Communiqué de presse

Alors que Forbes publie la liste des milliardaires, le CADTM revendique un impôt mondial sur les grandes fortunes

12 mars 2010 par CADTM




Chaque année, le magazine Forbes publie sa très célèbre liste des milliardaires. Le classement 2010, qui vient d’être rendu public, indique que le nombre de milliardaires en dollars est passé de 793 à 1 011. Leur patrimoine cumulé représente 3 600 milliards de dollars, en hausse de 50% en un an. Pour le CADTM, peu importe que Bill Gates ne soit que second, dépassé par le Mexicain Carlos Slim dont la fortune atteint 53,5 milliards de dollars. Le plus grave est qu’un tel montant, concentré entre les mains d’une seule personne, représente 12 fois le budget d’un pays comme la République démocratique du Congo (RDC), qui abrite plus de 68 millions de personnes.

Le CADTM affirme que cette forte hausse du nombre de milliardaires, alors que des milliards de personnes voient leurs conditions de vie se dégrader suite à la crise, prouve que les très riches ont réussi à faire supporter le coût de cette crise au plus grand nombre. Dans de nombreux pays, au Nord comme au Sud, la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
publique des Etats a explosé, notamment pour venir au secours des responsables de cette crise (banques privées, fonds spéculatifs…) ou pour en payer les conséquences. L’accroissement de cette dette est ensuite le prétexte pour imposer des mesures antisociales qui pénalisent les populations mais épargnent les plus riches.

A l’opposé du système capitaliste qui montre chaque jour ses désastreuses conséquences sociales, le CADTM revendique avec force l’idée d’un impôt mondial sur les grandes fortunes. Un impôt de 20% sur le patrimoine d’un petit millier de personnes permettrait de récupérer 720 milliards de dollars, soit la moitié de la dette extérieure publique de tous les pays en développement en 2008 et 3,5 fois le montant total des remboursements annuels au titre de cette dette.

Selon le CADTM, la publication de ce classement doit être l’occasion de remettre en cause les bases du modèle économique et financier en place et de proposer des mesures radicales pour que les milliardaires cités dans le classement Forbes et tous ceux qui ont amassé des fortunes extravagantes supportent le coût d’une crise dont les peuples sont les victimes.

Alors que les préceptes néolibéraux étaient vilipendés suite au déclenchement de la crise en 2007-2008, aucun enseignement n’a été tiré et ce sont toujours les mêmes qui profitent de la mondialisation Mondialisation (voir aussi Globalisation)
(extrait de F. Chesnais, 1997a)
Jusqu’à une date récente, il paraissait possible d’aborder l’analyse de la mondialisation en considérant celle-ci comme une étape nouvelle du processus d’internationalisation du capital, dont le grand groupe industriel transnational a été à la fois l’expression et l’un des agents les plus actifs.
Aujourd’hui, il n’est manifestement plus possible de s’en tenir là. La « mondialisation de l’économie » (Adda, 1996) ou, plus précisément la « mondialisation du capital » (Chesnais, 1994), doit être comprise comme étant plus - ou même tout autre chose - qu’une phase supplémentaire dans le processus d’internationalisation du capital engagé depuis plus d’un siècle. C’est à un mode de fonctionnement spécifique - et à plusieurs égards important, nouveau - du capitalisme mondial que nous avons affaire, dont il faudrait chercher à comprendre les ressorts et l’orientation, de façon à en faire la caractérisation.

Les points d’inflexion par rapport aux évolutions des principales économies, internes ou externes à l’OCDE, exigent d’être abordés comme un tout, en partant de l’hypothèse que vraisemblablement, ils font « système ». Pour ma part, j’estime qu’ils traduisent le fait qu’il y a eu - en se référant à la théorie de l’impérialisme qui fut élaborée au sein de l’aile gauche de la Deuxième Internationale voici bientôt un siècle -, passage dans le cadre du stade impérialiste à une phase différant fortement de celle qui a prédominé entre la fin de Seconde Guerre mondiale et le début des années 80. Je désigne celui-ci pour l’instant (avec l’espoir qu’on m’aidera à en trouver un meilleur au travers de la discussion et au besoin de la polémique) du nom un peu compliqué de « régime d’accumulation mondial à dominante financière ».

La différenciation et la hiérarchisation de l’économie-monde contemporaine de dimension planétaire résultent tant des opérations du capital concentré que des rapports de domination et de dépendance politiques entre États, dont le rôle ne s’est nullement réduit, même si la configuration et les mécanismes de cette domination se sont modifiés. La genèse du régime d’accumulation mondialisé à dominante financière relève autant de la politique que de l’économie. Ce n’est que dans la vulgate néo-libérale que l’État est « extérieur » au « marché ». Le triomphe actuel du « marché » n’aurait pu se faire sans les interventions politiques répétées des instances politiques des États capitalistes les plus puissants (en premier lieu, les membres du G7). Cette liberté que le capital industriel et plus encore le capital financier se valorisant sous la forme argent, ont retrouvée pour se déployer mondialement comme ils n’avaient pu le faire depuis 1914, tient bien sûr aussi de la force qu’il a recouvrée grâce à la longue période d’accumulation ininterrompue des « trente glorieuses » (l’une sinon la plus longue de toute l’histoire du capitalisme). Mais le capital n’aurait pas pu parvenir à ses fins sans le succès de la « révolution conservatrice » de la fin de la décennie 1970.
financière et de l’injuste répartition des richesses qu’elle organise.


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