eduardo Dos Santos, depuis le 21 septembre 1979. Il est à la fois chef d’Etat et chef de gouvernement. |
Langues : | portugais, umbundu, kimbundu, kikongo, kwanyama et quelque 35 autres langues bantoues |
Religions : | religions indigènes (47%), catholique (38%) et protestante (15%) |
Principaux groupes ethniques : | Ovimbundu, kimbundu, bakongo, umbundu, ... |
Monnaie : | le kwanza (40,7 kwanza = 1USD en août 2004) |
Croissance annuelle de la population : | 3,2 % |
Mortalité infantile : | 140,3 pour 1000 naissances |
Espérance de vie : | 40,1 ans |
Population urbaine : | 34,9 % |
Analphabetisme : | 44% des hommes et 72% des femmes |
Scolarité niveau secondaire : | 0,7 % |
IDH : | 0,377 / 164 |
Produit intérieur brut (PIB) total : | 27 546 millions USD |
PIB par habitant : | 2 040 USD |
Dette extérieure publique : | 9,6 milliards USD |
Dette extérieure / PIB en % : | 70,2 |
Dépenses d’importations : | 4080 millions USD |
Revenus d’exportations : | 9619 millions USD |
Dépenses de santé : | 1,4% du PIB |
Dépenses en éducation : | 2,7 % du PIB |
Dépenses militaires : | 17% du PIB |
HIV/SIDA : | 5,5 % de la population infectée (stat.2001) |
Personnes vivant sous le seuil de pauvreté : | 70 % de la population |
L’Angola pré-colonial est peu connu, parce que peu étudié. L’on sait cependant qu’il était habité par des peuples chasseurs-cueilleurs, de langue khoisan, qui subirent durant les XIIIe, XIVe et XVe siècles, l’invasion de peuples bantous venus des savanes de l’Afrique Centrale, qui apportèrent aux populations d’Afrique Australe les secrets du travail de la terre et de l’agriculture. Tout au long du XIVe siècle, les Bantous créèrent plusieurs grands royaumes dans la partie nord de l’Angola, dont le plus célèbre est le Royaume Kongo. Quand en 1483, les Portugais débarquent sur les côtes de ce royaume, ils commencent à entretenir avec les Bantous de juteuses relations tant politiques que commerciales, relations qui seront très vite taries->http://www.indexmundi.com/es/angola/] par le début de l’exploitation esclavagiste en territoire Congo, et qui se termineront par la domination totale des Portugais sur une très grande partie de ce qui est à présent l’Angola. Plus d’un million d’habitants de ce territoire furent envoyés comme esclaves au Brésil durant les XVIe et XVIIe siècles. L’emprise coloniale du Portugal sur l’entièreté du territoire qui allait devenir l’Angola est décidée à la conférence de Berlin en 1885, mais il a encore fallu plus de vingt ans avant que l’administration portugaise ne contrôle véritablement l’intérieur des terres.
« Bien que les Portugais aient considéré la conquête militaire de l’Angola comme achevée en 1922, la résistance armée des Africains n’a cessé de se manifester après cette date. L’occupation administrative des Portugais s’accompagnait de l’expropriation des terres et des biens, de l’institution de l’impôt, de l’oppression raciale et du système du travail forcé. Les masses populaires réagissant à ces formes violentes de la colonisation, tentèrent de riposter par les armes, mais d’une façon spontanée et sans organisation véritable. C’est ainsi que des révoltes éclatèrent à Porto Amboim (1924), Ambriz (1925) et parmi les Mucubais (1939) ». [3]
Plus tard, dans les années 1950, sont fondés des mouvements de libération. Le Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA) est fondé en 1956. Le Front National de Libération de l’Angola (FNLA) est crée en 1962.
En 1964, des membres dissidents du FNLA créent l’Union Nationale pour l’Indépendance Totale de l’Angola : l’UNITA.
En 1974, après des négociations au Portugal, ces trois principaux groupes dissidents se mettent d’accord pour établir un gouvernement de transition en janvier 1975. Cependant, dans les deux mois qui suivirent, l’Angola était divisé par les rivalités entre ces trois groupes pour contrôler le pays. 90% de la population blanche quittèrent le pays dans ce court laps de temps, laissant à l’abandon, et parfois allant jusqu’à détruire délibérément, les infrastructures mises en place par les Portugais.
La Guerre Froide joua un rôle majeur dans la formation et l’affrontement des groupes rivaux, les Etats-Unis soutenant l’UNITA et le FNLA, tandis que l’Union Soviétique soutenait le MPLA. Le conflit mondial entre les deux grandes puissances se voyait ainsi reproduit en miniature dans cette région d’Afrique. L’Afrique du Sud soutenait également l’UNITA et le FNLA, apportant du renfort en armes et en logistique via la Namibie et la Zambie. Le MPLA, de son côté, était épaulé militairement par Cuba [4].
