6 avril 2008 par Rodrigo Vieira de Ávila
Avec 185 signatures collectées, un député fédéral du PSOL-SP a soumis officiellement la demande d’une Commission Parlementaire d’Enquête pour analyser la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
, aujourd’hui estimée à plus de mille milliards de reals [1].
Le député Ivan Valente a formulé officiellement la demande, le jeudi 21 février, d’installer une Commission Parlementaire d’Enquête (CPE) pour analyser la dette publique brésilienne. 185 parlementaires de différents partis soutiennent cette initiative. Aujourd’hui estimée à 1333 milliards de reals (1 real = 0,39 euro ou 0,59 dollar), la dette a connu une croissance de 7,8 % en 2007. Ce montant comprend la dette publique fédérale interne (1224 milliards de reals), et la dette externe (108,9 milliards de reals).
Depuis janvier 2003, début du premier mandat du gouvernement Lula, jusqu’aujourd’hui, le Brésil a consacré plus de 851 milliards de reals uniquement pour le paiement des intérêts nominaux de la dette publique (interne et externe). C’est comme si chacun des 186 millions de brésiliens avaient dépensé, au cours de cette période, 4570 reals en guise de paiement de la dette. Entre janvier et novembre de l’an passé (à peine 11 mois), 113,4 milliards de reals d’intérêts ont été payés. Ce montant correspond à 12 fois ce qui a été investi tout au long de l’année dans la « Bolsa familia », le principal programme d’aide sociale du gouvernement fédéral.
Durant le mandat de Fernando Henrique Cardoso, le paiement d’impôts et l’effort fiscal destiné à rendre celui-ci viable ont été déterminés par la dite Loi de Responsabilité Fiscale, selon laquelle les Etats et municipalités devaient accorder la priorité au paiement des intérêts de la dette interne et ce, au détriment des dépenses sociales, créant ainsi un grand manque en termes de soutien à la population la plus défavorisée et de services publiques répondant aux principaux besoins de base. A titre d’exemple, on peut citer la province de São Paulo qui consacre 13 % de son budget au paiement des intérêts de la dette.
« Pendant ce temps, les politiques sociales ont été abandonnées. Le pays dépense à peine 4 % du PIB
PIB
Produit intérieur brut
Le PIB traduit la richesse totale produite sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées.
Le Produit intérieur brut est un agrégat économique qui mesure la production totale sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées. Cette mesure est notoirement incomplète ; elle ne tient pas compte, par exemple, de toutes les activités qui ne font pas l’objet d’un échange marchand. On appelle croissance économique la variation du PIB d’une période à l’autre.
pour l’éducation, et la santé publique est rabotée. Ce choix est le plus grand crime qui puisse se perpétrer à l’encontre la population exclue, et ceux qui y gagnent ne sont autres que les banques et les spéculateurs financiers », affirme Ivan Valente. « Il est présenté cyniquement à l’opinion publique que la seule option existante est de payer religieusement les intérêts de la dette publique, alors que d’autre pays ont trouvé des alternatives à ce modèle », complète le député.
Le PSOL est en faveur de l’analyse et de la transparence des dépenses publiques. Pour Ivan Valente, la CPE de la dette publique va amener au grand jour une autre facette du mauvais usage de l’argent public, à une échelle infiniment supérieure.
"Nous proposons une CPE pour que soit discuté le budget national, pour que nous puissions savoir où va l’argent, qui n’est pas investi dans l’éducation ou dans la santé publique. Une Commission Parlementaire d’Enquête mènera obligatoirement à un audit de la dette, comme il est prévu dans la Constitution Fédérale. Il s’agit de l’instrument démocratique le plus approprié et le plus efficace pour analyser à fond cette situation et ses conséquences sur le développement et la souveraineté nationale. Ce n’est pas une CPE dirigé contre un gouvernement, quel qu’il soit. C’est en faveur du peuple brésilien, d’une politique égalitaire, soutenable », conclut-il.
Traduction : Alice Minette
[1] Voir sur le même sujet, Brésil : La dette publique est toujours bien là !.
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