Tournée des féministes européennes en France ! Femmes d’Europe en route !

France et Suisse

22 novembre 2012 par CADTM Europe


« Dette publique illégitime, austérité, crash social et féminisme »

Durant deux semaines, du 22 octobre au 8 novembre 2012, des militantes féministes du Portugal, d’Espagne, de France, de Grèce, d’Angleterre, de Hongrie, etc. ont sillonneé les routes françaises pour réaliser une série de conférences et de rencontres publiques sur le thème « Dette publique illégitime, austérité, crash social et féminisme ». Cette tournée réalisée avec l’aide des Collectifs pour un audit citoyen a visité pas moins de 9 villes en France ainsi que Genève. Elle a débuté le 22 octobre à Paris pour se poursuivre à Orléans le 23, puis à Rennes le 24, ensuite elle a gagné Grenoble le 25 et rejoint Genève le 26 octobre. Dans un second souffle elle s’est rendue le 5 novembre à Lyon, puis à Mende le 6, pour se diriger ensuite vers Marseille le 7 et se clôturer à Montpellier le 8 novembre. De là, des intervenantes de la tournée ont pris le chemin de Florence pour y organiser une Agora féministe européenne contre la dette et les mesures d’austérité.

Voir aussi :
Femmes d’Europe en route contre la dette et l’austérité !

Journal de la tournée des militantes féministes européennes en France



Interview par France 3 Centre suite à l’étape à Orléans



Orléans : ville étape des féministes européennes

Des féministes de Grèce, de Hongrie, de Belgique, d’Angleterre et de France ont fait escale mardi soir à Orléans dans le cadre d’une tournée hexagonale qui visait à dénoncer le « crash social » européen.

Par Christine Launay


© France 3 Centre en bas : Sonia Mitralias (Grèce), Christine Vandendaelen (Belgique) - en haut de gauche à droite : Judit Morva (Hongrie), Christiane Marty (France) et Félicity Dowling

Elles sont cinq à participer à la tournée, cinq féministes avenantes et bien décidées à faire entendre leur voix contre les mesures d’austérité imposées par l’Union européenne. Les plans de réduction de la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
publique ont des conséquences désastreuses pour la condition féminine. Car ce sont les femmes qui paient le prix le plus élevé. Plus durement touchées par le chômage, assignées à des taches de soins et de protection sociale dont l’Etat s’est désengagé, les femmes régressent vers la sphère privée. En Grèce, 61% d’entre elles seraient au chômage. (voir ci-dessous le témoignage de Sonia Mitralias - Grèce)



Au cours de cette tournée, les militantes féministes espèrent mobiliser d’autres associations dans leur lutte contre la dette et l’austérité avec en ligne de mire la création d’« un mouvement de femmes au niveau européen ».

La tournée des féministes européennes, mise en place à l’initiative du collectif « pour un audit citoyen de la dette publique » (CAC), s’arrête dans neuf villes de France pour une série de conférences-débats sur le thème « Dette publique illégitime ; austérité, crash social et féminisme"

le 22 octobre à Paris
le 23 octobre à Orléans
le 24 octobre à Rennes
le 25 octobre à Grenoble
le 5 novembre à Lyon
le 6 novembre à Mende
le 7 novembre à Marseille
le 8 novembre à Montpellier

Source : France 3 Centre

Cette tournée, une étape originale dans la contre-offensive féministe au système « dette-austérité »

La dette et les mesures d’austérité imposées par la Troïka aux peuples d’Europe ne sont nullement neutres du point de vue du genre. Partout en Europe, les femmes paient le prix le plus élevé de l’austérité, partout, elles en sont frappées en toute priorité dans tous les aspects de leur vie. Ce n’est dès lors nullement un euphémisme de déclarer que l’illégitimité de la dette est encore plus criante lorsqu’on est une femme ! Si elles ne perdent pas leur emploi suite aux baisses d’effectifs, voire aux licenciements massifs opérés dans les services publics, elles voient leurs salaires comme leurs retraites ou allocations sociales diminuées. Condamnées à vivre toujours plus dans la pauvreté et la précarité, toute perspective d’accès à l’autonomie financière, pilier essentiel de leur émancipation, prend de plus en plus les atours d’une utopie. La destruction de l’État social, cible privilégiée de l’austérité néolibérale, impacte prioritairement les femmes. Désormais, c’est sur leurs épaules que reposent - via une augmentation de leur travail gratuit et invisible - les tâches de soins et de protection sociale délaissées par la fonction publique. On assiste ainsi à une véritable substitution des obligations Obligations
Obligation
Part d’un emprunt émis par une société ou une collectivité publique. Le détenteur de l’obligation, l’obligataire, a droit à un intérêt et au remboursement du montant souscrit. L’obligation est souvent l’objet de négociations sur le marché secondaire.
sociales fondamentales de l’État vers le privé et donc vers les femmes. Les soins aux enfants, aux malades, aux personnes âgées et handicapées, aux jeunes en détresse et au chômage passent de la responsabilité de l’État à celles des femmes avec tout ce que cela implique pour elles comme fatigue autant physique que psychique, stress et absence totale de temps pour souffler, s’occuper de leur propre personne ou participer aux affaires publiques. Les politiques d’austérité en pénalisant le droit à l’emploi rémunéré des femmes et en les obligeant à regagner la sphère privée pour y rendosser leur rôle dit « traditionnel » de mère et/ou d’épouse au foyer sont de puissantes courroies de réactivation d’une idéologie patriarcale, conservatrice et sexiste. De plus, ce retour en arrière est accompagné de mesures qui mettent en danger les droits les plus fondamentaux des femmes acquis de hautes luttes. Là où elle avait été conquise, la santé sexuelle et reproductive des femmes est menacée. Les coupes budgétaires imposées par les mesures d’austérité entravent le fonctionnement de ce secteur de la santé publique fondamental pour la promotion effective de l’égalité des sexes. Simultanément, moins de subsides sont attribués à la prévention du VIH, aux centres d’IVG, aux plannings familiaux, aux maternités et aux soins de santé préventif des femmes. Comment encore s’étonner que dans un tel contexte de régressions sociales augmentent la prostitution, le trafic des femmes et les violences ?!

