Le racket organisé de la dette publique
22 novembre 2011 par Olivier Chantry
La crise du système bancaire s’approfondit [1] et les États européens sont condamnés à dépendre du « bon vouloir » des marchés financiers
Marchés financiers
Marché financier
Marché des capitaux à long terme. Il comprend un marché primaire, celui des émissions et un marché secondaire, celui de la revente. À côté des marchés réglementés, on trouve les marchés de gré à gré qui ne sont pas tenus de satisfaire à des conditions minimales.
. L’Europe de Maastricht et de Lisbonne interdit à la Banque Centrale Européenne
BCE
Banque centrale européenne
La Banque centrale européenne est une institution européenne basée à Francfort, créée en 1998. Les pays de la zone euro lui ont transféré leurs compétences en matières monétaires et son rôle officiel est d’assurer la stabilité des prix (lutter contre l’inflation) dans la dite zone.
Ses trois organes de décision (le conseil des gouverneurs, le directoire et le conseil général) sont tous composés de gouverneurs de banques centrales des pays membres et/ou de spécialistes « reconnus ». Ses statuts la veulent « indépendante » politiquement mais elle est directement influencée par le monde financier.
(BCE) de prêter aux États. Dès lors, les banques privées jouissent (et abusent) du monopole des prêts aux États. Les marchés financiers se trouvent ainsi en position de déterminer les taux d’intérêts que doivent leur payer les États, et ils en tirent évidemment un large bénéfice. Par exemple, le 25 octobre 2011, les marchés ont exigé à l’État espagnol pour des « lettres de 3 mois » (emprunt de 3 mois) 2,35% d’intérêt, au lieu des 1,7% réclamés fin septembre (càd une augmentation de 40% en un mois !). Le lundi 14 novembre 2011, l’Italie a du offrir 6,29% pour 3 milliards de bons à 5 ans contre 5,32% le mois précédent. Pour cet emprunt c’est donc environ 50 millions d’euros d’intérêts par an en plus à payer. Le lendemain, même sentence en Espagne pour l’émission de 2,6 milliards d’euros de lettres de 12 mois qui ont atteint le taux de 5,6%. Un an avant, le 14 décembre 2010, le taux était 2% plus bas.
En 2012, la France devra re-financier prés de 200 milliards de dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
et l’État Espagnol plus de 100. Chaque augmentation de 1% du taux d’emprunt cette année là représentera donc respectivement 2 et 1 milliards d’euros de plus que ces États offriront chaque année aux marchés. Les intérêts payés en 2011 par ces États ont été pour la France de 48,8 milliards d’Euro et de 27,8 milliards d’Euro pour l’Espagne. M. Sarkozy, qui a annoncé en ce début novembre de nouveaux plans d’austérités, a félicité en octobre la politique libérale de son homologue espagnol M. Zapatero. Celle-ci a notamment modifié la Constitution espagnole pour placer l’austérité et le paiement de la dette sur le même rang que la liberté ou les droits économique et sociaux des citoyennes et des citoyens. Comment expliquer alors que les marchés se prétendent encore effrayés par la situation économique de pays si exemplaires [2] ? Comment fonctionnent ces marchés et à quoi servent-ils finalement ? Autant de questions que nous essayerons d’aborder ci-dessous, en démystifiant une série de présupposés qui sont amplement diffusés par les moyens de communication dominants.
Premier mythe : Les marchés sont-ils essentiels pour « découvrir » les prix « justes »
Considérant que les acheteurs et les vendeurs d’un marché peuvent être “rationnels”, il est laissé à ces derniers la possibilité, par le jeu bien connu de l’offre et de la demande, de déterminer les prix « réels ».
C’est sur le marché secondaire que va être déterminé le prix des titres des dettes publiques en circulation [3]. Prenons par exemple, un titre de dette émis en 2010, pour un montant de 1000 euros et une période de dix ans et à 5% d’intérêts annuel. On parle alors d’un rendement annuel de 5%, et un an plus tard, le marché « découvre » son prix : 500 euros...
