Du 19 au 26 janvier 2008, les mouvements sociaux actifs au sein du Forum Social Mondial se sont rassemblés dans leurs pays respectifs pour offrir une visibilité locale aux alternatives proposées face à la mondialisation financière. Un contrepoint au Forum économique de Davos, grande messe néolibérale où un petit groupe de nantis décide unilatéralement du devenir de la planète. |
Le CADTM, en tant que réseau international luttant au quotidien pour le respect des droits fondamentaux garantis par la Déclaration universelle de 1948, ne pouvait ni ne voulait manquer cet événement majeur. C’est pourquoi, dans de nombreux pays, les revendications portées par ce réseau se sont fait entendre :
En Belgique : en plein cœur de la capitale de l’Europe, à la Bourse
Bourse
La Bourse est l’endroit où sont émises les obligations et les actions. Une obligation est un titre d’emprunt et une action est un titre de propriété d’une entreprise. Les actions et les obligations peuvent être revendues et rachetées à souhait sur le marché secondaire de la Bourse (le marché primaire est l’endroit où les nouveaux titres sont émis pour la première fois).
des valeurs, symbole de la dictature du capital, une action
Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
collective a rassemblé 500 personnes au cours de l’après-midi du samedi 26 janvier sous le slogan « La Bourse ou la Vie ». Ensuite, une manifestation de soutien s’est dirigée vers un bâtiment qu’occupent plus de 100 sans papiers en grève de la faim.
Le mercredi précédent, une soirée SLAM organisée par le Groupe Thomas Sankara/CADTM sur le thème « un autre monde est possible, un autre Liège aussi » avait rassemblé plus de 100 personnes.
Au Bénin : le vendredi 25 janvier 2008, le CADD (membre du réseau CADTM international) a organisé une mobilisation contre la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
publique béninoise devant le ministère des Finances et de l’Economie.
Au Congo Brazzaville : SOLIDAIRES-CADTM Pointe-noire a organisé les 25 et 26 des débats autour du thème de la dette avec comme conférenciers Clotaire KOUSSOUMANA et Jean Victor LEMVO. Débats suivis d’une rencontre avec trois parlementaires autour du thème de l’audit de la dette.
En Côte d’Ivoire : le 25 janvier, le FNDP a réalisé une campagne de mobilisation et de sensibilisation autour des thèmes « Audit citoyen pour une annulation totale et inconditionnelle de la dette » et « Enjeux du Forum social mondial » tandis qu’il organisait le 26 janvier une conférence de presse pour rendre compte des acquis du Séminaire d’Abidjan de décembre (voir Les Autres Voix de la Planète n°37).
En France : participation du CADTM Grenoble à un temps fort d’information (avec panneaux, stands, animation, prises de parole...) contre les logiques de guerres, le samedi 19 janvier au centre ville. A Lyon s’est tenu un rassemblement avec forums, débats et stands d’information.
En Guinée Conakry : la Coalition citoyenne des alternatives dette et développement, et de défense des intérêts fondamentaux de Guinée (CADIF-Guinée), ainsi que de nombreux autres acteurs sociaux ont organisé une mobilisation contre la dette publique avec la remise de la Déclaration du Séminaire régional Afrique de l’Ouest du réseau CADTM, tenu à Abidjan du 19 au 22 décembre 2007.
En Inde : le VAK-CADTM participait à une caravane de voitures le 26 janvier à Mumbai tandis que le 24 au Kerala (Sud Est de l’Inde), Eric Toussaint et Denise Comanne (CADTM Belgique) participaient à une rencontre intitulée « Impact de la mondialisation
Mondialisation
(voir aussi Globalisation)
(extrait de F. Chesnais, 1997a)
Jusqu’à une date récente, il paraissait possible d’aborder l’analyse de la mondialisation en considérant celle-ci comme une étape nouvelle du processus d’internationalisation du capital, dont le grand groupe industriel transnational a été à la fois l’expression et l’un des agents les plus actifs.
Aujourd’hui, il n’est manifestement plus possible de s’en tenir là. La « mondialisation de l’économie » (Adda, 1996) ou, plus précisément la « mondialisation du capital » (Chesnais, 1994), doit être comprise comme étant plus - ou même tout autre chose - qu’une phase supplémentaire dans le processus d’internationalisation du capital engagé depuis plus d’un siècle. C’est à un mode de fonctionnement spécifique - et à plusieurs égards important, nouveau - du capitalisme mondial que nous avons affaire, dont il faudrait chercher à comprendre les ressorts et l’orientation, de façon à en faire la caractérisation.