Ici s’impose une parenthèse sur le rôle qu’a joué Cuba dans la lutte qui a confronté pendant de longues années le MPLA et l’UNITA.
Cuba a été très présent militairement et humanitairement en Afrique pendant les années 1970, principalement en Ethiopie et en Angola. Dans le cas de l’Angola, le déploiement militaire fut énorme, et s’est étendu sur de nombreuses années. Fidel Castro envoya plus de 50 000 hommes en Angola pour combattre la guerilla rebelle de Savimbi appuyée par le régime de l’apartheid et par les Etats Unis, déclarant plus tard que c’était aussi « un moyen de risposter aux efforts faits pour nous isoler ». [5]
Les troupes cubaines furent d’une aide précieuse tout au long du conflit, et jouèrent notamment un très grand rôle lors de la victoire historique contre les troupes d’Afrique du Sud à Cuito Canavale, dans l’Est de l’Angola.
Malgré que Cuba soit intervenu en Afrique sans l’aval du géant soviétique, la collaboration entre les deux une fois les troupes cubaines installées en Angola fut des plus constructives pour les deux alliés : elle a permis à l’URSS d’étendre sa marge de manœuvre au niveau mondial, lui permettant d’une part d’occuper une position stratégique en Afrique face aux Etats-Unis, et lui assurant d’autre part l’accés à la grande voie maritime qu’est la route du cap de Bonne Espérance. Par ailleurs, Cuba avait grand besoin de l’équipement militaire moderne fourni par l’URSS pour mener à bien son intervention contre les forces sud-africaines, et cette collaboration pouvait aussi l’aider à long terme à « diversifier les marchés et les débouchés commerciaux ». [6]
Mais revenons-en au conflit indépendantiste. C’est suite à la Révolution des Œillets de 1974 au Portugal, et à la lutte de libération nationale, que Lisbonne accordera à l’Angola son indépendance, le 11 novembre 1975.
Dès l’année suivante, le MPLA étendit et accrut son contrôle à travers le pays, et fut reconnu comme le parti officiel et principal du pays après l’indépendance. Cependant, la guerrilla menée par l’UNITA et son chef Jonas Savimbi s’avérait plus efficace que prévu, et vers le milieu des années 1980, grâce notamment à l’aide militaire apportée par les Etats-Unis - dans le but évident de lutter contre l’orientation politique et les alliances internationales du MPLA -, l’UNITA contrôlait plusieurs provinces.
En 1988, alors que s’effondraient tout doucement les régimes du bloc soviétique en Europe, fut signé un accord entre le gouvernement sud-africain de l’apartheid et le MPLA, au terme duquel seraient retirées d’Angola tant les troupes sud-africaines que les troupes cubaines.
En 1990, le Comité Central renonçait au marxisme-léninisme en faveur d’un socialisme démocratique et d’une économie diversifiée. Pendant une année entière furent tenues des négociations entre le MPLA et l’UNITA, qui aboutirent en mai 1991 à des accords entre les deux parties, et à la tenue d’élections multi-partites en septembre 1992, au cours desquelles les deux grands rivaux restaient le MPLA et l’UNITA.
Le président Dos Santos, déjà chef du gouvernement et chef d’Etat depuis 1979, fut élu à la majorité absolue, confirmant ainsi la présence du MPLA comme premier parti au pouvoir.
Mais Jonas Savimbi, déclarant les élections truquées, commença aussitôt une offensive militaire à travers tout le pays, ce qui redémarra la guerre. Celle-ci prit une ampleur encore plus meurtrière malgré la signature en 1994 des Accords de Lusaka et les efforts de médiation de la part des Nations Unies, de la Russie, des Etats-Unis et du Portugal.
Ces accords ne seront respectés que huit ans plus tard, lorsqu’en avril 2002, peu de temps après la mort de Savimbi, sera déclarée la fin de la guerre civile en Angola, guerre qui aura duré 27 ans.
L’Angola est une « République Démocratique », divisée en 18 provinces, dont les bases principales sont :
Le système législatif est basé sur la loi civile portugaise et la loi coutumière. Il fut récemment modifié pour y introduire le « pluralisme politique » et accroître le potentiel des marchés libres.
Les prochaines élections, prévues initialement pour 2003-2004, ont été reportées à 2005-2006.
Sous les beaux mots officiels, il est toutefois assez clair que la politique angolaise est loin d’être « pluraliste », avec un président au pouvoir depuis 25 ans qui contrôle à la fois l’Etat et le gouvernement, et des députés dont la corruption frise le ridicule tant elle est flagrante [7] (de nombreux exemples peuvent être trouvés dans les journaux locaux indépendants). La nouvelle constitution, dont l’adoption est prévue depuis des années, n’a toujours pas été élaborée.
Et le gouvernement, loin de tirer des leçons des énormes échecs subis récemment par des pays qui appliquaient à la lettre les instructions du FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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et de la Banque Mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
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, se plie à toutes les exigences de ces deux institutions dans l’espoir de voir l’état de son économie s’améliorer, mais sans se demander si l’état de la population s’améliorera aussi.
