Porto Alegre 2005

Appel des mouvements sociaux à la mobilisation contre la guerre, le néolibéralismme, l’exploitation et l’exclusion

17 février 2005 par Collectif




Nous sommes les mouvements sociaux réunis dans le cadre du cinquième
Forum social mondial. L’ampleur de la participation, plurielle et
massive, au FSM nous donne la possibilité et la responsabilité de mener
plus et mieux nos campagnes et mobilisations, pour étendre et renforcer
nos luttes .

Il y a quatre ans, le cri collectif et global UN AUTRE MONDE EST
POSSIBLE, a brisé le mensonge selon lequel la domination néolibérale est
inéluctable ainsi que celui de la « normalité » de la guerre, des
inégalités sociales, du racisme, des castes, du patriarcat, de
l’impérialisme et de la destruction de l’environnement. A mesure , le
sentiment de cette force collective s’est matérialisé en faits concrets
de résistance, de revendication et de proposition.

Ainsi le fait marquant de cette nouvelle situation est le développement
des mouvements sociaux sur tous les continents et leur capacité à
construire dans la diversité, des convergences nouvelles et des actions Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.

communes au niveau global.

Dans ce cadre, des dizaines de millions d’hommes et de femmes se sont
mobilisés partout dans le monde pour la paix, contre la guerre et
l’occupation de l’Irak menée par Bush. Les sommets comme ceux du G8 G8 Ce groupe correspond au G7 plus la Fédération de Russie qui, présente officieusement depuis 1995, y siège à part entière depuis juin 2002. , de
l’OMC OMC
Organisation mondiale du commerce
Créée le 1er janvier 1995 en remplacement du GATT. Son rôle est d’assurer qu’aucun de ses membres ne se livre à un quelconque protectionnisme, afin d’accélérer la libéralisation mondiale des échanges commerciaux et favoriser les stratégies des multinationales. Elle est dotée d’un tribunal international (l’Organe de règlement des différends) jugeant les éventuelles violations de son texte fondateur de Marrakech.

L’OMC fonctionne selon le mode « un pays – une voix » mais les délégués des pays du Sud ne font pas le poids face aux tonnes de documents à étudier, à l’armée de fonctionnaires, avocats, etc. des pays du Nord. Les décisions se prennent entre puissants dans les « green rooms ».

Site : www.wto.org
, du FMI FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.

À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).

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ou de la la Banque Mondiale Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.

En 2022, 189 pays en sont membres.

Cliquez pour plus de détails.
, où un petit nombre prétend
décider pour toutes et tous, ont été délégitimés par l’action des
mouvements sociaux. Les luttes populaires en défense de la nature, des
droits des peuples et des biens communs, contre leur privatisation,
telles que les luttes menées en Bolivie, en Uruguay et par d’autres
peuples, ont démontré la possibilité de mettre la domination néolibérale
en crise. Des nouveaux espaces de lutte politique et sociale se sont
ouverts.

Le néolibéralisme est incapable d’offrir un futur digne et démocratique
à l’humanité. Cependant, aujourd’hui il reprend l’initiative, en
répondant à sa crise de légitimité par la force, la militarisation, la
répression, la criminalisation des luttes sociales, l’autoritarisme
politique, et la réaction idéologique. Des millions d’hommes et de
femmes souffrent chaque jour. Nous voulons ici rappeler la guerre au
Congo qui a déjà fait quatre millions de victimes. Pour tout cela, un
autre monde non seulement est possible, mais il est nécessaire et urgent.
Conscients du fait que le chemin à parcourir est encore long, nous
appelons tous les mouvements sociaux du monde à lutter pour la paix, les
droits humains, sociaux et démocratiques, le droit des peuples à décider
de leur destin, et l’annulation immédiate de la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
externe des pays
du Sud, à partir d’un agenda commun que nous avons construit aucours du
5e FSM :

Agenda de luttes :

