19 juin 2014 par CADTM International
La guerre qui continue au Nord du Mali n’a aucune incidence sur le comportement des créanciers qui continuent d’exiger le remboursement de la dette malienne. Comble du cynisme : ces même créanciers prétendent aider le Mali à se « reconstruire et se développer ». 3,25 milliards d’euros (environ 2 128 milliards de FCFA) ont été ainsi promis en mai 2013 par 80 pays et 28 organisations internationales. Le 15 mai dernier, ils se sont réunis à Bamako sous la coprésidence de la Commission européenne, de la France et du Mali pour assurer le suivi de cette « aide ». Mais de quelle aide parle-t-on ?
Sur les fonds déjà décaissés, les deux tiers ont été utilisés au nom du Mali mais sans passer par le Trésor public malien et sans qu’on connaisse sa destination ! De plus, cet argent utilisé sans le consentement du peuple malien et qui a pu servir en partie des intérêts privés constitue une dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
à charge de la population. En effet, cette prétendue « aide » est composée en partie de prêts qui augmentent donc la dette du Mali. À titre d’exemple, 36% de l’ « aide » promise par la France constitue des prêts sous conditions. Cette part s’élève même à 78% pour l’ « aide » promise par la Banque mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
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et 100% pour le FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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La partie composée de dons est, quant à elle, extrêmement critiquable puisque des dons ayant servi à financer des projets déjà arrivés à leur terme comme la construction de la route Tombouctou-Gomacoura, financée par l’Union européenne, sont comptabilisés une deuxième fois dans ces 3,25 milliards d’euros d’« aide ».
Enfin, une partie de cette « aide » repart directement dans les poches des créanciers étrangers car les autorités maliennes se sont engagées en 2013 dans une lettre d’intention envoyée au FMI à rembourser la dette en priorité. Soulignons que cette lettre d’intention a été signée en pleine crise sécuritaire et qu’elle méprise les préoccupations de la population. L’augmentation des revenus des travailleurs, la promotion des industries nationales pour créer des emplois, l’accès aux services sociaux de base de qualité, la promotion des énergies renouvelables devraient compter parmi les priorités du gouvernement. Soulignons que l’obligation
Obligations
Obligation
Part d’un emprunt émis par une société ou une collectivité publique. Le détenteur de l’obligation, l’obligataire, a droit à un intérêt et au remboursement du montant souscrit. L’obligation est souvent l’objet de négociations sur le marché secondaire.
pour un État de respecter des droits humains est supérieure à celle de rembourser ses créanciers.
Pour le CADTM, cette lettre d’intention dictée par le FMI est illégitime et ne doit pas donc pas être appliquée. D’une part, elle viole les droits du peuple malien et d’autre part, elle ne repose sur aucune légitimité démocratique puisqu’elle a été signée par un gouvernement provisoire avec la complicité du FMI.
Rappelons que le FMI exerce une pression constante sur le Gouvernement malien pour qu’il privatise l’énergie du Mali (EDM) et augmente le coût de consommation pour les abonnés.
Épinglons également la schizophrénie de cette organisation internationale qui, d’un côté, critique le fait que les entreprises ne paient pas assez de taxes, et de l’autre, exige du gouvernement qu’il accorde des exonérations fiscales aux multinationales.
Enfin, il n’appartient pas au FMI d’exiger la revente du nouvel avion présidentiel. Ce droit revient exclusivement au peuple malien.
Le réseau CADTM exige :
28 juin, par CADTM International , Collectif , ATTAC/CADTM Maroc
1er juin, par CADTM International
8 mars,
La dette nous opprime ! Nous ne paierons pas !8 mars, par CADTM International
1er mars, par CADTM International
17 février, par CADTM International
20 janvier, par CADTM International
19 janvier, par CADTM International
25 novembre - Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes
Les violences contre les femmes* : un problème systémique25 novembre 2022, par CADTM International
10 octobre 2022, par CADTM International , Collectif
9 septembre 2022, par CADTM International , École d’Éducation Populaire d’Afrique du Nord , Réseau nord-africain pour la souveraineté alimentaire