L’Angola est un pays extrêmement riche en ressources naturelles, principalement en pétrole et minerais.
C’est le 4e producteur de pétrole au monde, sous la domination d’entreprises nord-américaines -qui contrôlent 70% de la production-, parmi lesquelles la plus importante sur le territoire angolais est Exxon Mobil. Les Français ont une part non négligeable dans le gâteau pétrolier, détenant une grosse partie des exportations via la multinationale Total Elf Fina. [8]
Le pays vit principalement de ses exportations de pétrole et de diamants. En 2001, l’Angola a exporté pour 4 035 millions USD de pétrole, et pour 577 millions USD de diamants, ses principaux clients étant les Etats-Unis (35 ,8%), la Chine (11,6%), la France et la Belgique.
Les revenus du pétrole représentent plus de 80% du budget national, d’où une forte dépendance de l’économie angolaise tout entière vis-à-vis de ce secteur.
En ce qui concerne les importations, il s’agit principalement de biens de consommation ( 712 millions US $ importés en 2001) et de biens de capital (327 millions US $ importés en 2001), dont les principaux fournisseurs sont le Portugal (26,6%), les Etats-Unis (17,5%), l’Afrique du Sud (15,9%) et la France.
En 2003, le montant total des exportations s’élevait à 9 619 millions US $, et celui des importations à 4 080 millions US $.
Le potentiel agricole de l’Angola est l’un des plus élevés d’Afrique Australe. Il existe plus de trois millions d’hectares de terre cultivable. Le climat favorise la production de produits tropicaux et subtropicaux, tels que le maïs, la banane, le café, la canne à sucre, le coton, le tabac, le manioc, le riz, les fèves, etc.
Avant 1975, l’Angola était non seulement auto-suffisant en production d’aliments, mais était aussi un très grand exportateur de produits agricoles, surtout de café, denrée pour laquelle le pays était le second producteur d’Afrique. 20 ans plus tard, en 1995, seuls 3% des terres cultivables étaient encore exploitées.
La guerre faisait des ravages : dans les champs poussaient désormais des mines, et les populations qui avaient la chance d’échapper aux massacres abandonnaient leurs terres dévastées pour fuir vers les villes, ou plutôt les bidonvilles, de plus en plus surpeuplés et carents de toute hygiène et infrastructure sociale. Dans les années ’80, l’exode rural a fait grossir les villes de plus d’un cinquième des 75 % de la population qui vivait jusque là dans les campagnes.
Beaucoup d’ apparents « efforts » furent faits pour tenter de relancer l’agriculture, mais la plupart furent vains, ce qui est compréhensible si l’on sait qu’ils allaient dans le sens d’une libéralisation des prix de production et d’une politique de privatisations à toute vitesse des grandes et moyennes plantations appartenant à l’Etat. L’aide extérieure, principalement celle de l’Union Européenne - à ce moment appelée Communauté Européenne - et des Nations Unies, joua un rôle important dans les tentatives de relance de l’agriculture, bien que les résultats se soient avérés minimes.
Les améliorations dans le domaine agricole demeurent aujourd’hui totalement absentes des préoccupations politiques, le gouvernement ne trouvant d’autre solution que de vendre et privatiser les terres cultivables à des multinationales, mesures qui empêchent les petits producteurs d’écouler leur production et ne font qu’alimenter un processus de paupérisation et d’exode rural déjà très alarmant.
Le pays dépend actuellement de l’importation d’aliments et de l’aide alimentaire internationale.
Ce phénomène est reproduit avec la même logique dans le domaine de la pêche.
Le domaine de l’industrie de produits manufacturés a été lui aussi fortement malmené par la guerre et la fuite des entrepreneurs portugais présents en Angola avant 1975. En 1973, ce secteur représentait 16% du PIB
PIB
Produit intérieur brut
Le PIB traduit la richesse totale produite sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées.
Le Produit intérieur brut est un agrégat économique qui mesure la production totale sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées. Cette mesure est notoirement incomplète ; elle ne tient pas compte, par exemple, de toutes les activités qui ne font pas l’objet d’un échange marchand. On appelle croissance économique la variation du PIB d’une période à l’autre.
. En 1975, il avait décru de plus de 75%. Malgré les efforts pour redresser l’industrie tout au long des années 1980 et 1990, en 1997 elle ne représentait pas plus de 4,4% du PIB.
C’est surtout à partir de 1994 que le gouvernement a commencé à prendre des mesures en vue de la réindustrialisation de l’Angola, mesures dont l’objectif principal est, comme dans le secteur agricole, de réactiver le secteur privé.