L’Etat continuera à payer chaque année les 5% d’intérêts (50 euros) et à l’échéance, en 2020, il devra bien sûr rembourser les 1000 euros . Le nouveau détenteur (qui a racheté le bon à 500 euros) aura un rendement de 10% annuel. Il investit 500 euros et perçoit 50 euros d’intérêts chaque année. De cette manière, le marché a en réalité « découvert » que la dette devait rapporter 10% par an. Les prochaines émissions de titres à 10 ans devront donc également avoir un de rendement de 10%, c’est-à-dire un taux d’intérêt
Taux d'intérêt
Quand A prête de l’argent à B, B rembourse le montant prêté par A (le capital), mais aussi une somme supplémentaire appelée intérêt, afin que A ait intérêt à effectuer cette opération financière. Le taux d’intérêt plus ou moins élevé sert à déterminer l’importance des intérêts.
Prenons un exemple très simple. Si A emprunte 100 millions de dollars sur 10 ans à un taux d’intérêt fixe de 5 %, il va rembourser la première année un dixième du capital emprunté initialement (10 millions de dollars) et 5 % du capital dû, soit 5 millions de dollars, donc en tout 15 millions de dollars. La seconde année, il rembourse encore un dixième du capital initial, mais les 5 % ne portent plus que sur 90 millions de dollars restants dus, soit 4,5 millions de dollars, donc en tout 14,5 millions de dollars. Et ainsi de suite jusqu’à la dixième année où il rembourse les derniers 10 millions de dollars, et 5 % de ces 10 millions de dollars restants, soit 0,5 millions de dollars, donc en tout 10,5 millions de dollars. Sur 10 ans, le remboursement total s’élèvera à 127,5 millions de dollars. En général, le remboursement du capital ne se fait pas en tranches égales. Les premières années, le remboursement porte surtout sur les intérêts, et la part du capital remboursé croît au fil des ans. Ainsi, en cas d’arrêt des remboursements, le capital restant dû est plus élevé…
Le taux d’intérêt nominal est le taux auquel l’emprunt est contracté. Le taux d’intérêt réel est le taux nominal diminué du taux d’inflation.
de 10% annuel ou 100 € pour des titres de 1000 euros [4]. Les analystes financiers nous expliquent alors que si les marchés exigent 2 fois plus de profits, c’est parce qu’ils estiment que la dette est plus risquée. Pourtant, ils se précipitent pour acheter les nouveaux bons car ils savent bien que les pouvoirs publics se chargeront de leur « sauvetage » en cas de problème. Ainsi, les prix ne sont pas « découverts » de fait, mais plutôt manipulés au gré et au bénéfice des banques privées.
Le sauvetage de la Grèce ! [5]
En Grèce, les prix des bons de dettes ont chuté, perdant entre 60% et 80% de leur valeur... Comme nous l’avons vu auparavant, les taux d’intérêts exigés par les marchés ont explosé. La Grèce peine donc à se re-financer sur les marchés (elle devrait emprunter à plus de 18% sur dix ans). Les autres États européens lui prêtent au travers du Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour qu’elle puisse rembourser les titres de dette arrivant à échéance. Cette dette est détenue, en grande partie, par des banques françaises et allemandes. Face à un possible défaut, la France et de l’Allemagne réalisent des bénéfices en prêtant à la Grèce à des taux d’intérêt allant jusqu’à 5% tout en exigeant des plans d’ajustements structurels qui poussent sa population dans la pauvreté, la rue et la répression. Pendant ce temps, la BCE rachète sur le marché secondaire des titres grecs à ces mêmes banques. Curieusement, des titres qui sur le marché secondaire valaient près de 40%, était rachetés par la BCE à 80% cet été. Au final le dernier plan de sauvetage prévoit une décote de la dette. Ainsi des titres de 1000 euros (valant entre 200 et 400 euros sur le marché secondaire) vont être transformés en titres de 500 euros, dont la date d’échéance et le taux d’intérêt seront renégociés. |
Deuxième mythe : Pour qu’un marché fonctionne correctement, il faut qu’il soit « suffisamment liquide »...
Il est généralement affirmé qu’un marché est « liquide » lorsqu’il y a suffisamment d’acheteurs qui apportent de l’argent (liquidités
Liquidité
Liquidités
Capitaux dont une économie ou une entreprise peut disposer à un instant T. Un manque de liquidités peut conduire une entreprise à la liquidation et une économie à la récession.
