Bonjour à toutes et à tous,
Juste pour vous donner un bref aperçu du Forum Social du Togo qui s’est
déroulé les 17 et 18 décembre passé en attendant le rapport général du
Forum qui est en train d’être finalisé sous la direction de Nouroudine, le
président d’Attac Togo.
La plus grosse déception du forum est la mobilisation. Avec tout le
travail de communication fait autour et malgré la forte implication des
différents faitières, des organisations de jeunes, de femmes,
environnementales... le forum a connu la participation d’un peu de plus de
cent militant-e-s. Le rapport reviendra largement sur les difficultés de
mobilisation mais de mon point de vue le vrai problème a été la
mobilisation étudiante. Le forum commencait le jour ou est tombé la
première tranche des aides universitaires allouées par l’Etat. Beaucoup
d’étudiants ont donc pris d’assaut les banques pour toucher leur « Z » comme
on l’appelle sur le campus. « Primo vivare deinde philosophare... »
Au delà de ce bémol, le forum fut un vrai succès au niveau des débats, des
activités, des intervenants, de l’implication de plus d’une trentaine
d’organisations, de la participation et de la couverture médiatique.
Le niveau des débats a été salué à l’unanimité. Il y a quelques temps
encore au Togo on ne pouvait s’attendre à des débats aussi intenses et
contradictoires dans un esprit de partage et de convivialité. Dès la
conférence d’ouverture devant porter sur le bilan social de 50 ans
d’indépendance du Togo, les deux intervenants, l’historien Assimah Kpatcha
et le juriste du CACIT André Afanou, ont été remarquables et ont tenu en
haleine pendant près de trois heures un public critique captivé qui ne
tarissait pas de questions. Les deux intervenants avaient des bilans
opposés, ce qui a fortement enrichi le débat à la satisfaction générale.
Cela a permis de démarrer le forum et les ateliers ont également permis de
continuer sur cette lancée.
11 ateliers sur les douze prévus ont pu se dérouler normalement avec en
moyenne entre 15 et 30 participants suivant les ateliers. Le dernier
atelier que j’ai animé et qui portait sur le Jeu du Sudestan a même connu
plus de 40 participants, essentiellement des curieux, car l’atelier se
faisait sous les arbres. Beaucoup étaient surpris de découvrir un jeu
aussi vivant et qui permet de se cultiver autant. On a même eu la surprise
d’avoir un fonctionnaire du Ministère des finances qui y a assisté et a
fait un débat dans le debriefing final avec nous sur l’initiative PPTE
PPTE
Pays pauvres très endettés
L’initiative PPTE, mise en place en 1996 et renforcée en septembre 1999, est destinée à alléger la dette des pays très pauvres et très endettés, avec le modeste objectif de la rendre juste soutenable.
Elle se déroule en plusieurs étapes particulièrement exigeantes et complexes.
Tout d’abord, le pays doit mener pendant trois ans des politiques économiques approuvées par le FMI et la Banque mondiale, sous forme de programmes d’ajustement structurel. Il continue alors à recevoir l’aide classique de tous les bailleurs de fonds concernés. Pendant ce temps, il doit adopter un document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), parfois juste sous une forme intérimaire. À la fin de ces trois années, arrive le point de décision : le FMI analyse le caractère soutenable ou non de l’endettement du pays candidat. Si la valeur nette du ratio stock de la dette extérieure / exportations est supérieure à 150 % après application des mécanismes traditionnels d’allégement de la dette, le pays peut être déclaré éligible. Cependant, les pays à niveau d’exportations élevé (ratio exportations/PIB supérieur à 30 %) sont pénalisés par le choix de ce critère, et on privilégie alors leurs recettes budgétaires plutôt que leurs exportations. Donc si leur endettement est manifestement très élevé malgré un bon recouvrement de l’impôt (recettes budgétaires supérieures à 15 % du PIB, afin d’éviter tout laxisme dans ce domaine), l’objectif retenu est un ratio valeur nette du stock de la dette / recettes budgétaires supérieur à 250 %. Si le pays est déclaré admissible, il bénéficie de premiers allégements de son service de la dette et doit poursuivre avec les politiques agréées par le FMI et la Banque mondiale. La durée de cette période varie entre un et trois ans, selon la vitesse de mise en œuvre des réformes clés convenues au point de décision. À l’issue, arrive le point d’achèvement. L’allégement de la dette devient alors acquis pour le pays.
