Communiqué de presse
12 mars 2009 par CADTM
Avec la crise internationale déclenchée à l’été 2008, tous les dogmes néolibéraux ont été battus en brèche et la supercherie qu’ils représentaient a été mise à jour.
Ne pouvant nier leurs échecs, la Banque mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
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et le Fonds monétaire international
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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(FMI) prétendent avoir abandonné les politiques néolibérales connues sous le nom de « consensus de Washington ». Bien que discréditées, ces institutions profitent pourtant de la crise internationale pour revenir sur le devant de la scène.
Pendant des décennies, elles ont imposé aux forceps des mesures de déréglementation et des programmes d’ajustement structurel qui ont conduit immanquablement à l’impasse actuelle. C’est un réel fiasco pour le FMI et la Banque mondiale qui doivent maintenant répondre de leurs actes devant l’opinion publique mondiale.
De surcroît, leurs prévisions économiques ne sont pas fiables : en novembre 2008, le FMI pronostiquait une croissance mondiale à 2,2% pour 2009, avant de la revoir à la baisse à 0,5% en janvier, puis de l’estimer finalement négative en mars. En fait, leurs experts défendent la cause des grands créanciers face aux citoyens dont les droits fondamentaux sont de moins en moins garantis.
Alors que la situation économique se détériore rapidement, les grands argentiers du monde s’efforcent de garder la main et de donner à un FMI discrédité et délégitimé le rôle du chevalier blanc qui va aider les pauvres à faire face aux ravages de cette crise.
Or c’est tout le contraire qui se passe. Les principes défendus par le FMI depuis les années 1980 et combattus par le CADTM depuis sa création sont toujours de mise. Les gouvernements qui signent un accord avec le FMI pour se voir prêter des fonds doivent appliquer toujours les mêmes recettes frelatées, qui aggravent la dégradation des conditions de vie des populations.
Sous la pression du FMI dirigé par Dominique Strauss-Kahn, plusieurs pays confrontés aux effets de la crise s’en sont pris aux revenus des salariés et des allocataires sociaux. La Lettonie a imposé une baisse de 15% des revenus des fonctionnaires, la Hongrie leur a supprimé le 13e mois (après avoir réduit les retraites dans le cadre d’un accord antérieur) et la Roumanie est sur le point de s’engager aussi dans cette voie. La potion est tellement amère que certains gouvernements hésitent. C’est ainsi que l’Ukraine a récemment jugé « inacceptables » les conditions imposées par le FMI, notamment le relèvement progressif de l’âge de mise à la retraite et la hausse des tarifs du logement.
Le CADTM dénonce le double langage du FMI et de Dominique Strauss-Kahn, qui, d’une part, demandent à la communauté internationale d’augmenter les efforts pour atteindre les objectifs de développement du millénaire déjà bien tièdes et, d’autre part, forcent les gouvernements ayant recours à ses services à baisser les salaires dans la fonction publique. Il s’agit là de l’exact opposé d’une vraie véritable politique destinée à faire face à la crise en défendant l’intérêt de ceux qui en sont victimes.
Pour répondre à la crise des années 1930, le président états-unien Franklin Roosevelt avait été amené par la mobilisation sociale à réduire le temps de travail tout en augmentant les salaires, les allocations sociales et les droits des travailleurs, notamment en garantissant le droit de syndicalisation. Avec le New Deal
New Deal
Nom donné aux mesures prises aux États-Unis par Roosevelt à partir de son élection en 1933 à la présidence pour faire face à la crise économique déclenchée en 1929.
Rappelons que dans le cadre du New Deal aux États-Unis et des politiques keynésiennes qui ont été étendues à l’Europe occidentale après la Seconde Guerre mondiale sous la pression d’importantes mobilisations populaires, les droits sociaux ont été nettement améliorés, une protection sociale importante a été mise en place, les banques d’affaires ont été séparées des banques de dépôts, le taux d’imposition des revenus les plus élevés a atteint 80 % aux États-Unis. On pourrait ajouter que les inégalités dans la répartition des revenus et du patrimoine ont été réduites. À cette époque, le Grand Capital avait été contraint de faire des concessions aux classes populaires qui s’étaient fortement mobilisées. Le gouvernement du président Roosevelt, qui voulait réformer le capitalisme pour le sauver et le consolider, avait dû affronter la Cour suprême qui avait essayé de faire abroger plusieurs de ses décisions. Roosevelt, pressé par la radicalisation à gauche des classes populaires, avait réussi à contrecarrer les décisions de la Cour suprême et avait imposé des mesures fortes, y compris en permettant aux syndicats de se renforcer dans les usines et aux travailleurs de recourir aux grèves pour obtenir des concessions des patrons.