), c’est-à-dire, lorsqu’il y a suffisamment d’échanges (achats et ventes). C’est ici que l’on comprend le rôle essentiel des marchés de dérivés
Dérivés
Dérivé
Dérivé de crédit : Produit financier dont le sous-jacent est une créance* ou un titre représentatif d’une créance (obligation). Le but du dérivé de crédit est de transférer les risques relatifs au crédit, sans transférer l’actif lui-même, dans un but de couverture. Une des formes les plus courantes de dérivé de crédit est le Credit Default Swap.
financiers (futurs et options) et autres instruments de « gré à gré
Marché de gré à gré
Gré à gré
Un marché de gré à gré ou over-the-counter (OTC) en anglais (hors Bourse) est un marché non régulé sur lequel les transactions sont conclues directement entre le vendeur et l’acheteur, à la différence de ce qui se passe sur un marché dit organisé ou réglementé avec une autorité de contrôle, comme la Bourse par exemple.
» (OTC en anglais) tel que les SWAPs
Swap
Swaps
Vient d’un mot anglais qui signifie « échange ». Un swap est donc un échange entre deux parties. Dans le domaine financier, il s’agit d’un échange de flux financiers : par exemple, j’échange un taux d’intérêt à court terme contre un taux à long terme moyennant une rémunération. Les swaps permettent de transférer certains risques afin de les sortir du bilan de la banque ou des autres sociétés financières qui les utilisent. Ces produits dérivés sont très utilisés dans le montage de produits dits structurés.
, les ETN et les ETF, les CDS
CDS
Credit Default Swap
Le CDS est un produit financier dérivé qui n’est soumis à aucun contrôle public. Il a été créé par la banque JPMorgan dans la première moitié des années 1990 en pleine période de déréglementation. Le Credit Default Swap signifie littéralement “permutation de l’impayé”. Normalement, il devrait permettre au détenteur d’une créance de se faire indemniser par le vendeur du CDS au cas où l’émetteur d’une obligation (l’emprunteur) fait défaut, que ce soit un pouvoir public ou une entreprise privée. Le conditionnel est de rigueur pour deux raisons principales. Premièrement, l’acheteur peut utiliser un CDS pour se protéger d’un risque de non remboursement d’une obligation qu’il n’a pas. Cela revient à prendre une assurance contre le risque d’incendie de la maison d’un voisin en espérant que celle-ci parte en flammes afin de pouvoir toucher la prime. Deuxièmement, les vendeurs de CDS n’ont pas réuni préalablement des moyens financiers suffisants pour indemniser les sociétés affectées par le non remboursement de dettes. En cas de faillite en chaîne d’entreprises privées ayant émis des obligations ou du non remboursement de la part d’un Etat débiteur important, il est très probable que les vendeurs de CDS seront dans l’incapacité de procéder aux indemnisations qu’ils ont promises. Le désastre de la compagnie nord-américaine d’assurance AIG en août 2008, la plus grosse société d’assurance internationale (nationalisée par le président George W. Bush afin d’éviter qu’elle ne s’effondre) et la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 sont directement liés au marché des CDS. AIG et Lehman s’étaient fortement développées dans ce secteur.
Le CDS donne l’illusion à la banque qui en achète qu’elle est protégée contre des risques ce qui l’encourage à réaliser des actions de plus en plus aventureuses. De plus, le CDS est un outil de spéculation. Par exemple en 2010-2011, des banques et d’autres sociétés financières ont acheté des CDS pour se protéger du risque d’une suspension de paiement de la dette qui aurait pu être décrétée par la Grèce. Elles souhaitaient que la Grèce fasse effectivement défaut afin d’être indemnisées. Qu’elles soient ou non en possession de titres grecs, les banques et les sociétés financières détentrices de CDS sur la dette grecque avaient intérêt à ce que la crise s’aggrave. Des banques allemandes et françaises (les banques de ces pays étaient les principales détentrices de titres grecs en 2010-2011) revendaient des titres grecs (ce qui alimentait un climat de méfiance à l’égard de la Grèce) tout en achetant des CDS en espérant pouvoir être indemnisées au cas de défaut grec.1
Le 1er novembre 2012, les autorités de l’Union européenne ont fini par interdire la vente ou l’achat de CDS concernant des dettes des États de l’UE qui ne sont pas en possession du candidat acheteur du CDS.2 Mais cette interdiction ne concerne qu’une fraction minime du marché des CDS (le segment des CDS sur les dettes souveraines*) : environ 5 à 7 %. Il faut également noter que cette mesure limitée mais importante (c’est d’ailleurs à peu près la seule mesure sérieuse qui soit entrée en vigueur depuis l’éclatement de la crise) a entraîné une réduction très importante du volume des ventes des CDS concernés, preuve que ce marché est tout à fait spéculatif.