Le secteur de la construction, en 1998, représentait 4,8% du PIB, et était contrôlé principalement par des compagnies privées. Il y a un besoin urgent d’infrastructures sociales (hôpitaux, écoles, etc.) et d’une infrastructure de communication entre les provinces ; en effet, celle-ci fut presque entièrement détruite par la guerre, et les mines anti-personnelles empêchent une circulation sûre. Ce besoin n’est comblé que très très lentement et de façon plus anarchique qu’organisée, faute d’investissement et de contrôle public.
La loi sur les investissements étrangers
Le 31 août 1994 fut promulguée une loi établissant les règles générales devant être respectées lors de la privatisation des petites, moyennes et grandes entreprises appartenant à l’Etat.
Cette loi non seulement autorise la privatisation partielle ou totale des entreprises publiques, y compris du secteur bancaire, mais encourage celle-ci par le peu de restrictions qu’elle stipule quant aux procédures d’investissement étranger. Ainsi presque n’importe quel domaine peut être privatisé, sans que des règles strictes n’instaurent un contrôle sur la gestion ou le fonctionnement de l’entreprise, une fois celle-ci privatisée. D’autre part, la loi accorde des tarifs fiscaux préférenciels aux entreprises étrangères qui emploient une majorité d’Angolais ; simplifie et accélère les procédures d’investissement étranger ; permet aux investisseurs étrangers de transférer hors du pays les profits et dividendes réalisés. Qui donc résisterait à de si alléchantes propositions de s’enrichir sans trop de coûts ?
En 2003, le gouvernement angolais a élaboré un document intitulé « Stratégie de lutte contre la pauvreté » (en anglais : Poverty Reduction Strategy Paper). S’y trouvent décrites une série de mesures à prendre ou déjà prises qui promettent l’avènement prochain d’une situation meilleure pour tous. Ce document semble avoir été écrit par les agents du FMI eux-mêmes tant son contenu reproduit la litanie économiciste prônée sans cesse par le Fonds. [9] Les solutions en question sont : l’importance capitale de diminuer l’inflation Inflation Hausse cumulative de l’ensemble des prix (par exemple, une hausse du prix du pétrole, entraînant à terme un réajustement des salaires à la hausse, puis la hausse d’autres prix, etc.). L’inflation implique une perte de valeur de l’argent puisqu’au fil du temps, il faut un montant supérieur pour se procurer une marchandise donnée. Les politiques néolibérales cherchent en priorité à combattre l’inflation pour cette raison. , et donc d’attirer les capitaux étrangers ; la nécessité de tout privatiser, et de laisser aux entreprises le soin de reconstruire des services dignes de ce nom et accessibles à tous, etc.
Les revenus de l’exportation dépassent de loin les dépenses d’importation (Cf. tableau p.2), et le revenu du pétrole ne cesse d’augmenter d’année en année. Néanmoins, la balance des paiements
Balance des transactions courantes
Balance des paiements
La balance des paiements courants d’un pays est le résultat de ses transactions commerciales (c’est-à-dire des biens et services importés et exportés) et de ses échanges de revenus financiers avec l’étranger. En clair, la balance des paiements mesure la position financière d’un pays par rapport au reste du monde. Un pays disposant d’un excédent de ses paiements courants est un pays prêteur vis-à-vis du reste du monde. Inversement, si la balance d’un pays est déficitaire, ce pays aura tendance à se tourner vers les prêteurs internationaux afin d’emprunter pour équilibrer sa balance des paiements.
était en 2003 en déficit de 800 millions de dollars (6 % du PIB), tandis que le PIB lui-même n’a connu une croissance que de 3,5 %. Quelles sont les causes de l’impossibilité apparente de pouvoir enfin offrir aux Angolais des conditions de vie décentes ? Le problème de la dette et de la dépendance qu’elle suppose est un élément clé de la réponse.
Comme nous le savons, la dette est l’un des principaux obstacles à l’épanouissement et l’indépendance des pays du Sud, l’obligation
Obligations
Obligation
Part d’un emprunt émis par une société ou une collectivité publique. Le détenteur de l’obligation, l’obligataire, a droit à un intérêt et au remboursement du montant souscrit. L’obligation est souvent l’objet de négociations sur le marché secondaire.
de son remboursement perpétuel et l’augmentation récurrente des intérêts à payer empêchant les gouvernements d’être autonomes et de consacrer l’argent disponible à l’amélioration des conditions de vie de la population. L’Angola a déjà assez souffert de la guerre, faut-il que les souffrances soient perpétuées par le poids de la dette, alors que l’on sait que l’argent remboursé par les pays du Sud n’est absolument pas nécessaire au bien être des pays industrialisés ?
Qu’en est-il de la dette extérieure de l’Angola ? Comment son remboursement est-il géré, et quelles sont les initiatives entreprises en vue de sa réduction ou, mieux, de sa complète annulation ? Quels sont les rapports entretenus par le gouvernement angolais avec les institutions créancières telles que le FMI et la Banque mondiale ?
