30 janvier 2012 par Sebou Nouroudine
Le Togo vient de faire son entrée au Conseil de Sécurité de l’ONU en tant que membre non permanent et ce pour deux ans. Cet événement, pour les responsables politiques togolais, est le couronnement des réformes politiques internes entamées ces dernières années ou du moins ce qui s’y apparente. Fruit du regain de l’offensive diplomatique tous azimuts entamée depuis peu, le siège au conseil de sécurité redonne aux autorités togolaises une « fréquentabilité » qu’elles avaient perdue à la suite des événements sanglants ayant émaillés l’arrivée scandaleuse de Faure Gnassingbé au pouvoir à la mort de son « père-président ». La récente visite de la secrétaire d’Etat américaine, Hillary CLINTON ne dément pas cette nouvelle donne. Au lieu de se réjouir de cette annonce, le peuple togolais et ses premiers responsables, doivent plutôt être conscients qu’être membre de Conseil de Sécurité de l’ONU n’est pas une promenade de santé pour plusieurs raisons.
D’abord la présence d’un pays à ce niveau, qui constitue on peut dire le cœur de la diplomatie internationale, va forcément l’exposer au monde entier. Si cette exposition peut créer des retombées positives en termes de renommée et de reconnaissance du pays, il est aussi évident qu’elle provoque des regards persistants sur sa situation politique. Et c’est à ce stade que le gouvernement togolais a des soucis à se faire. Sa bonne foi sera rudement mise à l’épreuve sur bien des aspects concernant sa politique intérieure. En effet bien que des efforts de modernisation du pays soient perceptibles, beaucoup reste à faire pour garantir les droits humains au Togo et en particulier les droits sociaux, économiques et culturels. La situation socio-économique dans ce petit pays aux nombreuses ressources naturelles démontre les faiblesses récurrentes de la bonne gouvernance en Afrique.
La présence d’un pays dans l’organe de l’ONU où se prennent les décisions qui orientent l’évolution du monde, l’oblige à affirmer sa souveraineté dans ses prises de position par rapport a des questions sensibles au niveau mondial. Sur ce point le doute est quasiment total sur la capacité du Togo à faire preuve d’indépendance et adopter une ligne de conduite non influençable. Le Togo pourra - t- il assumer des prises de décision contrairse aux positions des puissances dans un univers de pression alternant promesses alléchantes et menaces d’isolement ? Telle une souris prise au piège on se demande comment la diplomatie togolaise peut s’affirmer dans ce cadre. Entre la menace d’isolement diplomatique doublée de promesse alléchante d’espèces sonnantes et trébuchantes et le respect de la justice et l’équité, le choix est clair pour le gouvernement togolais. La décision déplorable du Togo de ne pas soutenir la Palestine dans son désir d’adhérer à l’Unesco peut se comprendre dans ce contexte.
Cette décision fut suivie quelques jours après par le ballet diplomatique des autorités israéliennes accompagnées d’un gratin d’hommes d’affaire israéliens qui par enchantement se sont découverts un amour pour le Togo. Les autorités togolaises ont choisi les intérêts au détriment de l’éthique et la justice qui sont des valeurs qui doivent guider les décisions des membres du Conseil de Sécurité. Comme quoi la leçon a été bien assimilée : « les Etats n’ont que des intérêts ».Et quels intérêts ? Bien qu’une victoire diplomatique réjouissante pour tout patriote, les responsabilités qui vont avec doivent sérieusement mettre le peuple togolais au centre des décisions que le Togo aura à voter au conseil de sécurité. Toutefois le pays aura gagné son droit à l’essai ; il sera donc apprécié à l’acte. Mais les autorités togolaises doivent bien le savoir : « quand on tue un taureau c’est qu’on a le cou solide pour le porter ».