Enfin, rappelons que le marché des CDS est dominé par une quinzaine de grandes banques internationales. Les hedge funds et les autres acteurs des marchés financiers n’y jouent qu’un rôle marginal. D’ailleurs la Commission européenne a menacé en juillet 2013 de poursuivre 13 grandes banques internationales pour collusion afin de maintenir leur domination sur le marché de gré à gré* (OTC) des CDS.3
... Ces outils financiers sont basés sur un « actif
Actif
Actifs
En général, le terme « actif » fait référence à un bien qui possède une valeur réalisable, ou qui peut générer des revenus. Dans le cas contraire, on parle de « passif », c’est-à-dire la partie du bilan composé des ressources dont dispose une entreprise (les capitaux propres apportés par les associés, les provisions pour risques et charges ainsi que les dettes).
sous-jacent » -qui en plus d’apporter une couverture contre les risques de variations des prix et d’aider à « prévoir » les prix, (une véritable merveille [6] ! -), permettent d’attirer des acteurs qui veulent juste réaliser des profits sans même jamais avoir à posséder l’actif « sous-jacent ». Par exemple, quelqu’un peut faire des profits avec des contrats d’achat ou de vente futurs de 5000 tonnes de blé ou de bons de la dette allemande, sans jamais commercialiser réellement ces produits. Cet acteur est considéré comme un « bon spéculateur » ou « spéculateur traditionnel » par les « bons » économistes [7], qui nous expliquent que ce sont ces spéculateurs qui vont apporter aux marchés la liquidité nécessaire à leur bon fonctionnement.
Sur les marchés des titres de dettes publiques, ces dérivés financiers permettent par exemple à un « bon spéculateur » de faire des profits sur la hausse du prix de bons allemands -qu’il ne détient pas- tout en vendant des bons espagnols (pour faire baisser leur prix). Pourquoi ne pas en racheter plus tard, des bons neufs ou d’occasion avec un meilleur rendement avec l’argent de la vente de CDS [8] sur la dette espagnole ? Les prix de ces CDS -une sorte d’assurance- ont forcément augmenté vu que le marché indique que la dette espagnole est beaucoup plus risquée... (D’accord, des fois il faut savoir interpréter les marchés)
Troisième mythe : les marchés permettent une allocation optimale des investissements ?
Un marché avec des « bons spéculateurs », suffisamment liquide, déterminerait correctement les prix. Cela serait déjà pas mal, mais le mieux c’est que cela permettrait surtout une allocation optimale des capitaux. C’est-à-dire, que les acteurs de ces marchés, par la recherche de leurs bénéfices, investiraient là où la rentabilité s’avérerait être la meilleure et donc dans les secteurs économiques qui en auraient le plus besoin. Un outil indispensable pour le bien de tous !
Mais que s’est-il passé depuis l’éclatement de la crise de 2007 ? Les États se sont endettés pour renflouer les institutions financières. La BCE, ainsi que la Réserve Fédérale aux États Unis ou la Bank of England au Royaume Uni, prêtent à des taux très bas aux banques pour « injecter » des liquidités dans les marchés, sauver le système bancaire et donc relancer l’économie. Que sont devenues ces injections massives de capitaux ?
Les liquidités ont continué à alimenter les marchés spéculatifs de dérivés financiers basés sur les taux de changes et les monnaies. Une autre grande partie au travers de l’agro-industrie s’est chargée de faire exploser la volatilité des prix des matières premières agricoles. La même chose s’est passée pour le pétrole et les métaux entraînant la reprise massive de l’investissement dans l’extraction des énergies fossiles et des projets pharaoniques de mines à ciel ouvert... Ces liquidités servent encore à financer l’accaparement de terres mondiales, les monocultures, les élevages industriels et les agrocarburants. Bien entendu cet argent permet aussi d’acheter de l’or dont le prix bat tout les records, d’acheter des appartements dans les grandes capitales ou encore des œuvres d’arts (uniquement celles déjà hors de prix). Enfin ces liquidités permettent aux marchés financiers -bons princes- de prêter à tour de bras aux même États qui s’endettent pour les sauver... En résumé, une allocation des investissements parfaite, pour résoudre les crises environnementale, climatique, alimentaire, énergétique, sociale et économique ou financière...