Les points d’inflexion par rapport aux évolutions des principales économies, internes ou externes à l’OCDE, exigent d’être abordés comme un tout, en partant de l’hypothèse que vraisemblablement, ils font « système ». Pour ma part, j’estime qu’ils traduisent le fait qu’il y a eu - en se référant à la théorie de l’impérialisme qui fut élaborée au sein de l’aile gauche de la Deuxième Internationale voici bientôt un siècle -, passage dans le cadre du stade impérialiste à une phase différant fortement de celle qui a prédominé entre la fin de Seconde Guerre mondiale et le début des années 80. Je désigne celui-ci pour l’instant (avec l’espoir qu’on m’aidera à en trouver un meilleur au travers de la discussion et au besoin de la polémique) du nom un peu compliqué de « régime d’accumulation mondial à dominante financière ».
La différenciation et la hiérarchisation de l’économie-monde contemporaine de dimension planétaire résultent tant des opérations du capital concentré que des rapports de domination et de dépendance politiques entre États, dont le rôle ne s’est nullement réduit, même si la configuration et les mécanismes de cette domination se sont modifiés. La genèse du régime d’accumulation mondialisé à dominante financière relève autant de la politique que de l’économie. Ce n’est que dans la vulgate néo-libérale que l’État est « extérieur » au « marché ». Le triomphe actuel du « marché » n’aurait pu se faire sans les interventions politiques répétées des instances politiques des États capitalistes les plus puissants (en premier lieu, les membres du G7). Cette liberté que le capital industriel et plus encore le capital financier se valorisant sous la forme argent, ont retrouvée pour se déployer mondialement comme ils n’avaient pu le faire depuis 1914, tient bien sûr aussi de la force qu’il a recouvrée grâce à la longue période d’accumulation ininterrompue des « trente glorieuses » (l’une sinon la plus longue de toute l’histoire du capitalisme). Mais le capital n’aurait pas pu parvenir à ses fins sans le succès de la « révolution conservatrice » de la fin de la décennie 1970.
sur les paysans pauvres » et le 26, à un rassemblement de syndicats de pêcheurs près de la capitale du Kerala, Thiruvananthapuram.
Au Mali : la CAD Mali participait à une conférence populaire traitant des Accords de Partenariat Economique (APE) qui a rassemblé plus de 500 personnes.
Au Maroc : les militants d’ATTAC/CADTM Maroc ont participé activement du 25 au 27 janvier à des journées d’action et de mobilisation du Forum Social Maroc qui ont rassemblé un peu plus de 1.400 personnes. Y ont pris la parole Victor Nzuzi du CADTM en RDC et Solange Koné du FNDP-CADTM en Côte d’Ivoire ainsi que des délégués de RAID-CADTM Tunisie.
En Mauritanie : le CS/ASCM pour l’annulation de la Dette/Mauritanie a organisé deux réunions de sensibilisation et a confectionné des banderoles que les militants ont accrochées aux principaux carrefours de la capitale.
Au Pakistan : une semaine d’action a eu lieu. La situation particulière du pays a constitué le sujet central du séminaire tenu par le Labour Education Foundation.
Au Togo : le vendredi 25 janvier, s’est tenue une conférence sur l’audit citoyen de la dette au Forum social ouest africain (FSOA). Samedi 26 janvier, une Marche pour la journée d’action du Forum social mondial s’est centrée sur le thème « Attac la dette ». Une interview accordée à la première chaîne de télévision togolaise sur les APE est passée au journal de 20h. Dimanche 27 janvier, une Marche pour la paix et contre les APE a clôturé le FSOA.
Cette liste d’activités du réseau n’est pas exhaustive. Ce qui importe, c’est qu’au delà du réseau CADTM International, nous avons assisté durant cette semaine à une mobilisation planétaire. Une semaine qui a servi à renforcer les bases d’un avenir plus juste et solidaire. Verrons-nous le 26 janvier devenir le jour symbolique, le point d’orgue des luttes contre l’irresponsabilité financière ? Nous l’espérons, tout en sachant que seul l’engagement du plus grand nombre reste la clé qui ouvre les portes d’un monde meilleur pour toutes et tous.
Pour une vue d’ensemble des actions de cette semaine, sentez-vous libre de visiter le site du forum social mondial, mais aussi d’y poster vos propres reportages, écrits et documents audiovisuels. : http://www.wsf2008.net/fr