, Roosevelt avait mis en place une réforme fiscale qui augmentait les prélèvements sur le capital. Le « socialiste » Dominique Strauss-Kahn est bien loin d’avoir la carrure de Franklin Roosevelt et continue coûte que coûte à défendre l’intérêt des grands créanciers qui l’ont nommé à ce poste lucratif.
Le FMI démontre donc une fois de plus qu’il est un instrument docile au service de ceux-là mêmes qui ont provoqué la crise financière actuelle.
Dans cette période de grande déstabilisation monétaire (comme les variations énormes de parité entre le dollar et l’euro depuis un an), le FMI n’est même pas capable de proposer la mise en œuvre d’une taxe de type Tobin-Spahn qui réduirait les variations des cours de change en combattant la spéculation
Spéculation
Opération consistant à prendre position sur un marché, souvent à contre-courant, dans l’espoir de dégager un profit.
Activité consistant à rechercher des gains sous forme de plus-value en pariant sur la valeur future des biens et des actifs financiers ou monétaires. La spéculation génère un divorce entre la sphère financière et la sphère productive. Les marchés des changes constituent le principal lieu de spéculation.
et qui permettrait de réunir enfin les fonds nécessaires pour éradiquer la pauvreté et libérer le développement.
Pourtant depuis sa création en 1944, l’obligation
Obligations
Obligation
Part d’un emprunt émis par une société ou une collectivité publique. Le détenteur de l’obligation, l’obligataire, a droit à un intérêt et au remboursement du montant souscrit. L’obligation est souvent l’objet de négociations sur le marché secondaire.
de favoriser le plein emploi figure explicitement dans les missions du FMI qui agit donc en violation de ses propres statuts.
La crise financière et économique mondiale souligne la faillite de la déréglementation des marchés financiers
Marchés financiers
Marché financier
Marché des capitaux à long terme. Il comprend un marché primaire, celui des émissions et un marché secondaire, celui de la revente. À côté des marchés réglementés, on trouve les marchés de gré à gré qui ne sont pas tenus de satisfaire à des conditions minimales.
et de l’abandon du contrôle sur les mouvements de capitaux, prônés par le FMI. Cela rend indispensable la recherche d’une nouvelle architecture internationale basée sur le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels (1966) et sur la Déclaration des Nations unies sur le droit au développement (1986). Mais une telle logique ne s’imposera pas sans inversion du rapport de force. Si, sous la poussée des mobilisations populaires, un nombre suffisant de gouvernements ne met pas en place une telle alternative, la Banque mondiale et le FMI seront en mesure de surmonter leur crise en mettant à profit la chute des prix des produits de base pour entraîner les pays exsangues vers une nouvelle dépendance envers leurs crédits, dont la substance visera davantage à sauver le système qu’à satisfaire des critères humains et écologiques.
Pour toutes ces raisons, le CADTM demande l’abolition immédiate du FMI et de la Banque mondiale et leur remplacement par des institutions radicalement différentes, centrées sur la satisfaction des besoins humains fondamentaux.
Cycle de formation du CADTM
Les fonds vautours (avec focus sur les cas de l’Argentine et de la Zambie)10 mai, par CADTM , Pablo Laixhay , Pierre-François Grenson , Maxime Perriot
25 avril, par CADTM , Ecologistas en acción , ATTAC Espagne , Plateforme espagnole de lutte contre les fonds vautours , Audit de la santé , Coordination pour le droit au logement à Madrid
25 avril, par CADTM , Maxime Perriot
3 avril, par CADTM , Eric Toussaint , Collectif , Anaïs Carton
Cycle de formation du CADTM
Dette et féminisme8 mars, par CADTM , Camille Bruneau
8 mars, par CADTM , Attac France
13 février, par CADTM
16 décembre 2022, par CADTM , Collectif
13 décembre 2022, par CADTM
9 décembre 2022, par CADTM