1. Nous appelons toutes les organisations et mouvements sociaux
participant au Forum Social Mondial ainsi que ceux qui n’ont pas pu être
présents à Porto Alegre, à travailler ensemble une campagne pour
l’ANNULATION IMMEDIATE ET INCONDITIONNELLE DE LA DETTE externe et
illégitime des pays du Sud, en commençant par les pays victimes du
tsunami, et d’autres qui ont souffert de terribles catastrophes et
crises au cours des derniers mois.
Nous appuyons les Mouvements Sociaux du Sud qui se déclarent créditeurs
des dettes historiques, sociales et écologiques. Nous exigeons la
reconnaissance internationale de ces dettes pour en stopper
l’augmentation, et la restauration de nos écosystèmes et l’indemnisation
des peuples. Nous exigeons l’arrêt de l’exécution de projets et « 
d’accords d’intégration » qui facilitent le pillage des ressources
naturelles dans les pays du Sud.
Nous appuyons l’exigence des Mouvements Sociaux de paysans et pêcheurs
des régions affectées par le tsunami, afin que les ressources pour
l’urgence et la réhabilitation soient administrées directement par les
communautés locales, et ainsi éviter de nouvelles dettes, colonisation
et militarisation.

2. Deux ans après l’invasion de l’Irak, l’opposition globale à la guerre
est plus forte que jamais. Pour le mouvement contre la guerre il est
temps d’augmenter les actions et de ne pas reculer.
Nous exigeons la fin de l’occupation de l’Irak. Nous exigeons que les
Etats-Unis en finissent avec les menaces à l’encontre de l’Iran, du
Venezuela et d’autres pays. Nous nous engageons à établir davantage de
contacts avec les forces anti-occupation en Irak et au Moyen-Orient.
Nous renforcerons nos campagnes contre les transnationales impliquées
dans l’occupation, nous soutenons les militaires qui refusent de
participer à la guerre, et nous défendons les activistes poursuivis pour
être contre la guerre.
Nous appelons les mouvements sociaux à se mobiliser le 19 mars lors
d’une grande journée d’action globale, pour exiger le retrait des
troupes d’occupation en Irak. Plus de guerres !

3. Nous appuyons toutes les campagnes pour le désarmement et la
démilitarisation, y compris la campagne contre les bases militaires des
Etats-Unis dans le monde, les campagnes de désarmement nucléaire, pour
le contrôle du commerce des armes et pour la réduction des dépenses
militaires.

4. Sous le prétexte du « Libre Echange », le capitalisme néolibéral avance
en affaiblissant les Etats, en dérégulant les économies et en « 
légalisant » des privilèges pour les corporations transnationales grâce
aux Traités de Libre Echange (TLB). Après l’échec de la ZLEA, grâce à la
pression populaire, on oblige aujourd’hui l’Amérique centrale et
d’autres pays à se soumettre à des Traités de Libre Echange bilatéraux,
que nous, les peuples, nous rejetons. En Europe, la directive Bolkestein
de l’Union Européenne veut imposer la privatisation complète des
services publics. Dans ce contexte, nous appelons à ce que toutes et
tous se mobilisent pendant les Journées d’Action Globale, du 10 au 17
avril ; au Sommet des Peuples des Amériques, à Mar de Plata, en
Argentine, en novembre 2005, et face à la VIe réunion ministérielle de
l’Organisation Mondiale du Commerce, à Hong Kong, en Décembre 2005.

5. Nous soutenons la Marche Mondiale des Femmes, qui lance une nouvelle
campagne d’actions féministes globales. De São Paulo le 8 mars au 17
octobre au Burkina Faso, il s’agit de réaffirmer notre engagement dans
la lutte contre le néolibéralisme, le patriarcat, l’exclusion et la
domination. Nous appelons tous les mouvements sociaux à mettre en place
durant cette période des actions féministes contre le libre-échange, le
trafic sexuel, la militarisation et pour la souveraineté alimentaire.

6. Nous appuyons les efforts des mouvements sociaux et organisations qui
promeuvent la lutte pour la dignité, la justice, l’égalité et les droits
humains, particulièrement les Dalits, les Afro-descendants, les peuples
indigènes, les Roms, les Burakumins et les secteurs les plus opprimés et
réprimés de la société.