Quelques infos sur nos « chères » banques européennes [9].
![]() ![]() Comme l’on peut voir dans ces deux premiers graphiques, les banques européennes ont très vite renoué avec les profits, alors qu’elles ont toujours continué à augmenter leurs investissements dans les entreprises « associées » (Il s’agit des entreprises où elles détiennent plus de 20% des parts). Cela alors que les États s’endettaient pour les renflouer. C’est d’ailleurs à partir de ce moment qu’elles vont augmenter leurs achats de dette publique comme l’illustre le graphique suivant. ![]() Observons également la fermeture du robinet des crédits aux entreprises, sauf bien entendu les prêts aux entreprises financières qui continuent d’augmenter. Enfin le dernier graphique nous montre que l’accès aux crédits n’a pas était le même pour toutes les entreprises. Les banques ont préféré prêter aux entreprises du secteur de l’immobilier. En effet, elles ne sont pas innocentes en matière de spéculation Spéculation Opération consistant à prendre position sur un marché, souvent à contre-courant, dans l’espoir de dégager un profit. Activité consistant à rechercher des gains sous forme de plus-value en pariant sur la valeur future des biens et des actifs financiers ou monétaires. La spéculation génère un divorce entre la sphère financière et la sphère productive. Les marchés des changes constituent le principal lieu de spéculation. immobilière. La chute de ce secteur entraînerait une dépréciation Dépréciation Dans un régime de taux de changes flottants, une dépréciation consiste en une diminution de la valeur de la monnaie nationale par rapport aux autres monnaies due à une contraction de la demande par les marchés de cette monnaie nationale. de leur actifs et de plus une baisse des volumes des nouveaux prêts aux particuliers qui veulent acheter un logement. Logements dont les prix en Europe restent encore globalement artificiellement élevés. ![]() |
Le ton ironique dans lequel nous nous exprimons, prétend apporter quelques explications sur les crises actuelles et les dogmes capitalistes dominants, mais ne cherche en aucun cas à minimiser les conséquences désastreuses et criminelles de ce système. De la propagation planétaire de la faim par la finance et l’agro-industrie, aux premiers tsunamis de chômage et de destruction des droits sociaux en Europe, en passant par le renforcement des barbaries nécessaires à l’exploitation irrationnelle des matières premières, il est grand temps que les peuples réagissent. Et c’est ce qu’ils commencent à faire, d’une manière de plus en plus décidée, créative et indignée, dans de nombreux pays. L’édifice financier de cette phase capitaliste s’effondre dans ce qui semblerait être le début de la plus dure crise économique mondiale. Pourtant les tenants de ce système économique financiarisé ont bien en vue les profits considérables que leur offrirait la destruction des organismes de protection sociale (santé, chômage, retraite...)
Rapidement des luttes majeures et mondiales seraient nécessaires pour que cet édifice ne s’écroule pas encore une fois sur les mêmes. Il ne semble même plus être le moment de s’enthousiasmer pour une taxe globale sur les transactions financières ou une réglementation de la spéculation, que se proposeraient de mettre en place le G20
G20
Le G20 est une structure informelle créée par le G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni) à la fin des années 1990 et réactivée par lui en 2008 en pleine crise financière dans le Nord. Les membres du G20 sont : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie, Union européenne (représentée par le pays assurant la présidence de l’UE et la Banque Centrale européenne ; la Commission européenne assiste également aux réunions). L’Espagne est devenue invitée permanente. Des institutions internationales sont également invitées aux réunions : le Fonds monétaire international, la Banque mondiale. Le Conseil de stabilité financière, la BRI et l’OCDE assistent aussi aux réunions.
ou l’UE... Des idées germent... En Europe on parle d’audits citoyens des dettes [10] ? Pour ne pas payer les dettes illégitimes mais aussi, peut-être pour construire un outil transversal d’appropriation démocratique de la gestion des secteurs bancaires, des moyens de productions, des ressources naturelles... Nous devons penser de manière urgente au démantèlement de la finance privée, des marchés et des oligopoles... qui seraient remplacés par des organismes démocratiques locaux articulés régionalement et mondialement. Il est grand temps d’avancer vers la récupération citoyenne des débats et des décisions politiques comme par exemple la valeur et l’accès aux aliments... l’allocation des moyens de production... Ces débats et décisions si importants ne doivent pas rester confiés à l’utopie capitaliste du marché et ses oligopoles privés bien réels...