C’est à ces questions que nous allons tenter de répondre dans cette partie de l’article.
a) Les chiffres de la dette
Le montant total de la dette extérieure est estimé a environ 10 milliards USD [10].
Elle est composée de :
En 2003, 35 % du budget national fut consacré au paiement de la dette.
En 2004, n’y furent consacrés « que » 25 %, mais une nouvelle dette a été contractée : 1,2 milliard USD empruntés à un groupe de banques londoniennes.
La Chine a également accordé un nouveau prêt à l’Angola de 1 milliard USD, tandis que d’autres prêts sont en cours de négociations avec l’Uruguay et Israël.
Des négociations quant à une possible réduction du montant de la dette extérieure sont en cours avec le Club de Paris
Club de Paris
Créé en 1956, il s’agit du groupement de 22 États créanciers chargé de gérer les difficultés de remboursement de la dette bilatérale par les PED. Depuis sa création, la présidence est traditionnellement assurée par un·e Français·e. Les États membres du Club de Paris ont rééchelonné la dette de plus de 90 pays en développement. Après avoir détenu jusqu’à 30 % du stock de la dette du Tiers Monde, les membres du Club de Paris en sont aujourd’hui créanciers à hauteur de 10 %. La forte représentation des États membres du Club au sein d’institutions financières (FMI, Banque mondiale, etc.) et groupes informels internationaux (G7, G20, etc.) leur garantit néanmoins une influence considérable lors des négociations.
Les liens entre le Club de Paris et le FMI sont extrêmement étroits ; ils se matérialisent par le statut d’observateur dont jouit le FMI dans les réunions – confidentielles – du Club de Paris. Le FMI joue un rôle clé dans la stratégie de la dette mise en œuvre par le Club de Paris, qui s’en remet à son expertise et son jugement macroéconomiques pour mettre en pratique l’un des principes essentiels du Club de Paris : la conditionnalité. Réciproquement, l’action du Club de Paris préserve le statut de créancier privilégié du FMI et la conduite de ses stratégies d’ajustement dans les pays en voie de développement.
Site officiel : https://www.clubdeparis.fr/
. L’Angola fait partie du groupe des 42 pays pauvres très endettés
PPTE
Pays pauvres très endettés
L’initiative PPTE, mise en place en 1996 et renforcée en septembre 1999, est destinée à alléger la dette des pays très pauvres et très endettés, avec le modeste objectif de la rendre juste soutenable.
Elle se déroule en plusieurs étapes particulièrement exigeantes et complexes.
Tout d’abord, le pays doit mener pendant trois ans des politiques économiques approuvées par le FMI et la Banque mondiale, sous forme de programmes d’ajustement structurel. Il continue alors à recevoir l’aide classique de tous les bailleurs de fonds concernés. Pendant ce temps, il doit adopter un document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), parfois juste sous une forme intérimaire. À la fin de ces trois années, arrive le point de décision : le FMI analyse le caractère soutenable ou non de l’endettement du pays candidat. Si la valeur nette du ratio stock de la dette extérieure / exportations est supérieure à 150 % après application des mécanismes traditionnels d’allégement de la dette, le pays peut être déclaré éligible. Cependant, les pays à niveau d’exportations élevé (ratio exportations/PIB supérieur à 30 %) sont pénalisés par le choix de ce critère, et on privilégie alors leurs recettes budgétaires plutôt que leurs exportations. Donc si leur endettement est manifestement très élevé malgré un bon recouvrement de l’impôt (recettes budgétaires supérieures à 15 % du PIB, afin d’éviter tout laxisme dans ce domaine), l’objectif retenu est un ratio valeur nette du stock de la dette / recettes budgétaires supérieur à 250 %. Si le pays est déclaré admissible, il bénéficie de premiers allégements de son service de la dette et doit poursuivre avec les politiques agréées par le FMI et la Banque mondiale. La durée de cette période varie entre un et trois ans, selon la vitesse de mise en œuvre des réformes clés convenues au point de décision. À l’issue, arrive le point d’achèvement. L’allégement de la dette devient alors acquis pour le pays.
Le coût de cette initiative est estimé par le FMI en 2019 à 76,2 milliards de dollars, soit environ 2,54 % de la dette extérieure publique du Tiers Monde actuelle. Les PPTE sont au nombre de 39 seulement, dont 33 en Afrique subsaharienne, auxquels il convient d’ajouter l’Afghanistan, la Bolivie, le Guyana, Haïti, le Honduras et le Nicaragua. Au 31 mars 2006, 29 pays avaient atteint le point de décision, et seulement 18 étaient parvenus au point d’achèvement. Au 30 juin 2020, 36 pays ont atteint le point d’achèvement. La Somalie a atteint le point de décision en 2020. L’Érythrée et le Soudan n’ont pas encore atteint le point de décision.
Alors qu’elle devait régler définitivement le problème de la dette de ces 39 pays, cette initiative a tourné au fiasco : leur dette extérieure publique est passée de 126 à 133 milliards de dollars, soit une augmentation de 5,5 % entre 1996 et 2003.
