A l’occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH de 1948) et du 22e anniversaire de la Déclaration sur le droit au développement (1986) adoptées par les Nations unies, le CADTM a organisé un séminaire sur le droit international en relation avec la dette du Tiers-monde. Ce séminaire a réuni des conférenciers venant d’Amérique latine comme Hugo Ruiz (conseiller juridique de la présidence du Paraguay, également conseiller juridique du CADTM), d’Afrique comme Charles Abrahams (l’avocat sud-africain en procès aux Etats-Unis contre 23 banques et multinationales pour leur soutien au régime de l’Apartheid) et d’Europe comme Yann Queinnec (juriste à Sherpa, l’association ayant déposé plainte contre Omar Bongo et Sassou Nguesso en France).
L’originalité de ce séminaire international est d’associer des juristes à des militants de mouvements sociaux internationaux comme le CADTM International, Via Campesina, FIAN, et belges comme le CRACPE (collectif de soutien aux sans-papiers de Belgique), etc.
Les différents conférenciers ont expliqué, dans l’enceinte du Sénat, le contenu et la signification des droits consacrés par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et la Déclaration sur le droit au développement de 1986 (peu connue du grand public mais fondamentale pour le CADTM). Parmi ces droits, avec notamment Olivier De Schutter, Rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, le droit à la souveraineté alimentaire a été développé en opposition aux politiques imposées par les IFI et l’OMC
OMC
Organisation mondiale du commerce
Créée le 1er janvier 1995 en remplacement du GATT. Son rôle est d’assurer qu’aucun de ses membres ne se livre à un quelconque protectionnisme, afin d’accélérer la libéralisation mondiale des échanges commerciaux et favoriser les stratégies des multinationales. Elle est dotée d’un tribunal international (l’Organe de règlement des différends) jugeant les éventuelles violations de son texte fondateur de Marrakech.
L’OMC fonctionne selon le mode « un pays – une voix » mais les délégués des pays du Sud ne font pas le poids face aux tonnes de documents à étudier, à l’armée de fonctionnaires, avocats, etc. des pays du Nord. Les décisions se prennent entre puissants dans les « green rooms ».
Site : www.wto.org
; le droit de libre circulation et d’établissement des personnes face aux politiques migratoires européennes ; le droit à l’égalité hommes/femmes, etc…
Ces interventions ont permi de mettre en évidence le fossé entre les engagements de la communauté internationale en faveur des droits humains fondamentaux et les réalités des conditions de vie de milliards d’être humains sur la planète, privés de leurs droits les plus élémentaires. La parole fut proposée à un représentant de la Banque mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
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ou du FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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dans le cadre d’un débat contradictoire avec Eric Toussaint, président du CADTM Belgique, de retour d’Amérique latine après son travail au sein de la Commission d’Audit de la dette d’Equateur (CAIC) mise en place par le président Rafael Correa. Mais la banque mondiale n’a pas donné suite. Enfin, les différents exposés, suivis d’un débat avec la salle, ont évoqué les moyens juridiques de faire respecter ces droits par les Etats, les multinationales et les organisations internationales (Banque mondiale, FMI et OMC).
Introduction, Olga Zrihen (Sénatrice) et Eric Toussaint (CADTM Belgique)
La Déclaration universelle des droits de l’Homme et la Déclaration sur le droit au développement, bilan et perspectives, Julie Duchatel (CETIM-Genève) et Benoît Van Der Meerschen (Ligue belge des droits de l’Homme et FIDH) avec une pause entre 10h45-11h15 |
Le droit et le devoir des Etats de formuler des politiques de développement : restaurer le contrôle public sur les ressources naturelles, Luc Mukendi (CADTM Lubumbashi) et Ibrahim Yacouba (RNDD Niger)
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Privatisation et ajustement, une violation au droit à l’alimentation, une représentante de Via Campesina et Olivier De Schutter (Rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation )![]() |
Droits des femmes et féminisme versus Consensus de Washington, Denise Comanne (CADTM Belgique), Maria-Rosa Anchundia (Red de Mujeres Transformando la Economía, REMTE et ex-membre de la commission d’audit de la dette - CAIC, Equateur)![]() |
Les droits de libre circulation et d’établissement face aux politiques migratoires de l’Union européenne, France Arets (CRACPE), Selma Benkelifa (avocate à Progress Law)
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L’indivisibilité des droits humains – présentation d’un nouveau mécanisme de plainte, Florence Kroff (juriste à FIAN Belgique) et Monique Weyl ( avocate à l’AIJD, Paris)![]() |
Les Institutions financières internationales et les droits humains, Eric Toussaint (CADTM Belgique)![]() |
Les Droits et les obligations
Obligations Obligation Part d’un emprunt émis par une société ou une collectivité publique. Le détenteur de l’obligation, l’obligataire, a droit à un intérêt et au remboursement du montant souscrit. L’obligation est souvent l’objet de négociations sur le marché secondaire. des Etats envers leurs populations, Hugo Ruiz Diaz (juriste, Conseiller juridique du CADTM et du gouvernement paraguayen), Ramiro Chimuris (avocat, Uruguay) ![]() |
Le Procès historique contre les multinationales pour leur soutien à l’apartheid en Afrique du Sud, Charles Abrahams (avocat, Afrique du Sud)![]() |
La nécessité de poursuivre la Banque mondiale en justice, Yann Queinnec, (juriste à Sherpa, Paris), Renaud Vivien (Juriste, CADTM)![]() |
Synthèse et conclusion du séminaire, Claude Quemar (CADTM France)![]() |
Photo Nicolas Sersiron, CADTM France