[1] Voir : Les dominos commencent à tomber en Europe 9/10/2011 http://www.cadtm.org/Les-dominos-commencent-a-tomber-en ; Krach de Dexia : un effet domino en route dans l’UE ? 4/10/2010
http://www.cadtm.org/Krach-de-Dexia-un-effet-domino-en
[2] Voir : Deuda española : nuevo golpe de Estado financiero en el Sur de Europa 4/10/2010 http://www.cadtm.org/Deuda-espanola-nuevo-golpe-de
[3] Pour une illustration sur le cas de la dette grecque voir : Dans l’œil du cyclone : la crise de la dette dans l’Union européenne 26/08/2011 http://www.cadtm.org/Dans-l-oeil-du-cyclone-la-crise-de
[4] Dans le cas de la Grèce, le dernier plan de sauvetage prévoit une décote de la dette (Voir encadré).
[5] Voir : le cynisme de M. Sarkozy dans son interview télévisée du 27 octobre 2011. http://www.elysee.fr/president/mediatheque/videos/2011/octobre/face-a-la-crise-interview-integrale-du.12337.html?search=&xtmc=&xcr=&offset=0&context=null Également pour apprécier le caractère odieux et illégitimes de la dette grecque et la gravité des plans d’austérités : Grèce : Tout un symbole de dette illégitime 16/01/2011 http://www.cadtm.org/Grece-Tout-un-symbole-de-dette
L’accord du sommet européen des 26-27 octobre 2011 est inacceptable, 27/10/2011 http://www.cadtm.org/L-accord-du-sommet-europeen-des-26
[6] Pour une analyse plus détaillée sur les prétendus bien fait des dérivés financiers voir :Plus de spéculation : les plans de la Banque mondiale et du G20 pour faire face à la volatilité des prix agricoles et aux crises alimentaires, 18/08/2011 http://www.cadtm.org/Plus-de-speculation-les-plans-de
[7] Par exemple : PSI REPORT : Excessive Speculation in the Wheat Market (Page 52) 24/06/2009 US SENATE, http://hsgac.senate.gov/public/index.cfm?FuseAction=Files.View&FileStore_id=fb439667-dcd3-4025-b95b-1b91f8ea29d1
[8] Voir:CDS et agences de notation : fauteurs de risques et de déstabilisation, 23/09/2011 http://www.cadtm.org/CDS-et-agences-de-notation
L’union Européenne prétend réguler les CDS à partir du 1 janvier 2012 en interdisant d’avoir des CDS sans posséder de dettes correspondantes (CDS à nu). En clair limiter la partie la plus visible de la spéculation. Ils n’imaginent pas un instant remettre en cause l’existence même d’outils qui se prétendent être des assurances mais qui en réalité ne sont rien d’autre que des objets de spéculation comme le sont tous les dérivés financiers.
[9] Les graphiques suivant sont réalisés à partir de la base de données statistique de la BCE, Statistical Data Warehouse, http://sdw.ecb.europa.eu/ consultée le 11 et 12 novembre 2011.
[10] Voir : Budget 2012 = une sacrée prise de dette !, 23/10/2011 http://www.cadtm.org/Budget-2012-une-sacree-prise-de
Devant la perspective d’un sauvetage des banques qui alourdira la dette publique de l’Espagne, des experts et militants proposent un audit citoyen de la dette., 12/10/2011 http://www.cadtm.org/Devant-la-perspective-d-un Pourquoi faire un audit citoyen de la dette publique française ?, 14/11/2011 http://www.cadtm.org/Pourquoi-faire-un-audit-citoyen-de
12 février 2015, par Olivier Chantry , Omar Aziki , Monica Vargas
14 mars 2012, par Olivier Chantry
18 août 2011, par Olivier Chantry
21 novembre 2009, par Olivier Chantry
29 septembre 2009, par Olivier Chantry
26 janvier 2009, par Olivier Chantry
30 janvier 2008, par Olivier Chantry