Devant ce constat, le sommet du G8 de 2005 a décidé un allégement supplémentaire, appelée IADM (Initiative d’allégement de la dette multilatérale), concernant une partie de la dette multilatérale des pays parvenus au point de décision, c’est-à-dire des pays ayant soumis leur économie aux volontés des créanciers. Les 43,3 milliards de dollars annulés via l’IADM pèsent bien peu au regard de la dette extérieure publique de 209,8 milliards de dollars ces 39 pays au 31 décembre 2018.
(PPTE) désigné par le FMI et la Banque Mondiale. Ces pays sont éligibles pour un allègement de leur dette en raison du caractère « insoutenable » de celle-ci ( l’« insoutenabilité » dépend du rapport entre les revenus d’exportation et le montant du service de la dette
Service de la dette
Remboursements des intérêts et du capital emprunté.
). Pour le cas de l’Angola, le FMI, la Banque mondiale et le Club de Paris ont estimé que les revenus d’exportations étaient assez élevés pour pouvoir « soutenir » le remboursement régulier de la dette. L’Angola n’aura donc pas droit à un allègement de sa dette dans le cadre de l’initiative PPTE.
Le remboursement de la dette extérieure de l’Angola - tout comme celle de tous les pays dits « en développement » - porte grand préjudice aux secteurs social et agricole, empêchant le financement de projets d’amélioration des conditions de vie de la population tant dans les zones urbaines que rurales.
Pour avoir un aperçu de ce que représente le paiement de la dette par rapport aux autres dépenses, voyons ces quelques contrastes :
En 2004, moins de 25 % du B.N. est consacré au remboursement de la dette ; cependant les dépenses sociales (dans le sens large du terme, c’est-à-dire y compris l’infrastructure de communication, etc.) ne dépassent pas les 20 %, ce qui ne rend pas moins dramatique la proportion du budget utilisée dans un but social.
En millions de dollars | 1999 | 2000 | 2001 | 2002 |
Total de la dette | 10 300 | 9 410 | 9 296 | 10 134 |
Dette à long terme | 8 715 | 8 087 | 7 830 | 8 883 |
Dette à court terme | 1 586 | 1 323 | 1 466 | 1 252 |
Service total de la dette | 1 428 | 1 705 | 1 471 | 863 |
Transferts net sur la dette [11] | - 689 | - 909 | - 411 | - 239 |
Source : Banque Mondiale
Le niveau d’endettement de l’Angola dans les années 1970 et au début des années 1980 était assez peu élevé. En 1985, le service total de la dette représentait moins de 13 % des exportations de biens et services. Les crédits accordés à l’Angola ont connu un bond quantitatif en 1985-86, lors de l’effondrement des prix du pétrole.
La reprise de la guerre civile en 1992, les changements dans les systèmes de prêts ainsi que l’évolution à la hausse des taux d’intérêts ont fait s’accélérer l’endettement de l’Angola de façon spectaculaire. Le stock de la dette Stock de la dette Montant total des dettes. est passé de 2 800 millions de dollars en 1986 à 11 200 millions de dollars en 1994. Plus ou moins 81 % de la dette contractée l’est en termes non-concessionnaires. [12] Sur ces 11 200 millions de dollars, 5 100 (45,5 %) représentaient les retards sur la dette principale, tandis que 12,3 % représentaient le retard sur le paiement des intérêts. Il faut savoir que dans beaucoup de pays africains, une grande partie de la dette provient de l’aide publique au développement, qui malgré toutes ses prétentions humanitaires se réalise partiellement sous forme de prêts générateurs de dettes. Les difficultés des pays endettés rendent difficile le remboursement ponctuel, d’où une accumulation d’arriérés de paiement qui s’ajoute au stock de la dette. Le schéma classique est celui d’une « aide » financière qui décroît, tandis que le montant de la somme à rembourser devient plus grand que celui de l’aide apportée. La contradiction de telles politiques est donc totale.
b) Les relations entre l’Angola et les Institutions financières Internationales
L’Angola est un pays à haut risque pour les investisseurs étrangers, et du coup également pour les institutions créancières. L’Angola a rejoint le FMI le 19 septembre 1989, mais les visites du FMI en Angola n’ont débuté que deux ans plus tard, en septembre 1991.
A partir de ce moment se sont succédé les « Staff Monitored Programs », programmes d’adoption de mesures destinées à entrer dans la logique de l’économie ultra-libérale mondiale. Ces programmes sont dictés par le FMI, étalés généralement sur une période de 6 mois, et supervisés par des techniciens « experts » du FMI et de la Banque mondiale.
L’ « assistance technique » est l’une des façons d’influencer sur place les agents du gouvernement en matière d’économie, et ce dans le sens, bien entendu, des souhaits du FMI en matière de macroéconomie, qui sont loin d’être identiques à ceux des producteurs locaux et de la population en général.