Le coût de cette initiative est estimé par le FMI en 2019 à 76,2 milliards de dollars, soit environ 2,54 % de la dette extérieure publique du Tiers Monde actuelle. Les PPTE sont au nombre de 39 seulement, dont 33 en Afrique subsaharienne, auxquels il convient d’ajouter l’Afghanistan, la Bolivie, le Guyana, Haïti, le Honduras et le Nicaragua. Au 31 mars 2006, 29 pays avaient atteint le point de décision, et seulement 18 étaient parvenus au point d’achèvement. Au 30 juin 2020, 36 pays ont atteint le point d’achèvement. La Somalie a atteint le point de décision en 2020. L’Érythrée et le Soudan n’ont pas encore atteint le point de décision.
Alors qu’elle devait régler définitivement le problème de la dette de ces 39 pays, cette initiative a tourné au fiasco : leur dette extérieure publique est passée de 126 à 133 milliards de dollars, soit une augmentation de 5,5 % entre 1996 et 2003.
Devant ce constat, le sommet du G8 de 2005 a décidé un allégement supplémentaire, appelée IADM (Initiative d’allégement de la dette multilatérale), concernant une partie de la dette multilatérale des pays parvenus au point de décision, c’est-à-dire des pays ayant soumis leur économie aux volontés des créanciers. Les 43,3 milliards de dollars annulés via l’IADM pèsent bien peu au regard de la dette extérieure publique de 209,8 milliards de dollars ces 39 pays au 31 décembre 2018.
.
Il a quand même reconnu « les énormes sacrifices » que le Togo a dû faire
pour atteindre l’initiatve PPTE. Le Togo vient d’atteindre le point
d’achèvement et dans les médias actuellement à Lomé on ne fait que chanter
cela. Nous sommes largement revenus sur cela lors du forum.
Nous avons eu à intervenir dans trois ateliers lors du forum. A part
l’atelier sur le Sudestan, nous sommes également intervenus sur la
question du changement climatique, de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
écologique et de la justice
sociale en collaboration avec l’ONG Jeunes Volontaires pour
l’Environnement. On est revenu sur les négociations de Cancun et la
question de la responsabilité historique du Nord et du système
capitaliste.
Le second atelier dans lequel nous sommes intervenus portait sur la
migration et la célébration des vingt ans de la convention sur le droit
des travailleurs migrants. Nous avons animé cet atelier en collaboration
avec l’association togolaise des expulsés qui ont porté un témoignage sur
la situation des migrants togolais en Allemagne. Nous avons eu également
la surprise, dans cet atelier, d’acueillir des invités de la diaspora
togolaise et sénégalaise vivant en France de passage au Togo pour une
activité avec l’association AFEL. Nos frères de la diaspora ont eu
également à apporter leur contribution au débat dans cet atelier. Cet
atelier a connu également la participation d’invités du Niger et du Bénin
qui sont revenus sur la question de la libre circulation dans l’espace
CEDEAO. Les débats ont porté sur les droits des migrants et la question de
la réciprocité des politiques sur les visas. Cet atelier nous a permis
d’animer pour la première fois au Togo, le jeu¨« Parcours de Migrants ».
Nous avons assisté à l’atelier sur le genre, animé par le GF2D, la plus
grosse structure féministe du Togo. L’atelier a essentiellement porté sur
la question de la responsabilisation sociale des femmes.
Quelques échos reçus de l’atelier sur l’efficacité de l’aide nous ont fait
savoir que le rôle des ONG et leur corruption de plus en plus marquée ont
été très critiqués. L’atelier sur l’accaparement des Terres a également
mis le doigts sur le laisser-aller général dans l’acquisition des terres
et le fait que des villages entiers sont en train de disparaitre au Togo à
cause de ce phénomène. L’acquisition massive des terres au Togo est
surtout le fait pour le moment d’entrepreneurs privés nationaux et de
membres du gouvernement. Enfin, l’atelier sur le SIDA a été un des ateliers
les plus réussis.
Rendez-vous est donné pour l’année prochaine, mais à l’heure du bilan,
pour cette première édition, c’est la satisfaction. La mobilisation des
mouvements sociaux togolais pour le FSM de Dakar et les caravanes a été
lancée. Dans la soirée de samedi un échange par skype a eu lieu entre dix
jeunes ayant participé au Forum social du Togo et le comité
d’organisation de « Dakar Etendu » au Sénégal.
Dernier bémol, ce premier forum a connu un déficit de 600 euros qu’Attac
Togo a dû éponger. Le cap est mis sur la deuxième édition du Forum Social
des Scolaires et Universitaires que les clubs Attac des établissements
scolaires organisent les 28 et 29 décembre prochain.
La lutte continue... hasta la victoria siempre.
Samir Abi - Attac/Cadtm Togo
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