Berne a restitué 1,7 milliard de francs mal acquis au Sud

8 juin 2010 par Le Temps




Entre 20 et 40 milliards de dollars sont placés chaque année dans les pays riches. La Banque mondiale Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.

En 2022, 189 pays en sont membres.

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et
la Suisse organisent une conférence à Paris.

La Suisse et la Banque mondiale organisent ces mardi et mercredi à Paris un forum sur la restitution des
avoirs illicites en provenance des pays en développement et qui se trouvent à l’abri dans les banques des
pays riches. Sous l’enseigne « Pas de refuge pour les biens mal acquis », il réunira les spécialistes de ce
fléau qui constitue un frein au développement. Objectif : empêcher les banques d’accueillir l’argent spolié,
accélérer la restitution des fonds et prévenir les détournements.

La Suisse pionnière

Les montants en jeu sont gigantesques : entre 20 et 40 milliards de dollars qui échappent au fisc, selon la
Banque mondiale. Au cours des 15 dernières années, seuls 5 milliards ont été restitués aux pays
d’origine. Autant dire que le fossé entre les deux chiffres montre l’ampleur du scandale. Le forum de Paris
répond à une résolution du G20 G20 Le G20 est une structure informelle créée par le G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni) à la fin des années 1990 et réactivée par lui en 2008 en pleine crise financière dans le Nord. Les membres du G20 sont : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie, Union européenne (représentée par le pays assurant la présidence de l’UE et la Banque Centrale européenne ; la Commission européenne assiste également aux réunions). L’Espagne est devenue invitée permanente. Des institutions internationales sont également invitées aux réunions : le Fonds monétaire international, la Banque mondiale. Le Conseil de stabilité financière, la BRI et l’OCDE assistent aussi aux réunions. qui, lors du Sommet de Pittsburgh en 2009, avait réclamé des mesures
pour enrayer le fléau. Le sujet sera de nouveau traité au G20 de Toronto ces 26 et 27 juin.

La Suisse se profile en pionnière en la matière. Genève, Zurich et Lugano ont été montrés du doigt à
maintes reprises comme des plaques tournantes où des fonds illicites sont déposés par les potentats et
autres kleptocrates des pays pauvres. Exemples : le dictateur philippin Ferdinand Marcos, le maréchal
Mobutu du Zaïre ou encore le général Abacha du Nigeria.

Ces cas ont largement contribué à ternir l’image de la place financière suisse. Pour redorer son blason,
Berne a entrepris, dès 2002, de restituer les avoirs aux pays d’origine. Sur 15 ans, elle a retourné
quelque 1,7 milliard de francs, davantage que d’autres places financières. Les six pays bénéficiaires sont
les Philippines, le Nigeria, le Pérou, le Mexique, l’Angola et le Kazakhstan. Ces opérations expliquent le
rôle moteur de la Suisse dans ce domaine.

« Il n’y a pas de quoi pavoiser », déclare Olivier Longchamp de la Déclaration de Berne (DB), groupe de
pression qui milite pour des rapports Nord-Sud équitables. Selon lui, le montant restitué est négligeable
par rapport aux sommes cachées en Suisse. Il dénonce aussi les longues procédures judiciaires pour
aboutir à une restitution. Tant pour la DB que pour d’autres organisations, la Suisse se fait une belle
campagne de communication à bon compte. Selon Olivier Longchamp, Berne met volontiers son
leadership en avant dans ce domaine, mais la place financière suisse continue à profiter de l’évasion
fiscale en provenance des pays pauvres.