Réquisition de chaises dans les banques liégeoises

« Épargnez-nous vos crimes climatiques »

12 décembre 2015


Vendredi 11 décembre 2015, 15h20 : une trentaine de personnes (des collectifs « PinguoindignéEs » et « Qui vole qui ? ») sont rentrées dans les trois banques ING, Belfius et BNP Paribas autour de l’Opéra à Liège et y ont réquisitionné des chaises. Une partie a été embarquée et une autre laissée sur la place publique. Une banderole avec le message « Nous reviendrons chercher le reste... » a également été laissée sur place.



La revendication de ces pinguoindignéEs est très claire : nous rendrons les chaises à ces banques lorsqu’elles rendront l’argent qu’elles placent dans les paradis fiscaux Paradis fiscaux
Paradis fiscal
Territoire caractérisé par les cinq critères (non cumulatifs) suivants :
(a) l’opacité (via le secret bancaire ou un autre mécanisme comme les trusts) ;
(b) une fiscalité très basse, voire une imposition nulle pour les non-résidents ;
(c) des facilités législatives permettant de créer des sociétés écrans, sans aucune obligation pour les non-résidents d’avoir une activité réelle sur le territoire ;
(d) l’absence de coopération avec les administrations fiscales, douanières et/ou judiciaires des autres pays ;
(e) la faiblesse ou l’absence de régulation financière.

La Suisse, la City de Londres et le Luxembourg accueillent la majorité des capitaux placés dans les paradis fiscaux. Il y a bien sûr également les Iles Caïmans, les Iles anglo-normandes, Hong-Kong, et d’autres lieux exotiques. Les détenteurs de fortunes qui veulent échapper au fisc ou ceux qui veulent blanchir des capitaux qui proviennent d’activités criminelles sont directement aidés par les banques qui font « passer » les capitaux par une succession de paradis fiscaux. Les capitaux généralement sont d’abord placés en Suisse, à la City de Londres ou au Luxembourg, transitent ensuite par d’autres paradis fiscaux encore plus opaques afin de compliquer la tâche des autorités qui voudraient suivre leurs traces et finissent par réapparaître la plupart du temps à Genève, Zurich, Berne, Londres ou Luxembourg, d’où ils peuvent se rendre si nécessaires vers d’autres destinations.
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 nous rendrons les chaises à ces banques lorsqu’elles rendront l’argent qu’elles placent dans les paradis fiscaux.

En effet, cet argent détourné [1] permettrait largement de financer la transition écologique et sociale dont la population a besoin pour ne pas sortir détruite des changements climatiques en cours.

Comme le montre l’illustration ci-dessous, ces trois banques actives en Belgique ont de nombreuses filiales dans les paradis fiscaux – qu’elles refusent de fermer – et elles investissent des milliards dans le système extractiviste, c’est-à-dire dans les énergies fossiles dont l’exploitation nous envoie dans le mur.

- > Résultat : 5 000 euros déposés sur un compte en banque ou un fonds en actions Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
polluent indirectement autant qu’un 4x4, sur une année !

Des chiffres qui en disent long…

Entre 2009 et 2014, les 25 premières banques mondiales ont consacré 847 milliards d’euros au financement de projets liés aux énergies fossiles, contre 89 milliards seulement aux énergies renouvelables...

- > Pour 1 € investi dans l’économie propre, 10 € sont investis dans les énergies fossiles…

Cette action s’inscrit dans le cadre des Climate Games

Un appel à multiplier les actions de désobéissance civile face à l’hypocrisie des gouvernements en place et des multinationales (dont le sponsor BNP-Paribas) qui défendent leurs intérêts dans le cadre des négociations (ou plutôt, des tractations) de la COP-21 à Paris.

Les choix d’investissements de ces banques déterminent directement notre qualité de vie. Or, elles préfèrent utiliser notre argent pour financer l’économie polluante d’hier plutôt qu’une économie respectueuse de l’environnement et de la société. La population doit mettre sous contrôle citoyen cet outil fondamental que sont les banques.

 La population doit mettre sous contrôle citoyen cet outil fondamental que sont les banques.

Exemple : BNP Paribas (Fortis) est non seulement une catastrophe écologique mais en plus une plaie économique et sociale pour la Belgique. Non contente d’avoir légué ses dettes à la population en 2008 (que celle-ci paie toujours à grands coups d’austérité), sa direction vient d’annoncer un plan de restructuration qui devrait supprimer 1.050 emplois et qu’elle verserait dans le même temps un dividende exceptionnel de 2 milliards d’euros à la maison mère de Paris !

Les collectifs « PinguoindignéEs » et « Qui vole qui ? »


Notes

[1Rien qu’en Europe, les pertes liées à la fraude et à l’évasion fiscales s’élèvent à plus de 1000 milliards d’euros chaque année (selon la Commission Européenne).

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