Forum social européen 2004 - Appel de l’Assemblée des mouvements sociaux

25 octobre 2004 par Collectif




Nous sommes issus de toutes les campagnes et de tous les mouvements sociaux et citoyens, organisations de « sans », organisations syndicales, organisations de défense des droits humains, organisations de solidarité internationale, mouvements féministes, mouvements pacifistes contre la guerre. Nous venons de toutes les régions d’Europe pour nous rencontrer à Londres lors de ce 3e Forum européen. Nous sommes divers et pluriels, ce dont nous avons fait une force.

La guerre représente aujourd’hui le visage le plus dur et le plus sombre du libéralisme. La gu ! erre et l’occupation de l’Irak, l’occupation de la Palestine, les massacres en Tchétchénie et les guerres cachées du continent africain ruinent l’avenir de l’humanité. La guerre en Irak a été justifiée par des mensonges. Aujourd’hui l’Irak est humilié et détruit. Les Irakiens sont prisonniers de la guerre et de la terreur. L’occupation n’a débouché en aucune façon sur la liberté et de meilleures conditions de vie. Bien au contraire, elle a renforcé les partisans du « choc des civilisations ». Nous nous battons pour un arrêt immédiat des bombardements, le retrait des troupes d’occupation de l’Irak, et pour la restitution immédiate de la souveraineté au peuple irakien. Nous soutenons le droit du peuple irakien à résister à l’occupation.

Nous soutenons les mouvements israéliens et palestiniens qui se battent pour une paix juste et durable. Suite à la décision de la Cour internationale de justice et au vote unanime des pays européens lors de l’Assemblée générale de l’ONU, nous dema ! ndons la fin de l’occupation israélienne et la destruction du mur de l’apartheid. Nous demandons des sanctions économiques et politiques contre le gouvernement israélien tant que celui-ci continuera de violer le droit international et les droits du peuple palestinien. C’est pourquoi, nous participerons à la semaine de mobilisation internationale contre le mur de l’apartheid du 9 au 16 novembre et aux journées d’action Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
européennes du 10 et 11 décembre, anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme.

Le dérèglement climatique à l’échelle mondiale est une menace sans précédent pour l’avenir de nos enfants et de l’humanité. Nous soutenons l’appel des organisations environnementales pour une action internationale sur le changement climatique en 2005. Nous soutenons les campagnes contre les OGM OGM
Organisme génétiquement modifié
Organisme vivant (végétal ou animal) sur lequel on a procédé à une manipulation génétique afin de modifier ses qualités, en général afin de le rendre résistant à un herbicide ou un pesticide. En 2000, les OGM couvraient plus de 40 millions d’hectares, concernant pour les trois-quarts le soja et le maïs. Les principaux pays producteurs étaient les USA, l’Argentine et le Canada. Les plantes génétiquement modifiées sont en général produites intensivement pour l’alimentation du bétail des pays riches. Leur existence pose trois problèmes.


- Problème sanitaire. Outre la présence de nouveaux gènes dont les effets ne sont pas toujours connus, la résistance à un herbicide implique que le producteur va multiplier son utilisation. Les produits OGM (notamment le soja américain) se retrouvent gorgés d’herbicide dont dont on ignore les effets sur la santé humaine. De plus, pour incorporer le gène nouveau, on l’associe à un gène de résistance à un antibiotique, on bombarde des cellules saines et on cultive le tout dans une solution en présence de cet antibiotique pour ne conserver que les cellules effectivement modifiées.


- Problème juridique. Les OGM sont développés à l’initiative des seules transnationales de l’agrochimie comme Monsanto, pour toucher les royalties sur les brevets associés. Elles procèdent par coups de boutoir pour enfoncer une législation lacunaire devant ces objets nouveaux. Les agriculteurs deviennent alors dépendants de ces firmes. Les États se défendent comme ils peuvent, bien souvent complices, et ils sont fort démunis quand on découvre une présence malencontreuse d’OGM dans des semences que l’on croyait saines : destruction de colza transgénique dans le nord de la France en mai 2000 (Advanta Seeds), non destruction de maïs transgénique sur 2600 ha en Lot et Garonne en juin 2000 (Golden Harvest), retrait de la distribution de galettes de maïs Taco Bell aux USA en octobre 2000 (Aventis). En outre, lors du vote par le parlement européen de la recommandation du 12/4/2000, l’amendement définissant la responsabilité des producteurs a été rejeté.


- Problème alimentaire. Les OGM sont inutiles au Nord où il y a surproduction et où il faudrait bien mieux promouvoir une agriculture paysanne et saine, inutiles au Sud qui ne pourra pas se payer ces semences chères et les pesticides qui vont avec, ou alors cela déséquilibrera toute la production traditionnelle. Il est clair selon la FAO que la faim dans le monde ne résulte pas d’une production insuffisante.
et pour une agriculture, une alimentation et un environnement sûrs.

En février 2005, nous nous joindrons aux actions et manifestations contre le sommet de l’OTAN OTAN
Organisation du traité de l’Atlantique Nord
Elle assure aux Européens la protection militaire des États-Unis en cas d’agression, mais elle offre surtout aux États-Unis la suprématie sur le bloc occidental. Les pays d’Europe occidentale ont accepté d’intégrer leurs forces armées à un système de défense placé sous commandement américain, reconnaissant de ce fait la prépondérance des États-Unis. Fondée en 1949 à Washington et passée au second plan depuis la fin de la guerre froide, l’OTAN comprenait 19 membres en 2002 : la Belgique, le Canada, le Danemark, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, auxquels se sont ajoutés la Grèce et la Turquie en 1952, la République fédérale d’Allemagne en 1955 (remplacée par l’Allemagne unifiée en 1990), l’Espagne en 1982, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque en 1999.
à Ni ! ce. Face à la volonté des grandes puissances de continuer à diriger le monde pour y développer le modèle néolibéral, nous nous engageons à nous mobiliser massivement à l’occasion de la tenue du G8 G8 Ce groupe correspond au G7 plus la Fédération de Russie qui, présente officieusement depuis 1995, y siège à part entière depuis juin 2002. en Ecosse en juillet 2005.