7. Nous appelons à la mobilisation de masse contre le sommet du G8 en
Ecosse du 2 au 8 juillet. Nous irons dans les rues et nous particerons
au contre-somment à Edinburg et Gloneagles. Nous exigeons que : la
pauvreté passe à l’histoire, que la guerre s’arrête, que la dette soit
annulée et que soit imposé un impôt global sur les transactions
financières pour financer le développement.

8. Nous protestons contre les politiques néolibérales et les appuis
militaires de l’Union Européenne vers l’Amérique latine. Nous convoquons
à une mobilisation pour la solidarité entre les peuples à l’occasion du
Sommet des Présidents d’Amérique latine et de l’Union Européenne en Mai
2006 à Vienne, en Autriche.

9. Nous luttons pour le droit universel à une alimentation saine et
suffisante. Nous luttons pour le droit des peuples, des nations et des
paysans à produire leurs propres aliments. Nous nous manifestons contre
les aides à l’exportation qui ruinent les économies des communautés
rurales. Evitons le dumping alimentaire.
Nous rejetons tous les aliments transgéniques, car outre le fait de
mettre en danger notre santé et notre environnement, ils sont
l’instrument pour le contrôle des marchés par cinq entreprises
transnationales. Nous rejetons les brevets sur toute forme de vivant, en
particulier sur les semences, car les breveter c’est aussi prétendre
s’approprier nos ressources et le savoir qui y est associé.
Nous exigeons la Réforme Agraire comme stratégie qui permette de
garantir l’accès des paysans à la terre, et qui soit la garantie d’une
alimentation saine et suffisante, et non que la terre soit concentrée
entre les mains de transnationales et de latifundistas.
Nous exigeons la fin des actions contre les paysans dans le monde
entier, la libération immédiate des paysans et prisonniers politiques
qui existent de par le monde, et l’arrêt de la militarisation des zones
rurales.
Nous appuyons la production durable basée sur la préservation des
ressources naturelles : sol, eau, forêt, air, biodiversité, ressources
aquatiques, etc. Nous appuyons la promotion de la production biologique
et agro-écologique.
Nous appelons à la mobilisation le 17 avril, journée mondiale des luttes
paysannes, et le jour anniversaire de la mort de Lee, le 10 septembre,
contre l’OMC.

10. Nous appuyons les campagnes et les luttes en défense de l’eau comme
bien commun public, contre sa privatisation et pour la reconnaissance de
l’accès à l’eau comme un droit humain, telle que la campagne ’Non à la
Suez en Amérique latine’. Nous invitons à participer au Forum
International du 18 au 20 mars à Genève.

11. Nous partageons l’exigence de construir une alliance entre
mouvements sociaux et réseaux pour un "Contrat Mondial pour le climat :
un monde solaire est possible". L’énergie est un droit à la vie et un
bien commun. La lutte contre la pauvreté et le changement climatique
exige que l’énergie durable soit dans les priorités des initiatives et
campagnes du mouvement social. Nous appuyons la marche internationale
sur le climat en novembre.

12. La « Responsabilité Sociale des Transnationales » n’est pas parvenue à
éliminer les abus et les crimes des transnationales. C’est pourquoi elle
doit être sérieusement mise à l’épreuve. Les mouvements travaillent
ensemble pour retirer du pouvoir aux transnationales, stopper leurs abus
et leurs crimes. Les communautés doivent être libres pour se protéger
elles-mêmes, leur environnement et la société de la domination des
transnationales.

13. Nous appuyons les campagnes contre les transnationales qui violent
les droits humains, sociaux et syndicaux, telles que celles contre
Nestlé et Coca Cola en Colombie, Pepsi et Coca Cola en Inde.

14. Nous appuyons la lutte du peuple palestinien pour ses droits
fondamentaux et nationaux, y compris le droit au retour, basés sur le
droit international et les résolutions de l’ONU.

15. Nous demandons à la communauté internationale et aux gouvernements
d’imposer des sanctions politiques et économiques à Israël, y compris
l’embargo sur les armes. Nous appelons les mouvements sociaux à se
mobiliser également pour les désinvestissements et les boycotts. Ces
efforts ont pour objectif de faire pression sur Israël pour qu’elle
applique les résolutions internationales et respecte l’avis de la Cour
internationale de Justice de stopper la construction et détruire le mur
illégal de l’apartheid et en finir avec l’occupation.

