Bruxelles
4 novembre 2015 par Mariella Caponnetto
Credit : Mikael Doulson
C’est dans le cadre de la semaine de lutte contre l’austérité, les traités de libre-échange et la pauvreté que le réseau européen d’ATTAC et le CADTM ont choisi d’organiser cette journée de réflexion et de débat sur la dette. Elle s’est tenue au siège de la CSC à Bruxelles au lendemain des actions d’encerclement du sommet européen renforcées par les euromarches et à la veille d’une manifestation qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes. Ces mobilisations revendiquent une Europe différente, sous le contrôle des peuples et non des créanciers ou du capital en général, elles nous rappellent aussi que des alternatives sont possibles.
Alors que se tenaient simultanément d’autres conférences et assemblées pour discuter de ces alternatives, des représentantEs de Grèce, Belgique, France, Italie, Espagne et du Royaume-Uni sont venuEs présenter leurs rapports sur les origines de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
dans leurs pays respectifs ainsi que les campagnes d’audit citoyen.
Cette conférence, pensée lors du dernier Forum Social Mondial à Tunis, poursuivait un double objectif : construire modestement un espace public européen de débat sur la dette et construire un espace d’échange de pratiques, voire de coordination. Le réseau ICAN et la nécessité de s’en saisir ont d’ailleurs été mis en avant à plusieurs reprises.
Cette journée a permis d’établir un état des lieux clair et précis de la dette et des propositions concrètes faites dans différents pays pour faire face à la domination des politiques d’austérité et de contre-réformes structurelles en Europe.
La journée s’est décomposée en deux temps.
La matinée était consacrée à la dette telle qu’elle se présente dans ces 6 pays, ainsi qu’à l’exposé, par chaque intervenantE, de l’état des audits citoyens. Les expériences et constats convergent vers la conclusion que les audits citoyens locaux sont un niveau d’action
Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
privilégié, important et pertinent, qu’il convient de les coordonner à l’échelle nationale et, partant, à l’échelle européenne avec ce qui pourrait devenir à terme une Commission pour la Vérité sur la dette en Europe.
L’après-midi était consacrée aux alternatives économiques et sociales à envisager pour répondre efficacement à cette nouvelle offensive néolibérale, aux niveaux municipal, national et européen (voire au-delà). Partant du constat que les institutions européennes sont utilisées comme outils de cette offensive – en particulier la BCE
BCE
Banque centrale européenne
La Banque centrale européenne est une institution européenne basée à Francfort, créée en 1998. Les pays de la zone euro lui ont transféré leurs compétences en matières monétaires et son rôle officiel est d’assurer la stabilité des prix (lutter contre l’inflation) dans la dite zone.
Ses trois organes de décision (le conseil des gouverneurs, le directoire et le conseil général) sont tous composés de gouverneurs de banques centrales des pays membres et/ou de spécialistes « reconnus ». Ses statuts la veulent « indépendante » politiquement mais elle est directement influencée par le monde financier.
et la Commission, des pistes ont été proposées pour créer un espace qui pèserait sur de nouvelles institutions.
On l’a vu, le peuple grec a pu élire un gouvernement de gauche radicale, les institutions n’ont pas moins refusé toute alternative à leurs politiques actuelles.
On l’a vu, le peuple grec a pu élire un gouvernement de gauche radicale, les institutions n’ont pas moins refusé toute alternative à leurs politiques actuelles. La démocratie ne fonctionnant pas au niveau national, et encore moins à l’échelle européenne, il faut soigner les pathologies de la démocratie dans nos pays en œuvrant à plusieurs échelles, en construisant des espaces politiques et citoyens, renforcés par la convergence de nos réseaux. Malgré les désaccords politiques et les difficultés pratiques, des leçons ont été tirées de l’échec du gouvernement Syriza et ont fait l’objet de débats sereins.
La journée s’est conclue par la synthèse et des propositions d’Éric Toussaint pour poursuivre ce travail en commun de lutte contre la dette et l’austérité et pour une libération des peuples.
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Compte rendu effectué par Mariella Caponnetto, avec l’aide de Vincent Mariscal
Voir également ces CR en anglais->http://cadtm.org/European-Citizen-s-Assembly-on et en [espagnol
[1] Spécifions que 77,5 % de la population paient leurs impôts à la source (2009). Par contre, l’impôt sur les sociétés est passé de 40 % en 1995 à 25 % en 2009.
[2] En moyenne, les dépenses publiques s’élevaient à 48 % du PIB entre 1995 et 2009 alors qu’elles s’élevaient pour le reste des pays européens à 48,4 % pour le même période.
[3] Mention a été faite au livre de Zucman, Gabriel (2013). La richesse cachée des nations. Enquête sur les paradis fiscaux. Paris : Seuil.
[4] Les Big Four (les « Quatres Gros »), aussi appelée Fat Four, sont les quatre plus grands groupes privés d’audit financier au niveau mondial. Il s’agit de Deloitte, Ernst & Young, KPMG et PricewaterhouseCoopers.
[5] Institut für sozial-ökologische Wirtschaftsforschung, basé à Munich.
[6] Règlement (UE) No 472/2013, article 7, paragraphe 9.
[7] Zoé Konstantopoulou a été députée Syriza de mai 2012 à août 2015 et a présidé le Parlement entre le 6 février et le 4 octobre 2015.
[8] L’Eusko, par exemple, est une monnaie complémentaire à plusieurs départements qui a vu le jour au Pays Basque.
[9] L’International Journal of Community Currency Research (IJCCR) a été cité. Il publie de nombreux articles sur le sujet des monnaies complémentaires.
[10] Les Cities in transition constituent un bel exemple.
[11] C’est par exemple le cas des travailleu.se.r.s du secteur bancaire. Depuis la crise de 2008, il y a eu plus de 50 % de licenciements dans le secteur bancaire en Belgique. À l’occasion de deux colloques sur la régulation bancaire, un travail a été mené avec les travailleur.se.s. sur les perspectives de défense de leurs emplois et de leurs salaires. La discussion est allée jusqu’à une réflexion sur la réappropriation de leurs banques par socialisation.
[12] Les Verts, la gauche radicale et le mouvement 5 étoiles sont représentés par 120 députéEs sur 751.
[13] Le CADTM tient à préciser que les votes de la « pensée unique » ne représentent pas la majorité de la population lorsque l’on prend en compte l’abstention.
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