Les visites se font respectivement dans les départements des affaires monétaires et fiscales, des statistiques, ainsi que dans le département qui gère le problème de la dette :
En 1995, un texte intitulé « Programme économique et social pour l’Angola » fut publié par le gouvernement, dans lequel ce dernier spécifie officiellement qu’il est prêt à adopter les programmes mis au point par le FMI et la Banque mondiale dans le but d’ « aider » le pays.
La réussite de ce « programme économique et social » menait à la possibilité de l’application d’un programme à plus long terme financé par le FMI, ainsi qu’à l’éventuelle possibilité de renégocier la dette avec les membres du Club de Paris (club regroupant les principaux créanciers).
La même année, l’Angola a entrepris ce que le gouvernement a appelé « la stratégie de la dette », pour tenter d’alléger celle-ci via les sus-dites négociations.
Même si quelques programmes ont été négociés tout au long des années 1990, ce n’est qu’en 1999 que commence à être réellement visible l’intervention du FMI en Angola. En effet, à ce moment débutent les visites régulières d’ « experts » de Washington dans le but de « surveiller » la gouvernance économique et financière du pays. Au long de ces dernières années, l’on a vu s’accroître la coopération entre le FMI, le gouvernement et la Banque Nationale d’Angola dans la préparation de programmes de politiques économiques destinées à « restaurer la stabilité macroéconomique », améliorer la transparence des finances publiques et implanter de profondes réformes structurelles. [13]
En 2000, le gouvernement angolais signe un accord avec le FMI pour mettre en place un programme qui a pour but de promouvoir des réformes économiques qui tendent à « faciliter le contrôle de l’Etat, améliorer les procédures publiques, diminuer la taxation sur le commerce, réduire la pauvreté et encourager l’investissement privé » [14]. La Banque mondiale et la Banque Africaine de Développement soutenaient toutes deux ce programme.
En juillet 2001, le gouvernement angolais appliqua un programme de 6 mois prescrit par le FMI, dont les principaux objectifs étaient de réduire l’inflation, augmenter la transparence des opérations du secteur public et commencer l’implantation de réformes structurelles. La conclusion du rapport effectué par le FMI après les 6 mois fut que les objectifs cités ci-dessus n’avaient pour la plupart pas été atteints. La solution qu’il proposa alors pour les mois suivants fut d’augmenter les restrictions sur les dépenses publiques, ainsi que de renforcer le contrôle du Trésor sur les opérations de la dette et tenter de libéraliser encore plus tous les secteurs du marché et des services, ce qui eut pour effet logique d’appauvrir encore plus la majorité de la population.
Le FMI, avec le soutien permanent de la Banque mondiale, avait promis que si ces mesures étaient scrupuleusement mises en œuvre, il serait possible de commencer de nouvelles discussions quant à l’éventualité d’un programme permanent de lutte contre la pauvreté appuyé par le personnel technique du FMI.
En ce qui concerne la dette extérieure, les exigences à remplir pour que le FMI accorde éventuellement son appui financier pour de nouveaux programmes d’ajustement sont les suivantes : la transparence la plus totale possible dans les statistiques regroupant les différents niveaux de la dette - dette publique, dette privée, dette à long terme, à moyen terme, à court terme, etc. ; le renforcement du contrôle du Trésor sur les opérations de la dette ; le remboursement dans un délai prescrit par le Fonds des retards de paiements ; l’élimination dans les comptes de la dette extérieure officielle des montants qui n’ont pas été contractés par le gouvernement angolais, la Banque Nationale d’Angola, la SONANGOL (la compagnie pétrolière nationale), ou autre compagnie appartenant à l’Etat ; la surveillance permanente des plafonds à respecter dans le paiement des intérêts et des retards sur le remboursement ; l’accélération et l’augmentation des exportations dans le but de créer des devises pour rembourser la dette.
De programmes en promesses d’autres programmes, le FMI, presque toujours soutenu dans ses décisions par la Banque mondiale, impose chaque fois plus de restrictions budgétaires, la libéralisation du commerce extérieur, la privatisation des entreprises publiques, et ce non pas dans un but de lutte contre la pauvreté, contrairement à ce que les agents de cette institution se complaisent à déclarer, mais bien dans celui d’inclure l’Angola dans une stratégie économique mondiale où les gagnants sont toujours les mêmes, c’est-à-dire les grandes puissances économiques et financières mondiales, minorité au milieu d’une immense majorité de laissés pour compte.
c) Qui lutte ? et comment ?
Le problème de la dette touche toute l’Afrique, et commence à toucher l’opinion publique grâce à quelques voix qui s’élèvent par-dessus les ronrons du discours des grandes puissances sur le développement.
Depuis quelques années déjà, la coalition angolaise Jubilé 2000 [15] prend des initiatives pour conscientiser les populations du Nord et du Sud sur la nécessité vitale d’annuler la dette du Tiers Monde, et de libérer ainsi une grande partie de la population terrestre d’un étau assassin qui se resserre de plus en plus.
