Grèce : Seule la lutte peut stopper cette descente aux enfers

4 juillet 2017 par Tassos Anastassiadis


Mauvaise surprise pour les touristes qui se promènent en ce moment à Athènes ou sur les îles grecques : les poubelles s’entassent, résultat d’une grève des travailleurs dans les mairies...

En effet, plus de 10 000 travailleurs, pour la moitié dans le nettoyage, ont soudainement appris, par décision du tribunal, que leur contrat précaire de huit mois, renouvelé fin 2016 exceptionnellement pour un an, n’est pas conforme à la législation instaurée par la troïka en 2011, et que, par conséquent, non seulement ils vont se retrouver automatiquement au chômage mais aussi qu’ils vont être obligés de rembourser les salaires perçus !



La réponse des travailleurs a été immédiate : la lutte commence, mais elle est minée notamment par le cadre européen imposé, qui interdit les embauches à des postes de travail normaux et qui prévoit la privatisation de toute la chaîne, hautement lucrative, de la gestion des déchets. En interdisant aux mairies – formellement responsables – de payer ces salaires, on pousse celles-ci en urgence à conclure des contrats avec des sociétés privées. Le gouvernement tente de stopper le mouvement en appelant les salariés à travailler gratuitement, avec des promesses de ne pas réclamer les salaires payés, inventant aussi des contrats renouvelables de deux mois (!) dans une perspective d’embauche très incertaine pour un quart d’entre eux l’année prochaine…

Privatiser, la troïka sait très bien faire : la dernière réunion de l’Eurogroupe a failli éclater, car la justice grecque s’est mise à examiner le scandaleux bradage de 28 immeubles publics par la troïka en 2011-2013. Ainsi, on a appelé pour examen les « experts » de l’époque (les cadres nommés par la troïka pour le bradage avaient, eux, été par précaution « immunisés » de toute responsabilité !). Mais comme ces dits « experts » n’étaient pas tous grecs, des ministres, notamment l’espagnol Luis de Guindos, ont menacé de mettre leur veto si leurs compatriotes n’étaient pas exemptés de tout examen judiciaire...


Desserrer la pression, lutter

Du coup, la décision de l’Eurogroupe tombe bien : débloquer les 8,5 milliards d’euros qui arrivent à échéance ce mois-ci, et « en échange », obtenir de la part des Grecs la promesse de 113 nouvelles mesures (libéralisation plus poussée des licenciements, ventes aux enchères des appartements de gens pauvres endettés, nouvelles coupes des retraites, limitations du droit de grève, baisse des allocations sociales, etc.), ainsi qu’un projet de contrôle du budget très contraignant... jusqu’à 2060 (projet que même le FMI FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.

À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).

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juge « irréaliste » et ridicule).

Quant aux promesses de restructuration de la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
ou d’extension en Grèce du programme « quantitative easing » de la Banque centrale Banque centrale La banque centrale d’un pays gère la politique monétaire et détient le monopole de l’émission de la monnaie nationale. C’est auprès d’elle que les banques commerciales sont contraintes de s’approvisionner en monnaie, selon un prix d’approvisionnement déterminé par les taux directeurs de la banque centrale. européenne – les deux batailles symboliques du marchandage de Syriza – elles ont été superbement ignorées par l’élite européenne. La contribution spécifique de Macron aura été une « clause de croissance » pour s’assurer qu’un surplus éventuel additionnel irait bien aux créditeurs, et non à la populace…

Face à tout cela, les travailleurs du nettoyage montrent la voie de la lutte. Comme les retraités, en mobilisation contre le nouveau programme de baisse constante et à long terme des pensions (qui en plus commencent à introduire dans le secteur public la pratique généralisée du retard de payes). Avec enfin, et surtout, la belle victoire des travailleurs (majoritairement d’origine pakistanaise) de l’usine des plastiques Georgiou, cela après une grève de trois semaines !


Source : L’Hebdo Anticapitaliste (NPA)