Nous voilà parties, ce 28 mai 2016, au 104 à Paris, pour faire entendre la voix du CADTM dans « La Fête de la Dette, 3e édition » organisée par Christophe Alévèque au 104, Paris 19e.
Avant le spectacle
Des réservations closes depuis plusieurs jours, une queue interminable joyeusement accueillie par une fanfare de musicienNEs revêtuEs de billets, qui chauffent l’ambiance avec l’incontournable Bella Ciao et autres « tubes » ; une salle pleine à craquer, dans le hall de ce lieu si particulier (104.fr), décoré à l’aide de billets aux ailes d’anges, des bars partout (ou presque) et même une baignoire pour prendre un bain de billets de banques (!!). Pour ceux qui auraient encore douté de la teneur de la soirée, le message devenait clair : contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, de l’argent il y en a… et en abondance.
Le spectacle
C. Alévèque, s’est à l’évidence longuement et consciencieusement documenté. Son one man show est ponctué de rires, d’applaudissements, de chants : l’organisation avait pris le soin de laisser sur chaque siège les paroles du nouveau tube « C’est pas l’homme qui prend la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
, c’est la dette qui prend l’homme », tel un missel, nous permettant d’entonner tous en chœur ses couplets et le refrain :
« Dès que les taux monteront
Je me gavera
Dès que les vents tourneront
Nous en reven-de-rons »
Parler de la dette n’est pas forcément rock n’roll, mais le registre particulier d’Alévèque allège le propos et son lot de blagues annexes fait office de catharsis pour rire d’une classe politique livrée aux banques et autres intérêts patronaux.
Que l’on soit fans ou pas du style d’Alévèque (mais les fans étaient les plus nombreux), on ne peut qu’affirmer que l’ensemble est jouissif. Avez–vous souvent entendu un public de conférences (exception faite des Conférences gesticulées) se marrer sur les bienfaits des moratoires qui contraignent les loups emprunteurs à sortir du bois ? L’avez-vous souvent entendu applaudir à la démonstration de qui est responsable de la dette publique, illustrée par la-blague-de-l’éléphant-et-de-la-souris-qui-se-baladent-dans-le–désert– et à eux deux (sic) soulèvent… beaucoup de poussière !!?, ou à propos des excès des 1% , rire de la formule : « nous ne paierons pas les consommations des autres ! », punch-line qui pourrait bien accompagner nos propres slogans ; l’avez-vous souvent entendu reprendre à pleine voix le refrain sur les aveux décomplexés d’un possesseur de portefeuille ? (voir plus haut) Est-ce si souvent qu’on observe une salle comble ne pas broncher sous l’avalanche d’infos pas faciles et pas gaies, et même opiner du chef en entendant que la France n’a jamais eu autant de liquidités
Liquidité
Liquidités
Capitaux dont une économie ou une entreprise peut disposer à un instant T. Un manque de liquidités peut conduire une entreprise à la liquidation et une économie à la récession.
qu’aujourd’hui mais que jamais l’économie financiarisée n’a autant été dans sa tour d’ivoire, coupée drastiquement de l’économie réelle…
Et la salle en redemande avec les interventions de spécialistes invités ensuite sur scène, à savoir Thomas Coutrot (Attac) et Gaël Giraud (Directeur de recherches CNRS) qui ont répondu aux questions de la salle en jouant le jeu de la (bonne) vulgarisation.
La question grecque n’a pas été éludée, Alévèque s’étant essentiellement nourri du recueil du CAC/France de mars 2015 : « Grèce : petit guide contre les bobards médiatiques. » Coutrot et Giraud sont revenus sur les responsabilités de l’UE et des banques, sur les difficultés actuelles et à venir, en lien avec la crise financière mondiale qui se profile. Mais en l’absence d’Éric Toussaint qui avait dû renoncer au dernier moment à participer à la soirée, il ne fut malheureusement pas question de la Commission pour la vérité sur la dette publique grecque et de son rapport [1], ni de la nécessité de mettre en place partout des audits citoyens.
La fête et le bal de la dette
Nous étions, au final, la seule table de presse militante, installées près d’un bar. Attac avait dispatché sur les tables des faux billets de banque dénonçant les pertes dues à l’évasion fiscale. Sur la table, revues et livres à prix libre au profit exclusif du Secours populaire, comme tous les bénéfices de cet « événement éducatif, ludique et solidaire » ; contact agréable et facile avec les visiteurs, bien chauffés sur la question de la dette depuis plus d’une heure, prêts à discuter. Nous leur avons chaudement recommandé l’excellent site cadtm.org.
Nous sommes parties vers minuit, alors que le bal populaire battait encore son plein, danseurs sur piste et buveurs de bière ici et là. S’il y a l’an prochain une 4e édition de La Fête de la Dette, toutes les dettes illégitimes n’ayant pas été annulées d’ici là malgré nos efforts… nous sommes prêtes à revenir, surtout si elle peut être soutenue officiellement par le CADTM dans l’espoir de nous y retrouver plus nombreux pour partager un moment de convivialité et de fête.
[1] sauf « La vérité sur la dette grecque », vendu ce soir là par la Librairie installée dans les locaux du 104. : « Le Merle Moqueur »
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