En Angola, les initiatives de Jubilé 2000 sont :
Ces démarches requièrent bien entendu la participation d’acteurs clés tels que le gouvernement, l’Assemblée Nationale, le pouvoir judiciaire, les médias, la société civile - à travers les mouvements sociaux- et la communauté internationale.
Bibliographie :
Sur le web :
Sur le papier :
Alice Minette, stagiaire au CADTM, est étudiante en information et communication (orientation anthropologie) à l’Université de Liège.
[1] La République Démocratique du Congo a été une colonie de la Belgique de 1885 à 1960. L’Angola était une colonie portugaise entre 1885 et 1975.
[2] http://ikuska.com/Africa/Paises/angola/
http://www.indexmundi.com/es/angola/
http://www.guiadelmundo.org.uy/cd/countries/ago/Indicators.html
[3] M. de Andrade, article dans Démocratie nouvelle, n°9, Paris 1960, p. 34
[4] Les premiers contacts entre le MPLA et les troupes cubaines remontent à 1962, lors du voyage de Che Guevara en Afrique. C’est à ce moment qu’à commencé la coopération militaire et l’entrainement des premières unités de guerilla angolaises.
[5] Fidel Castro in Granma, le 24 février 1985, cité dans Le pas suspendu de la révolution. Approche critique de la réalité cubaine, ouvrage collectif coordonné par Yannick Bovy et Eric Toussaint, Editions du Cerisier, Mons, 2000, p. 337.
[6] Idem, p.338.
[7] A titre d’exemple, l’on peut citer le scandale qu’a provoqué la « disparition » d’un milliard de dollars du budget de l’Etat en mars 2003 (cf http://www.eastwest.be/news-oct-2003/angola.htm).
[8] Il est important de rappeler que la compagnie pétrolière Elf - avant de fusionner avec Total et Pétrofina - a grandement contribué à alimenter la guerre civile angolaise, finançant simultanément le gouvernement angolais et la rébellion de l’UNITA. Par ailleurs, il est utile de faire le lien ici avec la corruption présidentielle : l’esprit de la compagnie française - comme de toutes les compagnies pétrolières en général - veut que les présidents des Etats producteurs ne soient rien de plus que ses « salariés » ou « ses commissionnées ». C’est ainsi que monsieur Dos Santos - entre autres présidents - a « du » consentir à jouer les intérêts de la compagnie contre ceux du peuple, « pillant les deniers publics et générant l’inflation exponentielle d’une dette hypothéquant l’extraction future » [François-Xavier Verschave, « La clientèle d’Elf » in Billets d’Afrique et d’ailleurs, mai 2003, n°114]. Les paradis fiscaux jouant bien entendu dans l’histoire un rôle prédominant ...
[9] C’est en fait presque le cas, puisque ce texte s’inscrit dans le cadre des prescriptions faites par le FMI et la Banque mondiale aux gouvernements des pays endettés. Ces prescriptions, après s’être appelées « plans d’ajustement structurel, portent à présent le nom de « cadre stratégique de lutte contre la pauvreté ».
[10] Cependant les chiffres de cette dette varient parfois assez fortement d’une source à l’autre, il faut donc prendre cette estimation avec prudence.
[11] Le transfert net sur la dette est « la différence entre les nouveaux prêts contractés par un pays ou une région et son service total de la dette (remboursements annuels au titre de la dette). [...] Il est négatif si les sommes remboursées sont supérieures aux sommes prêtées au pays [...] concerné. » [Eric Toussaint, La finance contre les peuples. La bourse ou la vie. Syllepse ; CETIM ; CADTM. 2004] L’on peut donc constater ici que depuis 1998, l’Angola rembourse plus que ce qu’il ne reçoit des pays créanciers.
[12] Le prêt est effectué sans que ne soit accordé aucun avantage à l’emprunteur quant au remboursement futur.
[13] L’on peut dire que même avant d’avoir subi la pression des « experts » du FMI, l’Angola était plutôt un bon élève de cette institution. Rappelons-nous la loi sur les investissements étrangers de 1994, qui a mené à la privatisation en masse dans tous les secteurs de l’économie au cours de la deuxième moitié des années 1990. La libéralisation des prix ainsi que celle du commerce tant étranger qu’intérieur accompagnent le processus de privatisations, mesures qui se moulent parfaitement dans les programmes d’ajustement structurel posés en condition par le FMI en vue de prêts destinés à rééquilibrer la balance des paiements, en déficit presque permanent.
[14] « Promoting Trade and Investment », in Reference Center, http:/www.angola.org/fastfacts/trade.html
[15] La coalition Jubileu 2000 Angola est membre du réseau international CADTM.
20 février 2017, par Alice Minette
17 mars 2009, par Alice Minette , Renaud Vivien , Eric De Ruest