16. Nous appuyons les activistes israéliens qui luttent pour la paix, et
les refusniks dans leur lutte contre l’occupation.

17. Nous condamnons le blocus injuste contre Cuba et demandons un
jugement juste pour les cinq cubains emprisonnés aux Etats-Unis. De
même, nous exigeons le retrait immédiat des troupes militaires
étrangères en Haïti.

18. Nous reconnaissons la diversité de choix sexuel comme une expression
d’un monde alternatif, et nous en condamnons la marchandisation. Les
mouvements sociaux s’engagent à partager la lutte contre les exclusions
pour des raisons d’identité, de genre et d’homophobie. Nous joindrons
nos voix contre toutes les formes de marchandisation du corps, des
femmes et des personnes GLBT.

19. Nous appuyons le processus de construction d’un réseau global de
mouvements sociaux engagés dans la défense des migrants, des réfugiés et
déplacés. Le néolibéralisme et les politiques de "guerre contre la
terreur" ont conduit à l’augmentation de la criminalisation des
migrants, de la militarisation des frontières, du nombre de clandestins,
et de la disponibilité d’une main d’œuvre bon marché. Nous appuyons la
campagne pour la ratification de la Convention des Nations Unies pour
les droits des migrants, qu’aucun gouvernement du Nord ne veut accepter.
Nous appuyons la campagne pour l’établissement d’un organisme
indépendant qui sanctionne les gouvernements ne respectant pas la
Convention de Genève pour les réfugiés et les droits des migrants et
migrantes.

20. Nous appuyons les campagnes et les luttes pour les droits des
enfants, contre l’exploitation par le travail et sexuelle, contre le
trafic d’enfants et le tourisme sexuel.

21. Nous appuyons l’appel des exclus, des sans-voix, pour développer une
campagne de solidarité active et impulser une marche mondiale où les
opprimé(e)s et les exclu(e)s élèvent leur voix pour conquérir le droit à
une vie digne.

22. Du 14 au 16 septembre, à l’Assemblée Générale de l’ONU, les chefs de
gouvernements du monde entier ont pris des décisions sur la réforme des
Nations Unies, et ont révisé leurs engagements pour éradiquer la
pauvreté. Ce sont eux les principaux responsables de la situation
critique actuelle de l’humanité. Nous appuyons l’appel de réseaux
internationaux qui invitent à se mobiliser de façon globale le 10
septembre pour un nouvel ordre mondial démocratique, contre la pauvreté
et la guerre.

23. Nous appuyons l’appel pour une mobilisation le 17 novembre, jour
international des étudiants, en défense de l’éducation publique, contre
la privatisation et la transnationalisation de l’éducation.

24. En solidarité avec le Venezuela, la jeunesse du monde est appelée à
participer au 16e festival mondial de la jeunesse et des étudiants au
Venezuela, du 7 au 15 aôut.

25. La communication est un droit humain fondamental. Nous appuyons
l’appel pour les mobilisations dans le cadre du Sommet Mondial de la
Société de la Communication, à Tunis, du 16 au 18 novembre. Nous
appuyons l’appel à une forte convention internationale sur la Diversité
Culturelle, et nous nous opposons à la marchandisation de l’information
et de la communication par l’OMC.

26. Nous appuyons l’économie sociale comme expression concrète d’une
alternative de développement juste, solidaire, démocratique et équitable.

27. En défense de la santé publique et contre sa privatisation, nous
appelons tous les peuples du monde à une lutte permanente. Nous appelons
à la mobilisation dans le cadre de l’Assemblée Générale en Défense de la
Santé des Peuples, à Cuenca, Pérou, en 2005, et dans le cadre du Forum
Mondial de la Santé, lors du Forum Social Mondial en Afrique en 2007.

GLOBALISONS LA LUTTE, GLOBALISONS L’ESPOIR !

movsoc chez uol.com.br / www.movsoc.org


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