Face à cette destruction en règle de tout ce qui fonde leur autonomie, des femmes s’organisent et travaillent leurs convergences. Dans plusieurs pays européens, de plus en plus de réseaux féministes s’engagent dans la lutte contre la dette et l’austérité et appellent à la réalisation d’audits de la dette publique qui intègrent autant une analyse des impacts des politiques d’austérité sur les femmes que leurs alternatives pour la construction d’un nouveau modèle social qui garantisse l’émancipation de toutes et de tous. La tournée des féministes européennes en France participe pleinement à ce processus. Elle entend renforcer les mobilisations féministes contre la dette illégitime et pour l’audit citoyen et constituer une étape structurante vers la mise en place autant au niveau local qu’international d’un front uni des féministes contre ces politiques d’austérité socialement mortifères, en particulier pour les femmes.

Cette tournée, une initiative inédite née de la synthèse entre la dynamique de mobilisation citoyenne des CAC et une nouvelle forme de militance féministe

La conception puis la concrétisation de cette tournée de militantes féministes européennes au sein des CAC de neuf villes françaises et de Genève est le résultat de la rencontre entre la détermination de militantes féministes de participer activement aux différents processus d’audit émergeant dans plusieurs pays européens et la volonté des membres des CAC d’intégrer la dimension féministe à leurs travaux et luttes.

Ainsi, non seulement, cette tournée permet à des dynamiques militantes jusque-là parallèles de devenir complémentaires mais en outre, en créant à la base, au sein des CAC, durant ces conférences et rencontres, l’interconnexion entre les luttes des mouvements sociaux, des organisations syndicales et des associations féministes, elle favorise le renforcement du mouvement de masse de résistance active à la dette, à l’austérité et à l’application du Pacte budgétaire en Europe. Au vu de ces potentialités, toute participation à la réussite de cette initiative consolidera la lutte solidaire de toutes les forces sociales contre le système néolibéral et ses conséquences socialement inacceptables et injustes.

Cette tournée, un pas supplémentaire vers la construction d’un mouvement féministe populaire contre la dette et l’austérité en Europe

Parallèlement aux conférences sur le thème « Dette publique illégitime, austérité, crash social et féminisme » réalisées en soirée au sein des CAC, des rencontres avec les différentes organisations féministes des villes visitées sont prévues afin de consolider les liens entre les associations féministes autant à un niveau local qu’international et d’établir des perspectives de travail communes pour développer les luttes des femmes contre les mesures d’austérité et pour porter les alternatives féministes pour la construction d’une Europe solidaire.
L’objectif étant de participer, en partant d’un niveau local, à la construction d’un mouvement de masse féministe européen, auto-organisé, acteur constitutif du renversement des rapports de force en faveur d’un nouveau modèle de société non plus au service des créanciers mais bien garant de la satisfaction des besoins sociaux et environnementaux. Les nombreuses perspectives que renferme cette initiative ont déjà motivé la réalisation de tournées féministes similaires en Espagne et en Angleterre dans les mois à venir.

Cette tournée nécessite votre solidarité financière !

La tournée des féministes européennes en France a évidemment un coût (billets internationaux, trajets en train en France). Nous avons chiffré à 3.500€ le prix à débourser pour les seuls transports, les CAC locaux prendront en charge l’hébergement et la nourriture des intervenantes ainsi que les locations des salles de réunions.

Des organisations membres ou soutenant le Collectif national d’Audit Citoyen ont déjà été sollicitées et plusieurs réponses commencent à arriver. Or, plus tôt nous serons en capacité de commander les billets de transport internationaux, moins leur coût sera important.

Il vous est dès à présent possible de soutenir financièrement, en tant qu’individu-e-s ou association, cette initiative sans précédent en France et en Europe et nous vous en remercions d’avance. Même les petites sommes seront bien entendu les bienvenues…

Sonia Mitralia, Comité Grec contre la dette (sonia.mitralia chez gmail.com )
Christiane Marty, militante d’ATTAC France (christiane.marty454 chez orange.fr )
Pascal Franchet, vice président du CADTM France (snadgifranchet chez wanadoo.fr )
Christine Vanden Daelen, CADTM Belgique et militante Marche Mondiale des femmes (christine chez cadtm.org )

Pour la France, vous pouvez envoyer votre contribution à Damien Millet, CADTM France, 17 rue de la Bate, 45150, Jargeau (avec comme mention au verso du chèque « tournée féministe France »).

Pour la Belgique, vous pouvez adresser un virement au compte du CADTM Belgique : BE06 0012 3183 4322 avec comme communication « tournée féministe France ».

Flyer à télécharger



CADTM Europe

Le CADTM Europe (Comité pour l’abolition des dettes illégitimes) est présent en Grèce, en France, en Belgique, en Espagne, en Suisse, en Italie, en Pologne. et au Luxembourg Au niveau mondial, le réseau CADTM est implanté dans plus d’une trentaine de pays.

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