Nous luttons pour une autre Europe qui rejette le sexisme et les violences faites aux femmes et reconnaît le droit à l’avortement. Nous soutenons la journée internationale de mobilisation contre les violences faites aux femmes le 25 novembre et les mobilisations organisées pour le 8 mars, journée internationale de la femme. Nous soutenons l’initiative européenne des 28 et 29 mai à Marseille proposée par la Marche mondiale des femmes.

Nous sommes contre le racisme et l’Europe forteresse, pour les droits des migrants et des demandeurs d’asile, pour la liberté de circulation, pour la citoyenneté de résidence et la fermeture des centres de rétention. Nous sommes contre l’expulsion des immigrés. Nous proposons une journée d’action le 2 avril 2005 contre le racisme, pour la liberté de circulation, pour le droit d’installation comme une alternative à une Europe fondée sur l’exclusion et l’exploitation.

Au moment où le traité constitutionnel européenn entre dans la phase de ratification, nous tenons à affirmer qu’une consultation directe des peuples de l’Europe est nécessaire. Ce projet ne répond pas à nos aspirations. Ce traité constitutionnel consacre le néolibéralisme comme doctrine officielle de l’UE. Il fait de la concurrence le fondement du droit communautaire et de toutes les activités humaines. Il ne tient aucun compte des objectifs d’une société soutenable d’un point de vue écologiste. Il restreint la libre circulation des personnes et refuse l’égalité des droits à ceux qui résident en Europe sans posséder la nationalité d’un Etat membre. Il accorde un rôle à l’OTAN sur les politiques étrangères et de défense européennes et pousse à la militarisation de l’Union européenne. Enfin, il maintient le social dans le sta ! tut de pièce rapportée d’une construction européenne fondée sur le primat du marché, et acte, de fait, le démantèlement déjà programmé des services publics.

Nous luttons pour autre une Europe. Nos mobilisations portent l’espoir d’une Europe sans chômage ni précarité. Nous nous battons pour une agriculture paysanne qui assure la souveraineté alimentaire, préserve les emplois et défende, comme biens communs, la qualité de l’environnement et des produits agroalimentaires. Nous voulons une Europe ouverte sur le monde, respectant le droit d’asile, permettant à chacun d’y circuler librement, reconnaissant la citoyenneté de résidence à tous les étrangers y habitant. Nous demandons une véritable égalité sociale entre les femmes et les hommes et l’égalité des rémunérations. Nous voulons une Europe qui promeut la diversité culturelle et linguistique et respectera le droit des peuples à l’autodétermination, c’est-à-dire de décider de leur futur de façon démocratique. Nous nous battons pour une autre Europe, une Europe respectueu ! se des droits des salariés et qui garantisse des salaires corrects et un haut niveau de protection sociale. Nous luttons contre toutes les mesures qui, en mettant en ¦uvre de nouvelles formes de sous-traitance, développent la précarité du travail.

Nous nous battons pour une Europe qui refuse la guerre, favorise la solidarité internationale et une société écologiquement durable. Nous luttons pour le désarmement, contre les armes nucléaires et contre les bases militaires des Etats-Unis et de l’OTAN. Nous soutenons tous ceux qui refusent de servir dans l’armée.

Nous rejetons la privatisation des services publics et des biens communs comme l’eau. Nous nous battons pour que les droits des êtres humains, les droits sociaux, économiques, politiques, culturels et écologiques l’emportent sur le droit de la concurrence, la logique du profit et l’asservissement des pays du Sud par la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
. Nous refusons l’utilisation de la « guerre contre le terrorisme » pour remettre en cause le ! s droits civils et démocratiques et pour stigmatiser les divergences d’opinion et criminaliser les conflits sociaux.

Le mouvement social européen soutient la mobilisation nationale du 30 octobre en Italie lors de la signature du traité constitutionnel européen - contre la guerre, le néolibéralisme, le racisme, pour le retrait des troupes d’Irak et pour une autre Europe. Nous soutenons la mobilisation en janvier 2005 contre le sommet sur le traité constitutionnel européen entre la France, l’Espagne et l’Allemagne. Nous soutenons la mobilisation du 11 novembre 2004 contre la directive Bolkenstein.

Alors que la nouvelle Commission européenne affiche sans vergogne un profil ultralibéral, il nous faut engager un processus de mobilisation à l’échelle de toute l’Europe pour imposer la reconnaissance des droits sociaux, politiques, économiques, culturels et écologiques, tant individuels que collectifs, des femmes comme des hommes. Ce processus de mobilisation, qui doit permettre l’implication de tous les peuples d’Europe doit regrouper, au-delà des divergences, toutes les forces prêtes à s’engager à lutter contre le modèle néolibéral européen.

Le 20 mars 2005 marquera l’anniversaire du début de la guerre en Irak. Les 22 et 23 mars, le Conseil européen se réunira à Bruxelles. Nous appelons à des mobilisations dans tous les pays d’Europe. Nous lançons un appel pour une manifestation centrale à Bruxelles le 19 mars, contre la guerre et le racisme, contre l’Europe néolibérale, contre les privatisations, contre le projet de directive Bolkenstein et les attaques contre le temps de travail, pour une Europe des droits et de la solidarité entre les peuples. Nous lançons un appel à tous les mouvements sociaux et au mouvement syndical européen pour être dans la rue ce jour-là.

Londres, octobre 2004


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