Evénement : « Une autre vérité sur la Grèce »

3 février 2016 par Rémi Vilain


Fin 2009-début 2010, c’est officiel, c’est la crise de la dette en Grèce !
« Fraudeurs », « corrompus », « assistés », « dépensiers », « fainéants », tels sont les motifs invoqués par les gouvernants européens et les grands médias pour justifier cette situation. 5 années et 3 memoranda imposés par la Troïka plus tard, qu’en est-il réellement ? Si les mesures d’austérité continuent de déferler aujourd’hui sur toute la Grèce, la crise économique, elle, s’enracine, et s’accompagne d’une crise humanitaire, au nom d’une dette largement illégitime, illégale, odieuse et insoutenable !



Depuis 2010, afin d’officiellement résoudre le problème de la crise de la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
grecque, trois « plans de sauvetage » - d’une valeur totale de plus de 320 milliards d’euros - ont été imposés par les institutions (FMI FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.

À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).

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, BCE BCE
Banque centrale européenne
La Banque centrale européenne est une institution européenne basée à Francfort, créée en 1998. Les pays de la zone euro lui ont transféré leurs compétences en matières monétaires et son rôle officiel est d’assurer la stabilité des prix (lutter contre l’inflation) dans la dite zone.
Ses trois organes de décision (le conseil des gouverneurs, le directoire et le conseil général) sont tous composés de gouverneurs de banques centrales des pays membres et/ou de spécialistes « reconnus ». Ses statuts la veulent « indépendante » politiquement mais elle est directement influencée par le monde financier.
, Commission européenne). Force est de constater que cinq années plus tard, cela n’a rien arrangé à la situation économique de la Grèce puisque le ratio dette/PIB PIB
Produit intérieur brut
Le PIB traduit la richesse totale produite sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées.
Le Produit intérieur brut est un agrégat économique qui mesure la production totale sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées. Cette mesure est notoirement incomplète ; elle ne tient pas compte, par exemple, de toutes les activités qui ne font pas l’objet d’un échange marchand. On appelle croissance économique la variation du PIB d’une période à l’autre.
a totalement explosé, passant de 113% en 2010 à bientôt 200% en 2016, en parallèle d’une réduction de plus de 25% du PIB.

Pire encore, ces trois protocoles d’accord (« Memorandum of Understanding » -MoU) n’ont aucune légitimité. Pour commencer, le premier MoU de mai 2010 - d’un montant de 110 milliards d’euros - est illégal, puisqu’il n’a jamais été approuvé ni signé par le Parlement grec. Par ailleurs, tout comme pour le second MoU de février 2012 – d’une valeur de 130 milliards d’euros - il s’agissait avant tout de sauver les banques privées étrangères exposées aux obligations Obligations
Obligation
Part d’un emprunt émis par une société ou une collectivité publique. Le détenteur de l’obligation, l’obligataire, a droit à un intérêt et au remboursement du montant souscrit. L’obligation est souvent l’objet de négociations sur le marché secondaire.
d’États grecques – en particulier les banques françaises et allemandes - et d’autre part, de limiter les pertes du secteur financier [1]. En définitive, loin d’apporter les solutions avancées, les deux premiers memoranda ont réussi le tour de force de transformer une dette essentiellement privée, en une dette publique que la population grecque est désormais contrainte à supporter [2].

Le dernier mémorandum, qui s’élève à 86 milliards d’euros reflète lui la détermination de l’Eurogroupe à faire plier toute tentative d’application de mesures alternatives à la déferlante néolibérale qui s’abat sur l’ensemble des pays européens. Après plus de 6 mois de négociations vaines, marquées par le sceau du chantage et des menaces de Grexit de la part de Jean-Claude Trichet, Christine Lagarde, Jeroen Dijsselbloem et consorts, Alexis Tsipras désavoue la population grecque le 13 juillet 2015 et signe cet accord, qu’il considère pourtant comme le pire des trois.

Entachés d’innombrables irrégularités (violations de mandats, violations de traités internationaux, violations de la constitution grecque [3], violations des droits de l’Homme [4], chantages et pressions, insoutenabilité, etc.), ces soi-disant « plans de sauvetage » piétinent la souveraineté du gouvernement et du peuple grec sur leur propre sol, en leur imposant des politiques d’austérité inhumaines [5]. Aux privatisations des services publics de distribution, qui ont amené 300.000 foyers à être coupés de l’électricité du jour au lendemain, s’ajoutent une grande braderie du patrimoine public à travers le TAIPED, des licenciements abusifs de fonctionnaires, des fermetures massives d’hôpitaux et d’écoles, autant d’éléments qui intensifient la récession Récession Croissance négative de l’activité économique dans un pays ou une branche pendant au moins deux trimestres consécutifs. économique tout en aggravant toujours plus la crise humanitaire que la Grèce subit.

Pour faire la lumière sur cette situation aussi insupportable qu’illicite, Zoé Konstantoupoulou, ex-présidente du Parlement grec, a lancé en mars 2015 [6] la Commission d’audit pour la vérité sur la dette grecque, avec pour coordinateur scientifique Eric Toussaint, porte-parole du CADTM International.

Alors que les résultats des rapports de la Commission d’audit sont sans équivoque quant à l’illégalité, l’illégitimité et l’insoutenabilité de la dette grecque [7], Zoé Konstantopoulou et Eric Toussaint révéleront « Une autre vérité sur la Grèce », ce mercredi 2 mars 2016 à 19h30, à la Salle Grand Physique de l’Université de Liège. (Prix Libre)

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